Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
adresser une requête au ministre de la Justice, vous n ’ obtiendrez pas de réponse. Si vous allez voir le commissaire des prisons, il vous dira   : « Désolé, c ’ est contre le règlement. » Le directeur ajoutera   : « Si je vous donne une couverture de plus, il faudra que j ’ en donne à tout le monde. » Mais si vous êtes en bons termes avec le gardien de votre couloir, il ira simplement en chercher une à la réserve sur votre demande.
    J’ai toujours essayé d’être correct avec les gardiens de ma section   ; l’hostilité était destructrice. Il n’y avait aucune raison d’avoir un ennemi permanent parmi eux. La politique de l’ANC consistait à éduquer tout le monde, même nos ennemis   : nous pensions que tous les hommes étaient susceptibles de changer et nous faisions tout notre possible pour les faire basculer.
    En général nous nous conduisions avec les gardiens comme ils se conduisaient avec nous. Si l’un d’eux était gentil, nous l’étions aussi. Tous n’étaient pas des ogres. Dès le début, nous avons remarqué qu’il y en avait qui croyaient en l’équité. Cependant, devenir l’ami d’un gardien n’était pas chose facile car en général ils trouvaient répugnant de se conduire poliment avec un Noir. Comme il était utile d’avoir des gardiens bien disposés à notre égard, je demandais souvent à des prisonniers de prendre l’initiative avec certains d’entre eux bien choisis. Personne n’aimait se charger d’une telle tâche.
    A la carrière, nous en avions un qui semblait particulièrement hostile à notre égard. C’était ennuyeux parce que nous parlions, et un gardien qui nous empêchait de le faire devenait un obstacle majeur. J’ai demandé à un camarade de devenir son ami pour qu’il nous laisse discuter. Malgré sa brutalité, le gardien a bientôt commencé à se montrer plus gentil avec ce prisonnier en particulier. Un jour, il lui a demandé sa veste pour la poser sur l’herbe et s’asseoir dessus. Je savais que ça déplaisait au camarade, mais je lui ai fait signe d’accepter.
    Quelques jours plus tard, nous déjeunions sous le hangar quand le gardien est passé. Il avait un sandwich de trop qu’il a jeté sur l’herbe en disant   : « Tenez. » C’était sa façon de manifester son amitié.
    Cela nous posait un problème. D’un côté, il nous traitait comme des animaux à qui il jetait de la nourriture et je sentais que prendre le sandwich remettait en cause notre dignité. D’un autre côté, nous avions faim, et refuser entièrement son cadeau humilierait le gardien qui essayait d’être aimable. Je voyais bien que le prisonnier avait envie de sandwich et je lui ai fait signe de le prendre.
    Cette stratégie a fonctionné, car le gardien nous a moins surveillés. Il a commencé à nous poser des questions sur l’ANC. Par définition, si un homme travaillait dans l’administration pénitentiaire, la propagande gouvernementale lui avait lavé le cerveau. Il avait dû croire que nous étions des terroristes et des communistes et que nous voulions rejeter les Blancs à la mer. Mais quand nous lui avons calmement expliqué notre refus du racisme, notre lutte pour l’égalité des droits et nos projets de redistribution de la richesse, il s’est gratté la tête et a dit   : « Ça a l’air vachement plus sensé que les nats   ! »
     
    Avoir des gardiens bien disposés facilitait une de nos tâches les plus vitales sur Robben Island   : la communication. Nous considérions de notre devoir de rester en contact avec nos hommes enfermés avec les droit commun en F et en G. En tant que politiques, nous tentions de renforcer notre organisation en prison comme nous l’avions fait à l’extérieur. La communication était essentielle si nous devions coordonner nos revendications et nos plaintes. A cause du plus grand nombre de prisonniers qui entraient et sortaient en section générale, les hommes en F et en G avaient souvent des informations récentes non seulement sur ce qui se passait dans le mouvement, mais aussi sur nos amis et nos familles.
    La communication entre les sections constituait une grave violation des règlements. Nous trouvions quantité de moyens efficaces pour contourner l’interdiction. Les hommes qui venaient nous apporter les fûts de nourriture appartenaient à la section générale et dans les premiers mois, nous avons réussi à avoir des conversations à voix basse dans lesquelles nous

Weitere Kostenlose Bücher