Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
naturel, il
vous en coûtait deux fois plus. Pierre le Teinturier vendait sa bure bleue,
jaune ou rose vingt-quatre pennies l’aune, et il n’y avait pas de quoi
s’extasier sur l’éclat de ses couleurs.
    Elle se tournait vers son père pour lui faire part de son
idée quand un événement la força au silence.
    *
    Cette visite à la foire rappelait à Ralph sa déconvenue de
l’an passé et il porta la main à son nez déformé. Comment cela s’était-il
produit, déjà ? Ah oui, tout avait commencé par des taquineries sans
méchanceté sur la personne d’une paysanne, Annet, puis s’était poursuivi avec
la leçon qu’il avait infligée à son imbécile d’amoureux. Mais finalement
l’affaire s’était soldée pour lui par une humiliation.
    Tout en marchant vers l’étal de Perkin, il se consola en se
remémorant ses derniers succès : comment il avait sauvé le comte Roland de
la noyade après l’effondrement du pont ; comment il s’était gagné sa
confiance en se comportant valeureusement à la carrière ; comment enfin il
avait été fait seigneur, même si son fief se bornait au seul petit village de
Wigleigh. Il avait tué un homme, Ben le Rouleur – un charretier,
malheureusement, de sorte qu’il ne pouvait en tirer gloire. Mais à défaut de
prouver son courage aux autres, il se l’était prouvé à lui-même.
    Il s’était même réconcilié avec son frère. À vrai dire, sur
l’injonction de sa mère. Le jour de Noël, elle avait invité ses deux fils à
dîner et insisté pour qu’ils se serrent la main. Quel malheur, avait dit leur
père, que deux frères soient au service de maîtres rivaux ! L’un et
l’autre avaient le devoir de faire de leur mieux, à l’instar des soldats qui se
retrouvaient dans des camps opposés au cours d’une guerre civile. Ralph avait
été heureux de cette réconciliation. Merthin aussi, sûrement, du moins le
croyait-il.
    Il avait réussi à prendre une revanche satisfaisante sur
Wulfric en lui déniant son droit de succession et en lui faisant perdre sa
fiancée. La belle Annet était maintenant mariée à Billy Howard et Wulfric
devait se contenter de ce laideron de Gwenda. Laquelle, par ailleurs, ne
manquait pas de passion.
    Dommage que Wulfric n’ait pas l’air plus abattu ! Grand
et fier, il arpentait son village comme s’il était sa propriété et non celle de
son seigneur. Son épouse enceinte le portait aux nues, ses voisins l’appréciaient
et, malgré ses défaites, il passait pour un héros. Peut-être était-ce parce que
son épouse avait de la vigueur à revendre.
    Ralph aurait volontiers raconté à Wulfric sa visite à La
Cloche. « J’ai baisé ta femme et elle a aimé ça. » Cela briserait
peut-être la fierté de ce paysan, mais cela révélerait surtout qu’il avait
honteusement rompu sa promesse, ce qui aurait pour effet de renforcer Wulfric
dans son sentiment de supériorité. Et de lui valoir à lui le mépris général, à
commencer par celui de Merthin. À l’idée que sa trahison se sache, Ralph ne put
retenir un frisson. Non, sa coucherie avec Gwenda devrait demeurer secrète.
    Ils étaient tous réunis devant l’étal de Perkin. Celui-ci
fut le premier à voir Ralph s’approcher et il le salua avec plus d’obséquiosité
que jamais. « Bonne journée, mon seigneur », dit-il avec force
courbettes, et son épouse, Peggy, fit une révérence derrière lui. Gwenda était
là, elle aussi, se frottant le dos, comme si elle avait mal. Puis Ralph aperçut
Annet avec son plateau d’œufs et il se rappela son petit sein, rond et ferme
sous ses doigts, comme les œufs sur le plateau. Elle surprit son regard et
baissa les yeux avec une fausse modestie. Il eut envie de caresser son sein de
nouveau. Pourquoi pas ? pensa-t-il. Je suis son seigneur. Puis il repéra
Wulfric tout au fond de la stalle : il avait interrompu sa tâche et,
debout à côté des caisses qu’il était en train de charger, il le regardait
fixement. Dans son visage volontairement inexpressif, ses yeux ne cillaient
pas. On ne pouvait qualifier son attitude d’insolente. Toutefois, dans l’esprit
de Ralph, elle était sans aucun doute menaçante et signifiait clairement :
« Tu la touches ? Je te tue ! »
    Et si je le faisais ? se dit Ralph. Qu’il m’attaque, je
le pourfendrai ! Je serai dans mon plein droit, un seigneur se défendant
contre un paysan à la haine exacerbée. Les yeux rivés sur Wulfric, il levait la
main dans

Weitere Kostenlose Bücher