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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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côté. Revenus se placer
à la proue, ils se penchèrent pour attraper la planche sous laquelle se
trouvait Merthin. Celui-ci semblait avoir des difficultés à libérer
Anthony ; son vêtement devait s’être pris à un amas de traverses et de
tronçons de bois.
    Sur le rivage, Godwyn regardait la scène en rageant de son
impuissance face à la lenteur du sauvetage. S’adressant à deux hommes près de
lui, il commanda : « Courez au prieuré. Que deux moines viennent ici
avec une civière. Dites-leur que c’est sur ordre de frère Godwyn. » Les
deux hommes montèrent les marches menant au mur d’enceinte du prieuré.
    Enfin Merthin parvint à extirper de l’épave le corps inanimé
du père prieur. L’ayant tiré jusqu’à lui, il aida ses deux compagnons à le
soulever et à le déposer dans la barque. Puis il grimpa à son tour dans
l’embarcation et la ramena au rivage à la perche.
    Des spectateurs s’offrirent pour aider à sortir Anthony du
bateau et à l’étendre sur la civière apportée par des moines. Godwyn examina le
prieur rapidement : il respirait, mais son pouls était faible et il
perdait son sang. Ses yeux étaient fermés et son visage d’une pâleur sinistre.
À première vue, ses blessures à la tête et à la poitrine étaient superficielles,
en revanche il avait certainement le bassin broyé.
    Les moines l’emportèrent. Godwyn ouvrait la voie. Ayant
traversé le pré, il entra dans la cathédrale. « Faites place ! »
cria-t-il en remontant la nef. Il pénétra dans le chœur, la partie la plus sainte
de l’église. Là, il ordonna aux moines d’étendre le père supérieur devant le
grand autel. Sous sa longue robe détrempée qui collait à son corps, ses hanches
et ses jambes étaient si tordues qu’elles ne ressemblaient plus à celles d’un
être humain.
    En un instant, tous les moines se réunirent autour du corps
inanimé de leur prieur. Godwyn alla chercher le reliquaire resté auprès du
comte Roland et l’installa aux pieds du prieur. Frère Joseph joignit les mains
d’Anthony sur sa poitrine et plaça entre ses doigts un crucifix orné de pierres
précieuses.
    Mère Cécilia vint s’agenouiller auprès du blessé. Après
avoir épongé son visage à l’aide d’un tissu imbibé d’un produit calmant, elle
dit à frère Joseph : « Je crois qu’il souffre de nombreuses
fractures. Voulez-vous que Matthieu le Barbier l’ausculte ? »
    Joseph secoua la tête sans mot dire.
    Sa réponse réjouit Godwyn. Par sa seule présence, le barbier
aurait souillé ce lieu saint. Mieux valait laisser à Dieu le soin de conclure.
    Frère Carlus effectua les derniers rites et entonna un
cantique que les moines reprirent en chœur.
    Godwyn ne savait plus où placer ses espoirs. Depuis quelques
années, il attendait avec impatience le moment où Anthony céderait sa place à
la tête du prieuré. Mais au cours de cette dernière heure lui était apparue la
perspective d’une direction bicéphale, sous l’égide conjointe de frère Carlus
et de frère Siméon, partisans l’un et l’autre des méthodes d’Anthony, et il
s’inquiétait que ses projets de réforme ne voient jamais le jour.
    Soudain, au premier rang de la foule qui avait envahi le
chœur, il remarqua Matthieu le Barbier fixant le prieur d’un œil scrutateur
par-dessus les épaules des moines. Indigné, Godwyn allait lui ordonner de
quitter ce lieu sacré entre tous quand il le vit hocher la tête d’une façon
presque imperceptible et s’éloigner de lui-même.
    Anthony ouvrit les yeux.
    « Dieu soit loué ! » s’écria frère Joseph.
    Le prieur, semblait-il, voulait s’exprimer. Mère Cécilia, à
genoux près de lui, se tendit vers son visage pour entendre ses paroles. Au
grand dam de Godwyn, trop éloigné pour entendre, les lèvres d’Anthony se mirent
à remuer pour s’immobiliser au bout d’un moment.
    « Est-ce la vérité ? » s’exclama mère
Cécilia. Elle était manifestement bouleversée par la révélation qui venait de
lui être faite.
    Tout le monde la regarda fixement. Godwyn demanda :
    « Qu’a-t-il dit, mère Cécilia ? »
    Elle ne répondit pas.
    Les yeux d’Anthony se fermèrent. Ses traits se modifièrent
d’une façon très subtile. Son corps se figea.
    Godwyn se pencha sur lui : le prieur ne respirait
plus. Il posa la main sur son cœur et ne sentit aucun battement. Il saisit son
poignet pour vérifier le pouls. Rien.
    Se redressant, il déclara :

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