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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Vista, un orphelinat, proposa à Manuela de s'y installer, avec sa fille, Ana, pour héberger, nourrir et instruire les enfants sans père ni mère. Les orphelins, blancs ou mulâtres, pouvaient être confiés aux sœurs de la Charité, qui géraient l'orphelinat de Nassau, mais la plupart des enfants noirs étaient recueillis par des fermiers chez qui, même en bas âge, ils assuraient un travail de berger ou de servante. Personne ne se souciait de leur apprendre à lire, écrire, et compter.
     
    Les Arawak, pour qui la tribu se voulait une seule et même famille, pratiquaient l'adoption interne des orphelins. Ces malheureux trouvaient une mère en toute femme arawak.
     
    L'entente qui avait toujours régné à Soledad, entre les rares catholiques et la forte majorité protestante, n'était pas de mise à Nassau, où la rivalité entre les fidèles des deux Églises avait récemment donné lieu à des incidents.
     
    On ne connaissait pas de prêtre catholique ayant résidé à Nassau avant 1885, année de fondation, par le père George O'Keefe, de la cathédrale dédiée à saint François Xavier, sur West Street. L'église avait été ouverte aux fidèles en janvier 1886, au grand dam des antipapistes. N'ayant pu empêcher, malgré leurs intrigues, la construction de la cathédrale, les protestants virent la main de Dieu et se réjouirent quand, lors de l'inauguration du sanctuaire, la foudre tomba sur le parvis et tua un ouvrier qui travaillait encore à la finition de l'édifice.
     
    Quelques jours plus tard, le pasteur Robert Dunlop de la Saint Andrew's Presbyterian Kirk, qui avait vendu le terrain aux catholiques pour y construire leur église, mourut en chaire d'une crise cardiaque ! Les anglicans virent, dans cette mort, une sanction à la cupidité de l'un des leurs ; les catholiques la prirent pour une réparation divine.
     

    Tandis qu'en avril, Liz Ferguson voguait vers la Jamaïque, avec son époux et le charmant secrétaire de ce dernier, lord Pacal Desteyrac-Cornfield, ayant confié la gérance de l'île à lady Ottilia et à son père, embarqua pour l'Europe, via New York. Il tenait à s'assurer que les produits bahamiens, envoyés à la Colonial and Indian Exhibition, que la reine Victoria inaugurerait le 4 mai, seraient mis en valeur au milieu de tous ceux que l'Empire britannique présenterait aux milliers de visiteurs attendus à South Kensington.
     
    La délégation bahamienne, conduite par sir Augustus Adderley, directeur du pavillon des West Indies, était en Angleterre depuis plusieurs semaines quand, le 3 avril, lord Pacal prit place, à Nassau, sur un navire de la Ward Line, qui le porta en trois jours à New York, où il retrouva son ami Thomas Artcliff.
     
    Bien que fort occupé, l'architecte tint à lui montrer les chantiers des maisons qu'il construisait et le gigantesque pont suspendu, qui reliait maintenant Manhattan à Brooklyn. L'ouvrage avait été inauguré en 1883, après seize années de travaux. Le père de Thomas, Alastair Gregory Artcliff, aujourd'hui décédé, avait été l'un des assistants du maître d'œuvre, John Augustus Roebling, puis du fils et successeur de ce dernier, Washington Roebling.
     
    – New York grandit sans cesse et, étant donné l'exiguïté de la presqu'île, la ville doit s'étendre vers le nord. Grâce à nos trois lignes de chemin de fer aérien nous pouvons créer de nouveaux quartiers. Actuellement, nous bâtissons des résidences modernes, pour gens aisés, à Harlem, où la spéculation foncière est intense 1 , dit Artcliff.
     
    – Est-il exact que la ville compte plus d'un million d'habitants et que les émigrants arrivent d'Europe à pleins bateaux ? demanda Pacal.
     
    – C'est vrai. Et Manhattan, quartier des affaires, ne peut se développer qu'en hauteur, d'où ces maisons de plus en plus élevées. Nous étudions actuellement la construction d'un immeuble de dix étages, pour le compte du fabricant de machines à coudre, Isaac Singer, et un immeuble de vingt-six étages devrait être achevé dans trois ou quatre ans, expliqua Thomas, enthousiaste.
     
    – Mark Tilloy, un armateur de l'Illinois, ami de mon père, assure que New York est en retard sur Chicago, où l'on compte plusieurs immeubles de treize ou quatorze étages, comme la Chambre de commerce, le Tacoma et le Women's Temperance Temple, même si le siège de la Home Insurance, construit par ton confrère William Le Baron Jenney, n'a que dix étages, dit Pacal

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