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Un paradis perdu

Un paradis perdu

Titel: Un paradis perdu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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cicatrisée.
     
    – Je devine l'origine de votre mélancolie, dit-il, profitant d'une absence de sa femme.
     
    – Que voulez-vous, mon ami, je dois me faire une raison, l'amour, c'est pour les autres. Je suis vouée à la solitude, acheva-t-elle, dans un souffle, comme Susan approchait.
     
    Devant lord Pacal, qui n'encourageait pas, il est vrai, les confidences, Cunnings n'avait jamais fait allusion à son aventure avec la quadragénaire, dont la toison blond filasse absorbait heureusement les premiers cheveux blancs. Pacal savait que son équipier au polo avait renoué, à Nassau, avec Ellen Horney, la cousine de Lizzie Ferguson, exilée à la Jamaïque. Sans être un lovelace, Andrew séduisait sans effort, car les quêteuses intuitives devinaient d'emblée, en lui, le serviteur de femmes. Profiter de ce don sans s'engager était règle de célibataire, mais, avec Fanny, femme mûre, il avait connu l'ineffable fusion du désir et de la dilection, d'où naissent les amours véritables et les folles passions. Avait-il oublié ?
     
    John Maitland et son second, se relayant à bord du Phoenix II , faisaient des apparitions à l'hôtel, où Pacal conviait l'officier libéré du service à partager un repas. C'est ainsi qu'Andrew se retrouva, lors d'un déjeuner, en présence de la tante de Susan.
     
    À la vue de l'officier, Fanny vacilla, au bord de la défaillance. Sans se soucier de la présence des autres, Cunnings lui prit la main, la conduisit à un fauteuil, dans le hall de l'hôtel, et s'assit près d'elle. D'un geste, Pacal retint sa femme, qui, alarmée par la soudaine pâleur de sa tante Fanny, s'apprêtait à rejoindre le couple.
     
    – Laissez-les en paix, Susan ! ordonna-t-il vivement en lui prenant le bras, pour se diriger vers la salle à manger.
     
    Quand, un quart d'heure plus tard, Fanny et Andrew se présentèrent à table, la même confusion allègrement assumée se lisait sur leur visage. Le regard de la Bostonienne avait retrouvé son éclat malicieux. L'aparté avec Cunnings venait de lui effacer des mois de déréliction et, pour la première fois depuis son arrivée en Floride, Pacal et Susan l'entendirent rire.
     
    Au dessert, l'officier, qui devait regagner le yacht en fin d'après-midi, demanda à lord Pacal la permission d'enlever Fanny pour une promenade au fort Marion. La permission accordée, une voiturette à dais de toile fut aussitôt commandée. Pour meubler l'attente, Pacal, devinant que Susan désapprouvait cette escapade, traita les amoureux en touristes.
     
    – La construction de fort Marion, sur l'emplacement de l'ancienne forteresse espagnole San Marco, d'après des plans de Vauban, a duré cent ans. Elle n'a été achevée qu'en 1821. Vous y verrez la cellule d'où s'échappa Coaconchee, le chef des Seminole, fait prisonnier pendant la guerre que les Américains menèrent contre les Indiens de Floride, entre 1835 et 1842, commenta-t-il.
     
    Quand les promeneurs s'éloignèrent, lord Pacal s'attendait à un commentaire critique de Susan, sur la conduite de sa tante, mais ce fut aux Seminole qu'elle s'en prit.
     
    – La gouvernante de l'hôtel m'a dit qu'au cours de cette guerre, dont vous venez de parler, les Indiens seminole avaient tué plus de deux mille soldats américains. Elle m'a dit aussi que, quelques Indiens, que notre gouvernement a eu le tort d'épargner, vivent dans les marécages des Everglades, avec les alligators. Comme ils font beaucoup d'enfants, on craint ici qu'ils ne reviennent, un jour, attaquer les Blancs, dit-elle.
     
    – Vous oubliez toujours, Susan, que les Indiens – Sioux, Seminole, Choctaw, Algonquin, Huron : on en comptait plusieurs millions, répartis en cent nations – furent les premiers Américains et que les descendants des Seminole sont chez eux en Floride, comme les Sioux dans les Grandes Plaines. Les premiers Européens sont venus ici chasser le castor, rappela Pacal.
     
    – Les Blancs ont apporté la civilisation, répliqua Susan.
     
    – Et, aussi, des maladies alors inconnues des Indiens, comme la variole et l'alcoolisme. Vos ancêtres colonisateurs sont aussi coupables que les miens, concéda Pacal, pour mettre un terme provisoire à une discussion qui ne serait jamais close.
     

    Fanny rayonnait de joie candide quand elle revint, seule, au Ponce de León, à la fin de l'après-midi. Les Bahamiens surent bientôt la raison de cette exubérance retrouvée.
     
    – Andrew et moi, nous avons décidé

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