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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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faisions passer de brefs messages. Nous avons formé un comité clandestin chargé de la communication, composé de Kathy, Mac Maharaj, Laloo Chiba et plusieurs autres   ; leur travail consistait à mettre au point ces techniques.
    Une des premières fut inventée par Kathy et Mac, qui avaient remarqué que sur le chemin de la clairière les gardiens jetaient souvent des boîtes d’allumettes vides. Ils commencèrent à les collectionner et Mac eut l’idée de fabriquer un double fond à une boîte pour y placer un message écrit très petit. Laloo Chiba, qui avait fait un apprentissage de tailleur, recopiait des messages codés avec une écriture minuscule pour les placer dans la boîte. Joe Gqabi, un autre soldat de MK qui se trouvait avec nous, transportait les boîtes d’allumettes à la carrière et les laissait tomber à un croisement stratégique où nous savions que passaient les prisonniers de la section générale. On expliqua le plan dans des conversations chuchotées lors de la livraison des repas. Des prisonniers de F et de G désignés à l’avance ramassaient les boîtes et nous avions les réponses par le même moyen. C’était loin d’être parfait et quelque chose d’aussi banal que la pluie pouvait tout faire échouer. Bientôt, nous avons mis au point des méthodes plus efficaces.
    Nous guettions les moments d’inattention des gardiens, en général pendant et après les repas. Nous nous servions nous-mêmes à manger et nous avons imaginé que des camarades de la section générale qui travaillaient aux cuisines placeraient des lettres et des notes enveloppées dans du plastique au fond des fûts de nourriture. Nous adresserions les réponses de la même façon, en enveloppant des notes dans le morceau de plastique et en les dissimulant en bas des piles d’assiettes qu’on rapportait aux cuisines. Nous nous efforcions à ce que ce soit bien sale en étalant de la nourriture sur les assiettes. Les gardiens se plaignaient du désordre mais ils n’ont jamais pensé à aller voir de plus près.
    Les toilettes et les douches étaient contiguës à la section d’isolement, à laquelle étaient souvent condamnés des prisonniers de la section générale qui utilisaient les mêmes toilettes que nous, mais à des heures différentes. Mac mit au point une méthode pour envelopper des notes dans des morceaux de plastique qu’il fixait sous le rebord de la cuvette des toilettes. Nous encouragions nos camarades de la section générale à se faire condamner à l’isolement afin qu’ils puissent trouver nos messages et envoyer des réponses. Les gardiens n’ont jamais regardé à cet endroit.
    Afin que les autorités ne puissent pas comprendre nos notes si elles les trouvaient, nous utilisions des méthodes qui ne permettaient pas qu’on voie ou qu’on déchiffre facilement l’écriture. L’une d’elles consistait à écrire avec du lait. Le lait séchait presque immédiatement et le papier semblait vierge. Mais quand on étalait sur le lait séché un peu du désinfectant qu’on nous donnait pour nettoyer nos cellules, l’écriture réapparaissait. Malheureusement, on ne nous donnait pas de lait de façon régulière. Mais quand on diagnostiqua un ulcère chez l’un d’entre nous, nous avons utilisé son lait.
    Une autre technique consistait à utiliser une écriture minuscule et codée sur du papier hygiénique. Ce papier était si fin et si facile à dissimuler que c’est devenu une façon courante de faire passer des messages. Quand les autorités découvrirent un certain nombre de ceux-ci, elles prirent des mesures extraordinaires de rationnement du papier toilettes. A ce moment-là, Govan était malade et n’allait pas à la carrière et on lui donna comme tâche de compter huit feuilles de papier pour chaque prisonnier par jour.
    Mais de toutes ces méthodes ingénieuses, l’une des plus efficaces était aussi la plus simple   : se faire envoyer à l’hôpital de la prison. Il y avait un hôpital sur l’île et, quand nous nous y trouvions, il était difficile de nous séparer des autres prisonniers. Parfois des hommes venant de sections différentes partageaient la même salle, et des prisonniers de la section B et d’autres de F ou de G étaient mélangés et pouvaient échanger des informations sur les organisations politiques, sur les grèves et sur toutes les questions de la prison.
    Nous réussissions à communiquer avec l’extérieur de deux façons   : par des

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