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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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direction pour le Transvaal décida que l ’ ANC devait se retirer. Je pensais pour ma part que l ’ ANC ne devait participer qu ’ aux campagnes qu ’ il dirigeait. Ce qui m ’ intéressait, c ’ était de savoir qui en tirait le bénéfice et non si la campagne réussissait.
    Après le retrait de l ’ ANC, Ramohanoe, le président de l ’ ANC pour la région du Transvaal, a publié un communiqué de presse appelant tous les Africains de la province à participer à la campagne « le Droit de vote pour tous   », en contradiction évidente avec la décision de la direction. Il s ’ agissait d ’ un acte de désobéissance que le Comité ne pouvait tolérer. A une conférence convoquée pour résoudre ce conflit, on m ’ a demandé de présenter une motion de défiance contre Ramohanoe à cause de son acte de désobéissance. J ’ étais profondément partagé entre le devoir et la loyauté personnelle, entre mes obligations envers l ’ organisation et mes obligations envers mon ami. Je savais que j ’ allais condamner l ’ action d ’ un homme dont je n ’ avais jamais mis en doute l ’ intégrité ni l ’ attachement à la cause, un homme dont les sacrifices dans la lutte de libération étaient bien supérieurs aux miens. Je savais que l ’ action à laquelle il avait appelé était noble   : il croyait que les Africains devaient aider leurs frères indiens.
    Mais la désobéissance de Ramohanoe était trop grave. Si une organisation comme l ’ ANC est constituée d ’ individus, elle est plus importante que chacune de ses parties, et la loyauté envers l ’ organisation passe avant la loyauté envers un individu. J ’ ai accepté de mener l ’ attaque et j ’ ai présenté la motion qui le condamnait, qu ’ Oliver Tambo a soutenue. Cela a déclenché un tumulte invraisemblable et des batailles oratoires entre ceux qui soutenaient le président et ceux qui étaient du côté de la direction. La réunion s ’ est achevée dans le désordre.
    13
    Les Africains n ’ avaient pas le droit de vote mais cela ne voulait pas dire qu ’ on ne s ’ intéressait pas au vainqueur. Les élections générales blanches de 1948 opposaient l ’ United Party alors au pouvoir, dirigé par le général Smuts, à ce moment-là au sommet de sa reconnaissance internationale, au nouveau National Party. Si Smuts avait engagé l ’ Afrique du Sud du côté des Alliés dans la Seconde Guerre mondiale, le Parti national avait refusé de soutenir la Grande-Bretagne et avait publiquement sympathisé avec l ’ Allemagne nazie. La campagne du Parti national se concentra sur le «  Swart Gevaar   » (le péril noir), avec comme slogans   : «  Die kaffer op sy plek   » (le nègre à sa place), et «  Die koelies vit die land   » (les coolies à la porte) –  coolie étant le terme méprisant pour désigner les Indiens.
    Les nationalistes, dirigés par le Dr. Daniel Malan, un ancien pasteur de l ’ Eglise réformée hollandaise et ancien directeur de journal, formaient un parti animé par l ’ amertume – amertume envers les Anglais qui, pendant des décennies, les avaient traités comme des inférieurs, et amertume envers les Africains car les nationalistes croyaient qu ’ ils menaçaient la prospérité et la pureté de la culture afrikaner. Les Africains n ’ éprouvaient aucune loyauté envers le général Smuts mais encore moins envers le Parti national.
    La plate-forme de Malan était connue sous le nom d ’ apartheid. Il s ’ agissait d ’ un terme nouveau mais d ’ une vieille idée. Mot à mot, cela signifie « séparation   » et le terme représentait la codification dans un système oppressif de toutes les lois et de tous les règlements qui avaient maintenu les Africains dans une position inférieure aux Blancs pendant des siècles. Ce qui était plus ou moins de facto allait devenir de jure. La ségrégation pratiquée au hasard au cours des trois derniers siècles allait être consolidée dans un système monolithique, diabolique dans le détail, inéluctable dans son objectif et écrasant dans son pouvoir. Le point de départ de l ’ apartheid affirmait que les Blancs étaient supérieurs aux Noirs, aux métis et aux Indiens et sa fonction consistait à fixer pour toujours la suprématie blanche. Comme disaient les nationalistes   : «  Die Wit man moet altyd baas wees   » (l ’ homme blanc doit toujours rester le maître). Leur plate-forme reposait sur un seul terme

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