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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pas d’ici. À Shiring, ce sera la même chose,
j’en suis sûre. Nous arriverons peut-être à nous débarrasser d’un sac ou deux,
mais il n’y a aucune chance pour que nous écoulions toute notre marchandise.
    — Que ferez-vous alors ?
    — Il est possible que nous soyons obligés d’arrêter le
travail sur le pont. C’est ce dont je suis venue te parler. »
    Il la regarda fixement et lâcha d’une voix tranquille :
« Non !
    — J’en suis la première désolée, mais mon père n’a pas
d’argent. Il a tout investi dans une laine qu’il ne peut pas vendre. »
    Merthin était estomaqué. On aurait dit qu’il avait reçu une
gifle. « Il faut trouver une solution », lâcha-t-il au bout d’un long
moment.
    Caris compatissait du fond du cœur. Hélas, aucune phrase
d’espoir ne lui venait à l’esprit. « Mon père s’est engagé à hauteur de
soixante-dix livres pour la construction du pont. Il en a déjà versé la moitié.
Le reste, malheureusement, est au fond de son entrepôt sous forme de sacs de
laine.
    — Ce n’est pas possible qu’il n’ait plus un sou !
    — Si, quasiment. Et d’autres personnes qui se sont
elles aussi engagées à financer le pont se trouvent dans la même
situation. »
    Merthin était au désespoir. « Je peux ralentir le
travail, proposa-t-il. Congédier des artisans, utiliser le matériel que j’ai en
stock.
    — Dans ce cas, le pont ne sera pas prêt l’année
prochaine et la situation sera pire encore.
    — Ça vaut mieux que tout abandonner.
    — Certainement, dit-elle. Ne fais rien pour le moment.
Nous en reparlerons après la foire. Je voulais juste que tu sois au courant.
    — Merci », répondit-il, encore sous le coup de
l’émotion.
    Le radeau était revenu et Jimmie attendait Caris pour la
transporter sur l’autre rive. Tout en montant à bord, elle lança sur un ton
anodin : « Comment va Élisabeth Leclerc ? »
    Merthin feignit la surprise. « Bien, j’imagine.
    — Il paraît que tu la vois beaucoup.
    — Pas plus que d’habitude. On a toujours été amis.
    — Oui, bien sûr », dit Caris peu convaincue. La
plus grande partie de l’année précédente, quand il filait le parfait amour avec
elle, Merthin avait complètement ignoré Élisabeth. Mais il aurait été indigne
de sa part de le contredire, voilà pourquoi elle n’ajouta rien de plus.
    Elle lui fit au revoir de la main et Jimmie poussa le radeau
loin du quai. Merthin essayait de donner l’impression qu’il n’y avait rien de
particulier entre Élisabeth et lui. Peut-être disait-il la vérité ?
Peut-être était-il gêné de lui avouer qu’il était amoureux d’une autre ?
Elle n’aurait su le dire. En revanche, s’il était une chose dont elle était
sûre, c’était qu’Élisabeth était amoureuse de Merthin. Il suffisait de voir
comment elle le dévorait des yeux. Élisabeth était peut-être un glaçon ; à
l’égard de Merthin, elle brûlait de passion.
    Le radeau accosta de l’autre côté avec une secousse brutale.
Caris en descendit et entreprit de grimper la rue menant au centre de la ville.
    Se rappelant le visage consterné de Merthin, elle avait
envie de pleurer. La nouvelle l’avait profondément ému. Il avait eu exactement
la même expression que lorsqu’elle avait refusé de reprendre leur liaison.
    Elle n’avait toujours rien décidé concernant son avenir. Il
lui était toujours apparu comme une évidence qu’elle vivrait dans une maison
confortable grâce aux bénéfices que lui rapporterait un commerce profitable, et
cela indépendamment de la voie qu’elle choisirait. Mais voilà que la terre se
dérobait subitement sous ses pieds. Face à une situation qui n’allait qu’en
empirant, elle cherchait une issue sans relâche. Son père, lui, affichait une
sérénité qu’elle ne comprenait pas. À croire qu’il ne saisissait pas l’étendue
de leurs pertes !
    Remontant la grand-rue, elle croisa Griselda portant dans
ses bras son garçon de six mois, qu’elle avait appelé Merthin, en reproche à
l’autre Merthin de ne pas l’avoir épousée. Elle avait beau persister à jouer
les blanches colombes, tout le monde s’était rallié à l’idée qu’il n’était pas
le père de l’enfant, même si certains continuaient à penser qu’il aurait dû
l’épouser malgré tout puisqu’il avait couché avec elle.
    Au moment où elle arrivait chez elle, Caris vit son père
sortir dans la rue en linge de corps,

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