Un long chemin vers la liberte
musique aux oreilles d ’ un combattant de la liberté. L ’ idée que l ’ histoire progresse à travers les luttes et que le changement intervient dans les ruptures révolutionnaires me semblait tout aussi séduisante. En lisant des œuvres marxistes, je trouvais quantité d ’ informations qui portaient sur le genre de problèmes que rencontre celui qui fait de la politique. Les marxistes avaient prêté une grande attention aux mouvements de libération nationale et l ’ Union soviétique en particulier soutenait les luttes nationales de beaucoup de peuples colonisés. C ’ est une autre raison qui m ’ a amené à réviser l ’ idée que je me faisais des communistes et à accepter la position de l ’ ANC, qui accueillait des marxistes dans ses rangs.
Une fois, un ami m ’ a demandé pourquoi je ne conciliais pas ma foi dans le nationalisme africain avec une adhésion au matérialisme dialectique. Pour moi, il n ’ y avait pas de contradiction. J ’ étais d ’ abord et avant tout un nationaliste africain qui luttait pour notre émancipation contre un gouvernement minoritaire et pour le droit de contrôler notre propre destin. Mais en même temps, l ’ Afrique du Sud et le continent africain faisaient partie d ’ un monde plus vaste. Nos problèmes, tout en étant distincts et spécifiques, n ’ étaient pas entièrement uniques, et une philosophie qui plaçait ces problèmes dans le contexte international et historique était valable. J ’ étais prêt à utiliser n ’ importe quel moyen pour accélérer la suppression des préjugés et la fin du nationalisme chauvin et violent. Je n ’ avais pas besoin de devenir communiste pour travailler avec eux. Je trouvais que le nationalisme africain et le communisme africain avaient bien plus de choses qui les unissaient que de choses qui les divisaient. Les cyniques suggéraient toujours que les communistes nous utilisaient. Mais qui peut dire que nous n ’ utilisions pas les communistes ?
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Si nous avions quelques espoirs ou quelques illusions sur le Parti national avant qu ’ il accède au pouvoir, nous avons été rapidement détrompés. La menace qu ’ ils proféraient de remettre le kaffir à sa place n ’ était pas vaine. En plus de celle sur l ’ interdiction du communisme, les deux autres lois qui furent votées en 1950, la Population and Registration Act et le Group Areas Act, formaient la pierre angulaire de l ’ apartheid. Comme je l ’ ai déjà mentionné, la Population and Registration Act autorisait le gouvernement à classifier tout Sud-Africain en fonction de sa race. Si ça n ’ était pas déjà le cas, la race est devenue l ’ élément essentiel de la société sud-africaine. Les épreuves arbitraires et absurdes pour distinguer le Noir du métis ou le métis de l ’ Indien ont souvent eu des résultats tragiques, et des membres de la même famille se retrouvaient dans des classifications différentes, selon qu ’ un enfant avait une peau plus claire ou plus foncée. Le fait que l ’ un d ’ eux avait le droit de vivre et de travailler dépendait de distinctions absurdes comme des cheveux frisés ou l ’ épaisseur des lèvres.
La Group Areas Act constituait la base de l ’ apartheid résidentiel. D ’ après cette loi, chaque groupe racial ne pouvait posséder de la terre, occuper des locaux et avoir une activité que dans une zone séparée. Par conséquent, les Indiens ne pouvaient vivre que dans des zones réservées aux Indiens, les Africains dans des zones africaines et les métis dans des zones réservées aux métis. Si des Blancs voulaient le terrain ou les maisons d ’ autres groupes, il leur suffisait de déclarer la zone blanche et d ’ en prendre possession. La Group Areas Act a ouvert l ’ ère des déplacements forcés, quand les communautés africaines, des villes et des villages situés dans des zones urbaines considérées comme « blanches », ont été violemment déplacées parce que les propriétaires blancs voisins ne voulaient pas que les Africains vivent à côté d ’ eux ou parce qu ’ ils voulaient simplement prendre leur terre.
En haut de la liste des déplacements forcés, il y eut Sophiatown, une communauté très vivante de 50 000 personnes, un des plus anciens quartiers noirs de Johannesburg. Malgré sa pauvreté, Sophiatown débordait d ’ une vie très riche et donnait naissance à beaucoup de choses nouvelles et de valeurs dans la vie et la culture
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