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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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M. Desteyrac abordât enfin le sujet scabreux.
     
    – Tu es resté absent plus de huit mois. Longue absence, commença Charles, mettant un vague sous-entendu dans cette constatation.
     
    – Longue absence mais il n'est pas trop tard, père, pour que nous parlions de ce qui s'est passé à Pittsburgh en mars. Je ne veux pas me dérober, dit Pacal, prenant les devants.
     
    – Sache d'abord que je ne te tiens pas rigueur de ta passade avec Viola. Une femme malheureuse, un garçon en quête d'amour, rien n'est plus banalement humain. Quant au crime de Bob Lowell, j'y vois une cruelle conséquence de la guerre civile. Le fait de perdre ses mains transforme un homme. Sans cette double amputation, même en apparence vaillamment assumée, Bob n'eût sans doute pas épousé Viola et cette dernière n'eût pas cherché ailleurs la caresse de mains plus humaines, dit Charles.
     
    – Elle disait des « mains vivantes », précisa Pacal.
     
    – Tu dois tirer leçon de cette tragédie. Des liens malsains unissent parfois l'amour et la mort. On le sait depuis Tristant et Iseult, conclut Charles.
     
    – Grand-père vous a donc montré l'article du journal ?
     
    – Il n'a pas eu à le faire car, rentrant de Nassau alors que tu étais déjà en mer, j'ai trouvé dans mon courrier la même coupure, dont je pense qu'elle a été envoyée par la mère de Bob. Cette puritaine n'a jamais admis que son fils, même infirme, épousât une Indienne.
     
    – Comment Alida a-t-elle pris la mort de sa sœur ?
     
    – Avec chagrin et larmes, bien sûr, mais aussi avec cette soumission au destin propre aux Arawak. Elle qui avait déconseillé à Viola d'épouser Lowell et d'aller vivre à Boston, « chez les gens qui n'aiment pas les Indiens », nous a dit : « On ne doit pas sortir de sa race. » Elle a trouvé une bizarre consolation en apprenant, au village des Arawak, qu'une queen of the night avait enfin ouvert, une nuit, sa grande corolle blanche sur la sépulture provisoire de Maoti-Mata. C'était le signe attendu, prouvant que l'esprit épuré et satisfait de son grand-père, le vieux cacique, a maintenant rejoint les jardins éternels, derrière le soleil. Alida a vu dans cette concomitance le pardon, accordé par les dieux à sa défunte sœur. On a donc organisé la seconde et définitive inhumation du cacique, à laquelle j'ai assisté avec lord Simon. Maintenant, raconte-moi ce que tu as fait en Floride ?
     
    Pacal, comprenant que son père l'invitait à oublier le drame de Pittsburgh, s'étendit longuement sur les activités des Bahamiens à Key West et détailla ses excursions floridiennes.
     
    Pour mettre son beau-fils à l'aise, Ottilia, prétextant l'arrivée à Malcom House de Gladys Hamer, avait mis Alida au service des Maitland, logés à Exile House. Avec Pacal, elle se garda de la moindre allusion à l'affaire.
     
    Quant à lord Simon, il félicita son petit-fils pour la pleine réussite de sa mission en Floride et se montra fort intéressé par les perspectives d'investissement que laissait entrevoir le développement du tourisme. Pacal lui ayant rapporté la brève conversation qu'il avait eue avec son père au sujet de la mort de Viola, le vieillard l'interrompit d'un geste.
     
    – Le dossier Lowell est clos. Nous n'en parlerons plus jamais, dit-il simplement.
     

    Les ouragans de l'été, bien qu'ils n'eussent fait cette année-là que frôler Soledad, avaient contraint Desteyrac et Fouquet à différer l'achèvement du phare de Buena Vista. Les caisses contenant coupole et optique n'avaient pas encore quitté l'entrepôt du port occidental. Elles ne seraient transportées à Buena Vista qu'au printemps 1881, quand aurait été construit le palan imaginé par les deux ingénieurs pour hisser les pièces de la coupole et les précieuses lentilles au sommet de la tour. Les ouragans n'avaient eu aucune prise sur ce donjon de pierre, maintenant inscrit dans le paysage de l'île et qui serait annelé de bandes alternées, blanches et rouges, comme le phare de Bird Rock. Le beau temps revenu, les peintres s'étaient mis au travail. Bien que lord Simon s'impatientât, le feu rotatif n'entrerait pas en service avant de longs mois.
     

    Lors des réjouissances de fin d'année, à Cornfield Manor, lady Lamia, secondée par sa nièce, Otti, tint le rôle d'hôtesse. Aux Maitland, Russell, Weston Clarke, à Lewis Colson, Philip Rodney, David Kermor, Albert Fouquet et au père Taval se

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