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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’un pont ont tendance à
s’écarter, comme vos pieds. Ce qui fait subir à l’ouvrage une contrainte
semblable à celle que vous ressentez en ce moment à hauteur de l’aine. »
Merthin se redressa et vint placer son pied tout contre la chausse en cuir
souple de Guillaume. « Maintenant que votre pied est immobilisé, ça vous
tire moins à l’aine, n’est-ce pas ?
    — Oui.
    — Eh bien, la butée produit le même effet que mon pied.
    Elle maintient l’ouvrage en place et le soulage d’une partie
de la contrainte.
    — Très intéressant », convint Guillaume
pensivement tout en reprenant une position normale. Il devait se dire que
Merthin n’était pas un homme à sous-estimer, supposa Caris.
    « Je vais vous faire visiter le chantier. »
    L’île avait bien changé au cours des six derniers mois. Sauf
les lapins, que les gens refusaient toujours de manger, tout ce qui évoquait
l’ancienne colonie de lépreux avait disparu. La plus grande partie de cette
terre rocheuse était occupée aujourd’hui par des matériaux rangés en piles bien
ordonnées, pierres, poutres, cordages enroulés et barils de chaux. Une forge
avait été montée où l’on réparait les vieux outils et où l’on en fabriquait de
neufs, et des habitations construites pour les maçons. Il y avait aussi la
nouvelle maison de Merthin, petite mais de proportions admirables et bâtie avec
soin. Charpentiers, tailleurs de pierre et commis affectés à la préparation du
mortier travaillaient d’arrache-pied pour que les ouvriers juchés sur
l’échafaudage ne manquent pas de matériaux.
    « Il Y a plus de travailleurs que d’habitude, on
dirait, souffla Caris à l’oreille de Merthin.
    — Je les ai répartis dans les endroits les plus
visibles, répondit-il tout bas, avec un sourire. Je veux qu’en voyant la
vitesse à laquelle nous travaillons, les visiteurs repartent de Kingsbridge
convaincus que la ville aura son pont l’année prochaine. »
    À l’ouest, tout au bout de l’île, loin des ponts jumeaux,
des négociants de Kingsbridge avaient aménagé des sites de stockage et des
entrepôts sur des parcelles que leur louait Merthin à un prix bien inférieur à
celui pratiqué en ville. Le jeune homme gagnait déjà beaucoup plus que la somme
symbolique qu’il payait chaque année pour son bail.
    Il voyait beaucoup Élisabeth Leclerc, la seule femme de
Kingsbridge, en dehors de Caris, à pouvoir lui en remontrer sur le plan de
l’intelligence. Elle possédait une petite malle de livres hérités de son père,
l’évêque, et Merthin venait souvent le soir les lire chez elle. Y avait-il
autre chose entre eux, Caris n’aurait pu le dire, mais elle n’aimait pas cette
Élisabeth et la traitait de chienne frigide.
    La visite du chantier terminée, Edmond rentra en ville avec
Guillaume. Caris, restée sur l’île, s’entretint avec Merthin. « C’est un
gros client ? s’enquit-il en regardant le radeau s’éloigner.
    — Nous lui avons vendu seulement deux sacs de laine de
qualité inférieure, et à un prix bien moindre que celui auquel nous les avions
achetés. » Un sac correspondait à trois cent soixante-quatre livres de
laine, lavée et séchée. Cette année, la laine de qualité inférieure se vendait
au prix de trente-six shillings le sac, celle de qualité supérieure pour le
double environ.
    « Pourquoi ?
    — Quand les cours chutent, mieux vaut avoir de l’argent
sonnant et trébuchant plutôt que de la marchandise en réserve.
    — Vous vous attendiez forcément à ce que la foire soit mauvaise,
non.
    — Oui, mais pas à ce point-là.
    — Ça m’étonne. Dans le passé, ton père a toujours eu un
flair inouï. »
    Caris marqua une hésitation. « La demande était faible,
et puis, sans ce pont...» En vérité, elle s’était elle-même étonnée de voir son
père acheter autant de marchandise qu’à l’accoutumée, car il aurait pu réduire
les risques avec un stock moins important.
    « J’imagine que vous vendrez vos surplus à la foire de
Shiring, dit Merthin.
    — C’est ce que voudrait le comte Roland, que tous les
marchands d’ici se transportent à Shiring. L’ennui, c’est que nous n’avons pas
l’habitude de commercer là-bas. Les marchands du cru ramasseront les meilleurs
clients, comme ici, chez nous. Trois ou quatre marchands, dont mon père,
raflent les meilleures affaires et ne laissent que des rogatons aux marchands
moins prestigieux ou qui ne sont

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