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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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justice se trouva enterré avant d’avoir vécu.
    Dès lors, l’offensive des ultras contre les « citra-révolutionnaires » se développa sans repos. « Ils osent vous dire », s’écriait Hébert au club de la rue de la Convention « qu’il faut ouvrir les prisons et que, quand une tête tombe, on fait à la république des millions d’ennemis. » Aux Cordeliers, attaquant les Dantonistes à coups redoublés, mais surtout Desmoulins devenu son ennemi personnel, il ne craignit pas de dire : « Vit-on jamais un homme plus lâche que Camille Desmoulins ? Depuis quelque temps, il ne rêve que guillotine. Tous les matins, il se tâte le col et croit toujours voir le fatal instrument prêt à le frapper. Voulez-vous avoir un échantillon de sa politique ? Écoutez. Dînant avec moi chez le maire Pache, au moment où la patrie venait de perdre Toulon, il a déclaré ceci : Les trois quarts et demi des marchands de France sont des âmes vénales, des fripons de toute volée. Ils sont au plus offrant. Je suppose que les Anglais aient donné deux millions pour acheter Toulon ; eh bien, donnons-en trois, et Toulon n’est plus aux Anglais. Je vous laisse à juger, citoyens, si c’est là le langage que doit tenir un vrai patriote. »
    Les Cordeliers exclurent Desmoulins de leur club. Aux Jacobins, Hébert réclamait contre les lenteurs de la commission chargée du rapport sur les Dantonistes incriminés : « Bourdon de l’Oise, Fabre d’Églantine et Camille devaient être chassés dernièrement du sein de la Société. Tous les républicains le demandaient à grands cris. Des faits nombreux accusent Camille, tout ce qui fut allégué contre Brissot n’approche pas de ce que l’on peut lui reprocher. Son but a été jusqu’ici de ridiculiser et de calomnier les patriotes. »
    La riposte de Desmoulins ne se lit pas attendre : il publia un cinquième numéro du Vieux Cordelier, intitulé « Ma défense » et dédié aux Jacobins.
    « Pardon, frères et amis, écrivait-il. Pardon si j’ose prendre encore le titre de vieux Cordelier, après l’arrêté du club qui me chasse et me défend de porter ce nom. Mais, en vérité, c’est une insolence inouïe que celle de petits-fils se révoltant contre leur grand-père, et je veux plaider cette cause contre des fils ingrats. » Pour justifier sa conduite, il reprenait l’image employée par Robespierre. « Le vaisseau de la république vogue entre deux écueils, le rocher de l’exagération et le banc de sable du modérantisme. Voyant que le Père Duchesne et presque toutes les vigies patriotes se tenaient sur le tillac, avec leurs lunettes, occupés uniquement à crier : Gare ! vous allez toucher au modérantisme ! il a bien fallu que moi, vieux Cordelier et l’un des plus anciens Jacobins, je me chargeasse de faire la faction difficile, dont aucun des jeunes gens ne voulait, crainte de se dépopulariser, celle de crier : Gare ! vous allez toucher à l’exagération !… Mais si le vaisseau s’approche trop de l’écueil du modérantisme, on verra si je suis modéré. J’ai été révolutionnaire avant vous tous. J’ai été plus, et je m’en fais gloire, lorsque, dans la nuit du 12 au 13 juillet 89, moi et celui qui est aujourd’hui le général Danican nous forcions les arquebusiers à ouvrir leurs boutiques pour armer le premier des bataillons de sans-culottes. Alors j’avais l’audace de la Révolution. Maintenant, député à l’Assemblée nationale, l’audace qui me convient est celle de la raison, celle de dire mon opinion avec franchise. »
    Là-dessus, revenant à une phrase que les Hébertistes lui reprochaient âprement : Vincent Pitt gouverne George Bou-chotte : « Eh quoi ! se récriait-il, en 1787 j’ai bien appelé Louis XVI mon gros benêt de roi, sans être embastillé pour cela ! Bouchotte serait-il un plus grand seigneur ? » Si lui, Desmoulins, avait pris la défense du général Dillon, Collot d’Herbois n’avait-il pas défendu Proli ? Et Barère qui stigmatisait à la Convention les nouveaux traducteurs de Tacite, était-il un patriote si rectiligne ? « Toi, mon cher Barère, l’heureux tuteur de Paméla » (c’était la fille naturelle de M me  de Genlis et de Philippe d’Orléans, dont Barère avait été, en effet, le tuteur), « toi l’ancien président des Feuillants ! le promoteur de la commission des Douze ! toi qui, le 2 juin, au Comité de Salut public, délibérait si

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