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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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sceptique   ; pourtant il a réussi à m’en trouver, me l’a préparé et cela m’a beaucoup plu. Mais Mr. Swart n’en supportait pas le goût et il m’a juré que, si j’en voulais de nouveau, je n’aurais qu’à me le préparer moi-même.
     
    Je ne buvais pas, mais je voulais être un hôte convenable et servir du vin à mes invités. Parfois j’en prenais une gorgée pour que tout le monde soit à l’aise, mais je ne digérais qu’un vin sud-africain demi-sec qui était en réalité très doux.
    Avant l’arrivée de mes invités, je demandais à Mr. Swart un vin de Nederburg. Un jour, j’attendais mes avocats et amis Dullah Omar, George Bizos et Ismail Ayob, et j’ai demandé à Mr. Swart d’acheter du Nederburg, car George Bizos, qui n’était pas musulman, buvait du vin à table. J’ai remarqué qu’il faisait la grimace et je lui ai demandé ce qui n’allait pas.
    « Mr. Mandela, m’a-t-il répondu, je vous achète toujours ce vin-là parce que vous me le demandez, mais c’est un vin bon marché et pas excellent. » Je lui ai rappelé qu’il n’aimait pas les vins secs et j’étais sûr que George ne verrait pas la différence. Mr. Swart a souri et m’a proposé un compromis   : il achèterait deux bouteilles, un vin sec et mon Nederburg, puis il demanderait à George lequel il préférait. « D’accord, ai-je dit, faisons l’expérience. »
    Quand nous avons été installés tous les quatre, Swart est arrivé en tenant les deux bouteilles et a demandé à George   : « Lequel préférez-vous, monsieur   ? » Sans même me regarder, George a montré le vin sec. L’adjudant Swart s’est contenté de sourire.
    96
    Les réunions du comité secret se poursuivaient et nous butions constamment sur ces questions qui depuis toujours nous avaient empêchés d ’ avancer   : la lutte armée, le Parti communiste et le gouvernement de la majorité. J ’ insistais toujours auprès de Coetsee pour obtenir une rencontre avec P.W. Botha. A cette époque, les autorités me permettaient d ’ avoir des communications rudimentaires avec mes camarades à Pollsmoor et à Robben Island, ainsi qu ’ avec l ’ ANC à Lusaka. Sachant que j ’ étais en avance sur mes camarades, je ne voulais pas aller trop vite et me retrouver seul.
    En janvier 1989, j’ai reçu la visite de mes quatre camarades de Pollsmoor et nous avons discuté du mémorandum que j’avais l’intention d’adresser au président. J’y rappelais les points importants soulevés dans les discussions du comité secret, mais je voulais être sûr que le président les entende exprimés directement par moi. Il verrait que nous n’étions pas des terroristes fanatiques mais des hommes raisonnables.
    Dans le mémorandum que j’envoyai en mars à Mr. Botha, j’écrivais   : « Comme tant d’autres Sud-Africains, je suis effrayé par le spectre d’une Afrique du Sud divisée en deux camps hostiles  – les Noirs d’un côté… les Blancs de l’autre, se massacrant mutuellement. » Pour prévenir cela et préparer le terrain à des négociations, je lui proposais d’aborder les trois demandes faites par le gouvernement à l’ANC comme un préalable aux négociations   : renoncer à la violence, rompre avec le Parti communiste et abandonner le principe d’un gouvernement majoritaire.
    Sur le premier point, j’écrivais que le refus de l’ANC de renoncer à la violence n’était pas le problème. « La vérité, c’est que le gouvernement n’est pas encore prêt à partager le pouvoir avec les Noirs. » J’expliquais notre refus de rejeter le Parti communiste et je réaffirmais que nous n’étions pas sous son contrôle. « Quel homme d’honneur, écrivais-je, fuirait un ami de toujours à la demande de leur adversaire commun en conservant une quelconque crédibilité aux yeux des siens   ? » Je disais que le rejet de la loi de la majorité par le gouvernement n’était qu’une pauvre tentative pour conserver le pouvoir. Je lui suggérais de voir la réalité en face   : « Le gouvernement de la majorité et la paix intérieure sont comme les deux faces d’une même pièce et l’Afrique du Sud blanche doit simplement accepter l’idée qu’il n’y aura jamais ni paix ni stabilité dans ce pays tant que ce principe ne sera pas pleinement appliqué. »
    A la fin de la lettre, je lui proposais un cadre très général pour les négociations.
     
    Deux questions essentielles devront être

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