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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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y a beaucoup de différence entre Marat et moi. Il n’avait pas mon énergie, et il n’a pas été persécuté comme moi, répondit assez injustement le blessé. Je méprise la vie, ajouta-t-il. Un sort heureux est réservé aux amis de la liberté, dans la vie future. Je vous recommande mon petit orphelin Masselin que j’ai recueilli chez moi. Je demande qu’avant de terminer ma carrière on me couvre du bonnet rouge et que le président du tribunal me donne le baiser de paix et de fraternité. »
    Au moment où le président satisfaisait à ce vœu, un chirurgien arriva. Il constata que Jacques Roux portait au côté gauche de la poitrine cinq blessures dont aucune n’était dangereuse. Ramené à Bicêtre, il fut placé à l’infirmerie en attendant de comparaître devant le Tribunal révolutionnaire.
    En ce qui concernait l’arrestation de Fabre d’Églantine, la Convention devait en ratifier le décret. Claude attendait là Danton. Soutiendrait-il son vieil ami, si peu défendable fût-il ? Non, il reconnut que le Comité de Sûreté générale avait bien agi en mettant sous la main de la loi un homme présumé coupable. Cependant il demanda, non sans habileté, que les prévenus dans l’affaire de la Compagnie des Indes fussent traduits à la barre de la Convention. « Lorsqu’on vous dévoile des turpitudes, un agiotage, des corruptions, lorsqu’on vous dénonce un faux qui peut être désavoué, pourquoi n’entendriez-vous pas ceux que l’on accuse ? » Dans un grand débat, pensait-il sans doute, on pourrait noyer cette affaire sous des flots d’éloquence.
    Amar répondit sèchement : « Ce serait porter le soupçon sur le Comité. » Billaud-Varenne, défiant du regard le Géant de la Révolution devenu l’ Idole pourrie, s’écria : » Malheur à celui qui a siégé à côté de Fabre d’Églantine et qui est encore sa dupe ! »
    Le géant se tut. Claude ne put se défendre d’un serrement de cœur à le voir ainsi baisser la tête : taureau essoufflé. Était-il, comme Vadier le prétendait avec d’obscènes ricanements, épuisé par sa trop jeune et trop jolie Louise ? Si on avait voulu l’abattre maintenant, il aurait suffi de l’abandonner au Comité de Sûreté générale. Hormis Panis et Ruhl, tous les commissaires, même son ami David pris de peur, étaient contre lui désormais.
    Robespierre ne retirait pourtant pas de sur lui une main toujours fraternelle. Il désirait le réduire, le cerner, l’amener à une alliance, encore possible voulait croire Claude, malgré tout. Cette main, Maximilien l’étendait aussi sur Camille. Exclu des Jacobins le 21 nivôse, à l’instigation des Hébertistes, il avait été réintégré à celle de Robespierre qui le sauvait ainsi pour la quatrième fois, en déclarant : « L’intérêt public ne veut pas qu’un individu se venge d’un autre, ni qu’une coterie triomphe d’une autre », et en menaçant de faire exclure ceux qui avaient exclu Desmoulins.
    L’Incorruptible exerçait à présent sur les Jacobins une prépondérance telle qu’effrayés du risque les Hébertistes avaient réadmis Camille. Mais Amar, Vadier, au Comité de Sûreté générale, ne le tenaient pas quitte. N’osant braver Robespierre, ils inquiétaient Desmoulins dans sa belle-famille, faisaient perquisitionner chez le citoyen Duplessis, déclaré suspect. Le 24 nivôse, an II de la République française une et indivisible, Lucile, répondant à la lettre de Fréron, lui écrivait :
    « Revenez, Fréron, revenez bien vite. Vous n’avez point de temps à perdre, ramenez avec vous tous les vieux Cordeliers que vous rencontrerez. Vous ne pouvez avoir idée de tout ce qui se fait ici ! Vous n’appercevez qu’une faible lueur dans le lointain. Aussi je ne m’étonne pas que vous reprochiez à Camille son comité de clémence. Ce n’est pas de Toulon qu’il faut juger. Nous sommes calomnié, persécuté par des ignorants, des intrigants, et même des patriottes. Robespière, votre boussolle, a dénoncé Camille aux Jacobins ; il a fait lire ses numéros III et IV, a demandé qu’ils fussent brûlez. Pendant deux séances consécutives, il a tonné contre Camille. À la troisième séance on avait rayé Camille. Par une bisarie bien singulière, il a fait des efforts inconcevables pour obtenir que sa radiation fût rapportée ; elle a été rapportée, mais il a vu que lorsqu’il ne pensait pas ou qu’il n’agissait pas à la

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