Un mois en Afrique
tirailleurs.
Lorsque M. le commandant Bonaparte m'a rendu compte des difficultés qu'il éprouvait à continuer son opération, je suis part de la tranchée à la tête d'une troupe de soutien et après avoir reçu son rapport verbal, je vous ai fait demander un bataillon de renfort.
M. le commandant Bourtaki, du bataillon de tirailleurs de Constantine, est arrivé sans délai ; une de ses compagnies a pris part au feu de la première ligne ; le reste a été, sous vos yeux, placé en réserve, et lorsque les Arabes ont eu abandonné leur position pour rentrer à Lichana, nous avons effectué notre retraite, qui a été terminée à midi et effectuée avec le plus grand ordre, sans opposition de l'ennemi.
Le mouvement a été facilité par votre ordre par le feu de deux obusiers amenés sur place par M. le colonel Pariset en personne.
La disposition prise par vous (en faisant coopérer la colonne de M. le colonel de Barral au mouvement de la journée) a été des plus utiles. Les troupes, sous les ordres directs de leur chef qui ne s'est pas épargné dans cette journée et que j'ai vu partout où il y avait du danger, ont empêché le commandant Bonaparte d'être débordé sur sa gauche, et lui ont permis de conserver, aussi longtemps que vous l'avez voulu, des positions aussi difficiles.
Pendant ce temps-là, la sape de droite, gardée dans la tranchée par une compagnie de voltigeurs du 38e, a été vivement assaillie par un nouveau contingent arrivé dans Zaatcha pendant le combat.
Les voltigeurs, avec sang-froid et énergie, ont attendu les Arabes à bout portant ; ils en ont tué cinq et ont mis le reste en fuite.
La conduite des troupes a été admirable de dévouement et d'énergie, aujourd'hui comme toujours, et elle continue à leur mériter l'estime et la reconnaissance de la France et de son président.
Veuillez agréer, mon général, l'hommage de mon respectueux dévouement.
Le colonel du 2e régiment de la Légion étrangère, commandant
la subdivision de Batna, faisant fonctions de général de tranchée,
Signé : CARBUCCIA.
N° 6.—Ordre du général Herbillon.
Ordre.
M. le commandant Pierre Bonaparte, chef de bataillon hors cadre, se rendra immédiatement à Alger, auprès de M. le gouverneur général, pour remplir une mission concernant l'expédition de Zaatcha.
Camp de Zaatcha, le 29 octobre 1849.
Le général de brigade, commandant la
division de Constantine,
HERBILLON.
N° 7.—Lettre à la Patrie.
Paris, 18 novembre 1849.
Monsieur le Rédacteur,
Les commentaires plus ou moins injustes ou malveillants que mon retour d'Afrique inspire à quelques journaux m'engagent à vous prier d'insérer ce qui suit :
Sans parler des convois que j'ai escortés à travers les partis ennemis, je n'ai quitté le camp de Zaatcha, où je suis resté huit jours, qu'après avoir commandé l'attaque du 25 octobre, et avoir été de tranchée le 24, le 25, le 28 et le 29.
Le général Herbillon ayant décidé qu'on ne donnerait plus d'assaut, et qu'on attendrait des renforts pour investir la place, et la réduire par le feu de l'artillerie, l'adoption de ce plan prolongeait les opérations bien au-delà du terme que, même avant mon départ de Paris, j'avais fixé pour ma rentrée à l'Assemblée nationale. Comme représentant du Peuple, j'étais seul juge de l'opportunité de mon retour à mon poste, et je ne dois, à cet égard, aucun compte à personne. Les phases politiques qui viennent de s'accomplir prouvent que je n'avais pas trop mal jugé de cette opportunité.
Au surplus, j'avais tout lieu d'être mécontent de la position que l'absence complète de tout ordre convenable m'avait faite en Afrique. Je n'ai d'ailleurs quitté Zaatcha qu'avec l'ordre formel du général Herbillon de me rendre auprès du gouverneur général, pour presser l'arrivée des renforts qu'il attendait, et c'est parce que je les ai rencontrés en route que je suis revenu directement de Philippeville, au lieu de passer par Alger.
Veuillez agréer, je vous prie, Monsieur le Rédacteur, l'expression de mes sentiments affectueux et distingués.
P.-N. BONAPARTE,
Représentant du Peuple.
N° 8.—Lettre du général Bertrand, et décret du Président de la République.
(Ministère de la Guerre.)
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
LIBERTÉ, EGALITÉ, FRATERNITÉ.
Paris, le 19 novembre 1849, à 9 heures du soir.
Monsieur le Représentant,
Par ordre du Ministre de la guerre, j'ai l'honneur de vous transmettre la copie d'un décret du Président de
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