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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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on n’arrêterait pas Danton ! toi dont je relèverais bien d’autres fautes si je voulais fouiller dans le vieux sac » (Barère s’appelait autrefois de Vieuzac), « comment se fait-il que tu deviennes tout à coup un passe-Robespierre, et que je sois par toi apostrophé si sec ?… Tout cela, poursuivait Camille, n’est qu’une querelle de ménage avec mes amis les patriotes Collot et Barère. Mais je vais être à mon tour bougrement en colère contre le Père Duchesne. Attends-moi, Hébert, je suis à toi dans un moment ! Ce n’est pas avec des injures grossières que je vais t’attaquer, c’est avec des faits. »
    Auparavant, il entendait en finir avec l’odieuse imputation d’avoir épousé Lucile pour sa fortune. Il racontait donc brièvement l’histoire de son mariage, qui lui avait valu quatre mille livres de rente tombées maintenant à rien. Il traçait un tableau de sa vie simple et indolente. « De ma femme, je ne dirai qu’un mot. J’avais toujours cru à l’immortalité de l’âme. Après tant de sacrifices que j’avais faits à la liberté et au bonheur du peuple, je me disais, au fort de la persécution : « Il faut que les récompenses attendent la vertu ailleurs. » Mais mon mariage est si heureux, mon bonheur domestique si grand, que j’ai craint d’avoir reçu ma récompense sur la terre, et j’avais perdu ma démonstration de l’immortalité. Maintenant, les persécutions, le déchaînement contre moi, les lâches calomnies me rendent toute mon espérance. »
    Passant alors, selon sa promesse, à Hébert, il rappelait les filouteries de cet ancien receveur de contremarques, sa fortune subite et malhonnête. « Tu n’étais pas avec nous, en 1789, dans le cheval de bois. Et, comme les goujats, tu ne t’es fait remarquer qu’après la victoire ; tu t’es signalé en désignant les vainqueurs, comme Thersite, en saisissant la plus forte part du butin, et en faisant chauffer tes fourneaux de calomnie avec la braise de Bouchotte. » Celui-ci, écrivait-il, avait donné à Hébert, sur les fonds de la Guerre, d’abord cent vingt mille francs, puis dix, puis soixante, pour les exemplaires du Père Duchesne distribués aux armées. Ces exemplaires ne valaient que seize mille francs, par conséquent, le surplus avait été volé à la nation. « Deux cent mille francs au pauvre sans-culotte Hébert, pour soutenir les motions de Proli, de Clootz ! deux cent mille francs pour calomnier Danton, Lindet, Chambon, Thuriot, Delacroix, Philippeaux, Bourdon de l’Oise, Barras, Fréron, d’Églantine, Legendre, et presque tous les commissaires de la Convention ! pour inonder la France de ses écrits si propres à former l’esprit et le cœur ! S’étonnera-t-on après cela de cette exclamation filiale d’Hébert aux Jacobins : « Oser attaquer Bouchotte, un patriote si pur ! » Je suis étonné, moi, que dans le transport de sa reconnaissance, le Père Duchesne ne se soit pas écrié : Bouchotte qui m’a donné deux cent mille livres depuis le mois de juin ! »
    Camille accusait ensuite Hébert d’avoir, en prêchant l’athéisme, soulevé des séditions en province. « Ce politique sans vue est le plus insensé des patriotes, s’il n’est le plus rusé des aristocrates. » Desmoulins l’appelait encore entrepreneur de contre-révolution avec la complicité des agents étrangers. S’il avait livré Chabot et Bazire, c’était pour devancer leurs propres dénonciations. « Ainsi, ce vil flagorneur aux gages de deux cent mille livres me reprocherait les quatre mille francs de ma femme ! Cet ami intime du banquier Kock, de la conspiratrice Rochechouart, me reprocherait mes relations ! Cet écrivain insensé ou perfide me reprocherait mes écrits aristocratiques, lui dont je démontrerai que les feuilles sont les délices de Coblentz et le seul espoir de Pitt ! Cet homme, rayé de la liste des garçons de théâtre, pour vol, ferait rayer de la liste des Jacobins les députés fondateurs immortels de la république ! Nous savons que des scélérats méditent un nouveau 31 mai contre les hommes les plus énergiques de la Montagne. Cela ne nous intimide point. Eh quoi ! lorsque, tous les jours, douze cent mille Français affrontent les redoutes hérissées de batteries, nous, députés à la Convention, serions-nous plus lâches que nos soldats ? Craindrions-nous de regarder Bouchotte en face ? N’oserions-nous pas braver la grande colère du

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