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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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été qu ’ un bref répit dans mes activités. On lui avait donné les noms de Sefako Mapogo Makgatho, second président de l ’ ANC, de 1917 à 1924, et de Lewanika, un chef zambien. Makgatho, fils d ’ un chef pedi, avait conduit des volontaires pour défier la barrière des couleurs qui interdisait aux Africains de marcher sur les trottoirs de Pretoria, et son nom représentait pour moi l ’ emblème du courage indomptable.
    Un jour, à cette époque, ma femme m ’ informa que mon fils aîné, Thembi, lui avait demandé   : « Où est-ce qu ’ il habite, papa   ? » Je rentrais tard le soir à la maison, quand il dormait déjà depuis longtemps, et je partais très tôt le matin avant qu ’ il se réveille. Je n ’ aimais pas être privé de la compagnie de mes enfants. Ils me manquaient déjà beaucoup, à une époque où je n ’ imaginais pas que je passerais de longues décennies loin d ’ eux.
     
    Je savais beaucoup plus contre quoi je me battais que pour quoi. Ma longue opposition au communisme cédait. Moses Kotane, le secrétaire général du Parti communiste et membre du Comité de direction de l ’ ANC, venait souvent chez moi et nous parlions toute la nuit. Kotane, fils de fermiers du Transvaal, était un autodidacte avec une pensée claire. « Nelson, me disait-il, qu ’ est-ce que tu as contre nous   ? Nous combattons tous le même ennemi. Nous ne parlons pas de dominer l ’ ANC   ; nous travaillons dans le contexte du nationalisme africain. » A la fin, je n ’ avais plus de réponses satisfaisantes à opposer à ses arguments.
    A cause de mon amitié avec Kotane, Ismail Meer et Ruth First, et des sacrifices que je les voyais faire, je commençais à trouver de plus en plus difficile de justifier mes préjugés contre le Parti communiste. A l ’ intérieur de l ’ ANC, des membres du Parti communiste comme J.B. Marks, Edwin Mofusanyana, Dan Tloome, David Bopape parmi d ’ autres, étaient dévoués et travailleurs et on ne pouvait rien leur reprocher en tant que combattants de la liberté. Le Dr. Dadoo, un des chefs de la résistance en 1946, était un marxiste bien connu et son rôle comme combattant pour les droits de l ’ homme en avait fait un héros pour tous les groupes. Je ne pouvais pas mettre en cause, et je ne l ’ ai plus fait, la bonne foi de telles femmes et de tels hommes.
    Si je ne pouvais plus douter de leur sincérité, je pouvais toujours m ’ interroger sur les fondements philosophiques et pratiques du marxisme. Mais je n ’ en connaissais pas grand-chose et, dans les discussions politiques avec mes amis communistes, j ’ étais handicapé par mon ignorance. J ’ ai décidé d ’ y porter remède.
    J ’ ai acheté les œuvres complètes de Marx et d ’ Engels, de Lénine, de Staline, de Mao Zedong et d ’ autres, et j ’ ai exploré la philosophie du matérialisme historique et dialectique. J ’ avais peu de temps pour étudier correctement. Le Manifeste du Parti communiste m ’ a stimulé mais le Capital m ’ a épuisé. Pourtant, l ’ idée d ’ une société sans classes m ’ attirait beaucoup, une société qui, dans mon esprit, pouvait se comparer à la société traditionnelle africaine avec une vie commune, fondée sur le partage. J ’ étais d ’ accord avec le principe de base de Marx, qui avait la simplicité et la générosité de la règle d ’ or   : « De chacun selon ses capacités   ; à chacun selon ses besoins. »
    Le matérialisme dialectique semblait offrir à la fois un projecteur qui illuminait la nuit obscure de l ’ oppression raciale et un outil qu ’ on pouvait utiliser pour y mettre fin. Cela m ’ aidait à voir la situation autrement qu ’ à travers le prisme des relations entre Noirs et Blancs car, si notre lutte devait triompher, nous aurions à dépasser cette différence. J ’ étais attiré par les fondements scientifiques du matérialisme dialectique car j ’ ai toujours eu tendance à faire confiance aux choses que je pouvais vérifier. Les analyses matérialistes de l ’ économie me semblaient sonner vrai. L ’ idée que la valeur des marchandises était basée sur la quantité de travail incorporée me semblait particulièrement appropriée à l ’ Afrique du Sud. La classe dirigeante payait à l ’ ouvrier africain un salaire de subsistance et ajoutait une valeur au prix des marchandises qu ’ elle gardait.
    L ’ appel du marxisme à l ’ action révolutionnaire était comme une

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