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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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volonté d’une certaine quantité d’individus, il n’avait pas tout pouvoir. Marius (elle désignait ainsi Danton) n’est plus écouté, il perd courage, il devient faible. Déglantine est arrêté, mis au Luxembourg ; on l’accuse de faits très graves. Il n’était donc pas patriotte ! il avait si bien été jusqu’à ce moment. Un patriotte de moins c’est un malheur de plus… La vie me devient un pesant fardeau. Je ne scais plus penser. Mes yeux se remplissent de larmes. Je renferme en mon cœur cette douleur affreuse, je montre à Camille un frond serein, j’affecte du courage pour qu’il continue d’en avoir… Oui, le serpolet est tout prêt. C’est à travers mille soucis que je l’ai cueillis. Je ne ris plus, je ne fais plus le chat, je ne touche plus à mon piano, je ne rêve plus, je ne suis plus qu’une machine. Je ne vois plus personne, je ne sors plus. Il y a longtemps que je ne vois plus les Robert. Ils ont éprouvé des désagréments par leur faute. Ils tâchent de se faire oublier… Adieu, lapin, vous allez encore m’appeler folle. Je ne le suis pourtant pas encore tout à fait, il me reste assé de raison pour souffrir… Entendez-vous, mon loup qui crie Martin, mon pauvre Martin, reviens bien vite. Revenez, revenez bien vite, nous vous attendons avec impatience. »
    Plus au courant que ne l’imaginait Lucile, Fréron écrivait du Midi à Bayle : « Par le mot qu’a dit Billaud : malheur à ceux qui siègent à côté de Fabre, aurait-il voulu parler de Danton ? Celui-ci est-il compromis ? »
    Prudent, Fréron se renseignait, pas tellement pressé de revenir, malgré son amour pour Lucile. La peur faisait le vide autour de Danton, de Desmoulins. Son imprimeur avait refusé de composer le numéro VI du Vieux Cordelier où Camille se plaignait des persécutions exercées sur sa belle-famille par la section Mucius Scevola. Cependant Robespierre imposait une sorte de trêve aux querelles de personnes. Durant dix jours on ne discuta, aux Jacobins, que du parlementarisme britannique et des crimes du gouvernement anglais. Discussions auxquelles Claude se dispensa d’assister. Un sujet plus urgent occupait la section de la Guerre.
    Si les armées du Rhin et de la Moselle, soutenues par Saint-Just et Le Bas, remportaient des succès définitifs, libérant l’Alsace, disloquant la coalition austro-prussienne, l’armée du Nord restait inerte depuis sa victoire à Wattignies. Peu après celle-ci, le Comité de Salut public avait écrit à Jourdan de passer la Sambre, de ressaisir Le Quesnoy, d’attaquer Namur. Les généraux donnaient désormais au Comité l’habitude de voir ses décisions réalisées à la lettre. Il avait prescrit à Dugommier de reprendre aux Espagnols le fort de Bellegarde avant le 21 septembre ; cela s’était accompli. Il avait ordonné de soumettre Lyon avant le 24 Vendémiaire ; la ville avait été soumise le 18. De battre les insurgés de l’Ouest avant le 3o ; ils étaient défaits à Cholet le 26. Il avait fixé le 11 nivôse (31 décembre) pour terme au siège de Toulon ; quinze jours plus tôt, le 26 frimaire, les troupes républicaines étaient entrées dans la ville.
    Ce fut donc d’abord avec étonnement puis avec une humeur croissante que l’on constata, au pavillon de Flore, l’immobilité de Jourdan. En quartiers à Maubeuge, il ne bougeait pas, après avoir cependant répondu qu’il allait faire de son mieux pour exécuter les ordres du Comité. En réalité, le général les considérait comme inexécutables. En les recevant, il avait dit adieu à sa tête. Formé à l’école de la ci-devant armée où l’on n’opérait qu’à la belle saison, il lui semblait impossible de passer la Sambre et de poursuivre une campagne en hiver. Il se gardait toutefois de le dire. Il écrivait à Bouchotte et à Carnot qu’il s’apprêtait à l’offensive, mais la pluie ne lui permettait pas de s’engager, pour l’instant, les chemins étaient impraticables, il fallait attendre un temps meilleur.
    On disputait vivement là-dessus, au Comité. Par le même temps, les généraux de la Moselle et du Rhin se battaient à outrance, ils remportaient victoire sur victoire. Robespierre ne comprenait pas. Ses soupçons, toujours prompts, s’éveillaient. Collot d’Herbois et Billaud-Varenne s’impatientaient, criaient haro sur Jourdan, bien que Claude se portât garant de son républicanisme, de son sans-culottisme. Carnot,

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