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Un Monde Sans Fin

Un Monde Sans Fin

Titel: Un Monde Sans Fin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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d’emblée une proposition émanant de la guilde. Pour s’assurer qu’il
avait bien entendu, il demanda : « Vous êtes donc disposé à la soutenir.
    — Absolument ! réitéra Philémon. Il enfourna une
pleine poignée de raisins secs sans en offrir à son visiteur. « Cependant,
ces règlements ne sauraient s’appliquer aux moines, bien entendu.
    Merthin se fustigea intérieurement d’avoir été naïf.
« Ils concernent toute la population sans exception.
    — Voyons, voyons ! insista Philémon sur le ton
qu’il aurait pris pour sermonner un enfant. La guilde ne peut restreindre les
déplacements des moines.
    Merthin aperçut un chat aux pieds du prieur – un chat gras,
à l’image de son maître, avec de petits yeux cruels. On aurait dit Archevêque,
le chat de Godwyn, mais celui-ci devait être mort depuis longtemps. Sans doute
était-ce l’un de ses descendants.
    « La guilde a le pouvoir de fermer les portes de la
ville.
    — Et nous celui d’aller et venir à notre guise sans son
autorisation. Ce serait ridicule.
    — Quoi qu’il en soit, la guilde contrôle la cité, et il
a été décidé que personne n’entrerait à Kingsbridge tant que la peste sévirait.
    — Vous n’êtes pas habilité à édicter des règles à
l’intention du prieuré.
    — Je le suis pour la ville et il se trouve que votre
prieuré est situé dans nos murs.
    — Voulez-vous dire que, si je quitte Kingsbridge
aujourd’hui, vous m’interdirez d’y revenir demain ? »
    Merthin hésita : il se représenta le prieur de
Kingsbridge devant la porte de la ville, suppliant un garde de l’autoriser à
rentrer chez lui. L’image était pour le moins embarrassante. Il avait espéré
que Philémon accepterait de se plier à ces mesures draconiennes. Il n’envisageait
pas de gaieté de cœur la perspective d’une confrontation. Ce serait soumettre à
rude épreuve la décision prise par la guilde. Néanmoins, ce fut sur un ton
assuré qu’il répliqua : « Exactement !
    — Je me plaindrai à l’évêque.
    — Faites-lui savoir en même temps qu’il ne sera pas non
plus autorisé à entrer. »
    *
    En dix ans, la population du couvent n’avait guère changé,
constata Caris. Bien sûr, il en allait de même dans toutes les communautés
religieuses, puisque les sœurs étaient censées y demeurer jusqu’à leur dernier
jour. La prieure était toujours mère Joan et sœur Oonagh dirigeait l’hospice
sous l’égide de frère Sime. Désormais, peu de malades venaient s’y faire
soigner. C’était en majorité des gens d’une grande piété qui s’en tenaient
strictement aux décrets de l’Église en matière de soins ; les autres
préféraient aller à l’hospice de Caris, sur l’île aux lépreux. Les patients
étaient regroupés dans le vieil hospice situé près des cuisines. Le nouveau
bâtiment accueillait les hôtes de passage.
    Ce fut dans son ancienne pharmacie, devenue le bureau de la
mère supérieure, que Caris exposa son plan à mère Joan, sœur Oonagh et frère
Sime.
    « Les pestiférés qui vivent à l’extérieur des remparts
seront admis chez nous, à Sainte-Élisabeth. J’y resterai moi-même nuit et jour
avec les religieuses tant que durera l’épidémie. Personne, hormis les malades
guéris, n’aura le droit de quitter l’hôpital.
    — Et ici, dans la vieille ville, comment les choses
fonctionnent-elles ? s’enquit Joan.
    — Si l’épidémie se propage malgré ces précautions, les
malades seront trop nombreux pour que vous puissiez vous occuper de tous. La
guilde a donc décidé qu’ils resteraient confinés chez eux, ainsi que leurs
familles. Cette obligation concernera toute personne vivant au sein d’un foyer
atteint : parents, enfants, grands-parents, domestiques et apprentis.
Quiconque sera surpris à quitter une maison contaminée sera pendu.
    — Il s’agit là de mesures très rigoureuses, intervint
mère Joan. Cependant, si elles peuvent nous épargner l’effroyable carnage de la
dernière fois, le jeu en vaut la chandelle.
    — Je savais que vous comprendriez. »
    Sime gardait le silence, comme si l’annonce de la tragédie à
venir avait refroidi son arrogance.
    « Comment les malades se nourriront-ils s’ils ne
peuvent plus sortir de chez eux ? voulut savoir Oonagh.
    — Les voisins déposeront des vivres sur le seuil. Seuls
les moines médecins et les sœurs soignantes seront autorisés à pénétrer dans la
maison. Ils feront la

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