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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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gardiens et un médecin sont arrivés. Ce dernier m’a examiné et un des gardiens m’a demandé de m’habiller. « Nous vous emmenons à l’hôpital au Cap   », m’a-t-il dit. La sécurité était renforcée   ; nous sommes partis avec un convoi de voitures et de véhicules militaires, accompagnés d’une bonne dizaine de gardiens.
     
    On m’a conduit au Tygerberg Hospital, sur le campus de l’université de Stellenbosch, dans une région riche et verdoyante du Cap. Comme je l’ai découvert plus tard, les autorités avaient failli choisir des locaux différents parce qu’elles craignaient que je n’attire la sympathie dans un hôpital universitaire. Les gardiens sont entrés les premiers pour évacuer le hall. Ensuite, ils m’ont escorté jusqu’à un étage entièrement vide dans l’entrée duquel se tenaient une douzaine de gardes en armes.
    Alors que j’étais assis sur une table dans la salle d’auscultation, un jeune médecin très aimable, professeur à la faculté de médecine, m’a examiné. Il a regardé ma gorge, m’a tapé sur la poitrine, et a déclaré que j’allais très bien. « Vous êtes en parfaite santé, a-t-il déclaré avec un sourire. Nous devrions pouvoir vous libérer demain. » J’avais eu peur de ne plus pouvoir continuer les discussions avec le gouvernement, aussi accueillis-je son diagnostic avec soulagement.
    Après l’examen, le médecin m’a demandé si je voulais du thé. J’ai accepté et quelques minutes plus tard, une infirmière métisse, grande et jeune, est entrée avec un plateau. La présence de tous ces gardes et gardiens en armes lui a fait tellement peur qu’elle a laissé tomber son plateau sur mon lit, en renversant le thé, avant de s’enfuir.
     
    J’ai passé la nuit dans une pièce vide, sous haute surveillance. Le lendemain, avant même le petit déjeuner, j’ai d’abord reçu la visite d’un médecin plus âgé, qui était le directeur de l’internat. C’était un homme très sérieux avec un comportement beaucoup moins agréable que le jeune médecin de la veille. Sans préliminaires, il m’a tapé brutalement sur la poitrine et m’a dit d’un ton bourru   : « Vous avez de l’eau dans le poumon. » Je lui ai répondu que le médecin qui m’avait ausculté la veille m’avait trouvé en parfaite santé. Un peu ennuyé, il m’a dit   : « Mandela, regardez votre poitrine. » Il m’a montré qu’un côté était plus gros que l’autre et il m’a dit qu’il était sans doute plein d’eau.
    Il a demandé à une infirmière de lui apporter une seringue et sans plus de façons il me l’a enfoncée dans la poitrine et a ressorti un liquide brunâtre. « Vous avez pris un petit déjeuner   ? m’a-t-il demandé. —  Non, ai-je répondu. — Très bien, nous allons vous emmener tout de suite au bloc opératoire. » Il m’a dit que j’avais une grande quantité d’eau dans le poumon et qu’il voulait me l’enlever immédiatement.
    En salle d’opération, on m’a anesthésié, et la première chose dont je me souviens ensuite, c’est de m’être réveillé dans une chambre avec le médecin à côté de moi. Je me sentais un peu faible mais je me suis concentré sur ce qu’il disait   : il m’avait enlevé deux litres d’eau de la poitrine et en analysant le liquide on y avait trouvé le bacille de la tuberculose. Il me dit que la maladie en était au tout premier stade et que le poumon n’avait pas été touché. Alors qu’il fallait normalement six mois pour soigner une tuberculose déclarée, deux mois suffiraient à ma guérison. Le docteur reconnut que l’humidité de ma cellule était peut-être à l’origine de ma maladie.
     
    J’ai passé les six mois suivants au Tygerberg Hospital, où l’on me soignait et où je me remettais. En décembre, on m’a conduit à la clinique de Constantiaberge, un établissement luxueux près de Pollsmoor qui n’avait jamais accueilli de patient noir. Le matin où je suis arrivé, j’ai reçu la visite de Kobie Coetsee, accompagné du général Marais, un commandant adjoint chargé de veiller sur moi. Nous venions de nous saluer quand un infirmier m’a apporté mon petit déjeuner.
    A cause de ma récente maladie et de mes problèmes de tension artérielle, on m’avait mis à un régime sévère anticholestérol. Apparemment, la consigne n’était pas encore arrivée jusqu’à la cuisine de la clinique, car le plateau contenait des œufs

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