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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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prisonnier avant d’accepter de m’occuper de son affaire.
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    Un jour, pendant l ’ été 1965, nous avons découvert de la graisse qui brillait sur notre bouillie du petit déjeuner et, le soir, des morceaux de pain avec notre gruau. Le lendemain, certains ont reçu des chemises neuves. Les gardes de la carrière et les gardiens de notre section nous ont semblé un peu plus polis. Nous restions méfiants   ; en prison, aucune amélioration n ’ a lieu sans raison. Le lendemain, on nous a informés que des représentants de la Croix-Rouge internationale arriveraient le jour suivant.
    C’était l’occasion que nous attendions. La Croix-Rouge était responsable et indépendante, un organisme international auquel les puissances occidentales et les Nations unies accordaient une grande attention. Les autorités de la prison la respectaient, c’est-à-dire qu’elles la craignaient. Le service des prisons se méfiait de toutes les organisations susceptibles de toucher l’opinion mondiale et il ne les considérait pas comme des enquêteurs légitimes avec lesquels il fallait jouer franc jeu mais comme des intrus qui se mêlaient de ce qui ne les regardait pas. L’objectif principal des autorités consistait à éviter les condamnations internationales.
    A cette époque, la Croix-Rouge internationale était la seule organisation qui écoutait nos plaintes et qui y répondait. Cela était vital car les autorités nous ignoraient. Les règlements stipulaient qu ’ elles devaient nous permettre d ’ accéder à une procédure officielle pour faire connaître nos revendications. Elles le faisaient, mais uniquement de façon formelle. Chaque samedi matin, le gardien-chef venait dans notre section et criait   : «  Klagtes and Versoekes   ! Klagtes and Versoekes   !   » (Plaintes et demandes   ! Plaintes et demandes   !). Ceux qui avaient une « Klagte   » et une « Versoeke   » –  à peu près personne  – s ’ alignaient. L ’ un après l ’ autre, ils se plaignaient de la nourriture, ou des vêtements ou des visites. Devant chacun, le gardien-chef hochait la tête et disait simplement   : «  Ja, ja   », puis « Au suivant   ! ». Il ne notait même pas ce que nous disions. Si nous tentions de parler de nos organisations, il hurlait   : « Pas d ’ ANC ni de PAC ici   ! Verstaan   ?   » (Compris   ?)
     
    Peu de temps avant la visite de la Croix-Rouge, nous avions soumis une liste de réclamations au commissaire des prisons. A ce moment-là, nous n’avions le droit d’avoir du papier et un crayon que pour écrire des lettres. Nous nous étions consultés secrètement à la carrière et aux lavabos et nous avions établi une liste. Nous l’avions soumise à notre gardien-chef qui avait refusé de la prendre en nous accusant d’avoir violé le règlement en la rédigeant. Une de nos plaintes à la Croix-Rouge serait que les autorités n’écoutaient pas nos plaintes.
    Le jour de la visite, on m’a accompagné au bureau du directeur pour que je rencontre le représentant de la Croix-Rouge. Cette année-là et les deux années suivantes, ce fut un certain Mr. Senn, ancien directeur de prison dans sa Suède natale qui avait émigré en Rhodésie. C’était un homme calme, un peu inquiet, dans la cinquantaine et qui n’avait pas l’air à l’aise dans ce décor.
    La rencontre n’était pas surveillée, ce qui faisait une énorme différence. Il me demanda quelles étaient nos plaintes et nos revendications et m’écouta attentivement en prenant beaucoup de notes. Il se montra extrêmement poli et me remercia pour ce que je lui avais dit. Mais même ainsi, cette première visite resta très tendue. Aucun de nous deux ne savait quoi attendre de l’autre.
    Je me plaignis violemment des vêtements, en lui affirmant que nous refusions de porter des shorts et que nous voulions des vêtements corrects, y compris des chaussettes et des sous-vêtements qu’on ne nous donnait pas alors. Je fis la liste de nos doléances concernant la nourriture, les visites, les lettres, les études, l’exercice physique, le travail forcé et le comportement des gardiens. Je présentai quelques revendications que les autorités n’accepteraient jamais, comme notre désir d’être transférés dans une prison plus proche de chez nous.
    Ensuite, Mr. Senn rencontra le commissaire des prisons et son équipe tandis que j’attendais. Je supposais qu’il allait transmettre nos demandes aux

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