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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Pour les miracles, adressez-vous au saint.
    — Autrement dit, tu ne garantis pas le succès.
    — Seul Dieu est tout-puissant. Les hommes, eux, ne peuvent
qu’espérer le meilleur en faisant tout ce qui est en leur pouvoir. Mais je peux
affirmer que si ses blessures ne sont pas soignées, votre père mourra.
    — Mais Joseph et Godwyn ont lu les livres des anciens
médecins et philosophes.
    — Et moi, sur les champs de bataille, j’ai vu des gens
mourir et d’autres recouvrer la santé. À vous de décider en qui placer votre
confiance. »
    William se tourna vers son épouse. Philippa répondit :
« Laissez le barbier faire ce qui est en son pouvoir et priez saint
Adolphe de guider sa main. »
    William hocha la tête. « C’est bon, dit-il à Matthieu.
Tu peux commencer.
    — Je veux qu’on étende le comte sur une table près
d’une fenêtre, ordonna Matthieu sur un ton sans appel. Pour que la lumière
éclaire ses blessures. »
    William claqua des doigts à l’adresse de deux novices.
« Exécutez tout ce que cet homme vous demandera, commanda-t-il.
    — J’ai seulement besoin d’un bol de vin chaud »,
indiqua Matthieu.
    Les moines allèrent chercher des tréteaux à l’hospice et
dressèrent une table sous la grande rosace du transept sud. Deux écuyers y
déposèrent le comte Roland.
    « Tournez-le sur le ventre, s’il vous plaît », dit
Matthieu.
    Ils obtempérèrent.
    Le barbier avait avec lui une sacoche de cuir contenant les
instruments nécessaires à l’exercice de sa profession. Il commença par en
sortir une petite paire de ciseaux. Se penchant au-dessus de la tête du comte,
il entreprit de couper les cheveux tout autour de la blessure. Le comte avait
une épaisse chevelure noire et bouclée. Matthieu trancha les mèches poisseuses
de sang et les jeta au loin. Elles atterrirent sur le sol. Dégagée, la blessure
apparut clairement aux yeux de l’assistance.
    C’est à ce moment-là que frère Godwyn revint avec la châsse
d’or et d’ivoire contenant les reliques de saint Adolphe : son crâne
ainsi que les os d’un bras et d’une main. À la vue de Matthieu penché sur le
comte Roland, l’indignation le saisit. « Que fait cet homme
ici ? »
    Le barbier releva les yeux. « Si vous placez les
saintes reliques sur le dos du comte, le plus près possible de sa tête, je
crois que saint Adolphe donnera à ma main la fermeté indispensable. »
    Godwyn hésita, manifestement irrité de recevoir des
instructions d’un simple barbier.
    Le seigneur William commanda : « Faites comme il
l’ordonne, mon frère, ou je pourrais vous tenir rigueur de la mort de mon
père. »
    Godwyn s’obstina. Au lieu d’obéir, il alla en référer à
Carlus l’aveugle qui se tenait à quelques pas de là. « Frère Carlus,
chuchota-t-il, le seigneur William exige...
    — J’ai entendu ! le coupa le sous-prieur. Vous
feriez bien d’accéder à ses désirs. »
    Godwyn ne s’attendait pas à cette réponse, et l’on put lire
sur ses traits qu’il était vexé. Ce fut avec un dégoût manifeste qu’il déposa
son saint fardeau sur le large dos du comte Roland.
    Armé d’une petite paire de pinces, Matthieu saisit
délicatement un morceau d’os par le bord qui en était visible et le souleva
sans effleurer la matière grise située dessous. L’os se détacha immédiatement
de la tête, avec la peau et les cheveux. Matthieu le déposa avec soin dans le
bol de vin chaud. Il réitéra la procédure avec deux fragments plus petits.
Caris le regardait agir, subjuguée par son talent.
    Les bruits de la nef – les gémissements des blessés et les
sanglots des survivants – semblaient soudain plus lointains. La petite
assistance réunie autour de la table où le comte gisait sans connaissance
observait les gestes du barbier dans le plus grand silence.
    À présent, Matthieu s’attachait à décoller les morceaux qui
tenaient encore au crâne. Chaque fois, il commençait par couper les cheveux et
par nettoyer soigneusement l’endroit avec un tampon de tissu imbibé de vin.
Puis, saisissant l’os entre les deux extrémités de son instrument, il le
replaçait dans la position qu’il estimait avoir été la sienne avant l’accident.
    Si grande était la tension de Caris, qu’elle pouvait à peine
respirer. De toute sa vie, elle n’avait éprouvé pareille admiration pour
quelqu’un. Matthieu le Barbier agissait avec un courage, une compétence et une
confiance

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