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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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titre à la reconnaissance nationale. Nous vous proposons de lui accorder une retraite, conformément aux lois établies. »
    Claude et Lise étaient heureux de voir Jourdan tiré à merveille de ce pas infiniment périlleux. « Je regrette, dit Claude, que Bernard ait refusé ta succession. Cette armée du Nord où j’ai tant de fois voulu le placer, où j’ai manqué sottement de le placer, lui échappe encore.
    — Moi aussi, affirma Jourdan, je le regrette. Il s’est conduit en ami loyal et en grand cœur. S’il y a quelqu’un entre les mains de qui j’aurais résigné avec plaisir mon commandement, c’est lui. Ce Pichegru ne me dit rien de bon, ce ne peut être qu’un ambitieux, un intrigant. Il a dû embobeliner les représentants et Bouchotte. Quant à moi, je m’estime diantrement heureux de m’en tirer avec ma tête sur les épaules. Je l’avoue, j’ai eu peur. Je suis bien content d’aller retrouver ma bonne Jeanne, mes filles, ma boutique. »
    Le 24 janvier, de retour dans sa mercerie, il se présentait au club de Limoges, où il fut reçu par de longues ovations. Le président, après avoir salué en lui un glorieux frère, lui donna l’accolade et le fit asseoir près de lui. Quelques jours plus tard, un vote unanime portait à la présidence le vainqueur de Wattignies. Loin de montrer la moindre amertume de sa disgrâce, il restait profondément fidèle au régime. Il protestait, à la Société populaire, contre « les ménagements dont on use avec les ennemis intérieurs », et incitait les patriotes à dénoncer sans hésitation « tout citoyen qui trahirait la chose publique ». Il avait retrouvé à Limoges son frère d’armes de mai dernier, Joseph Romanet, ci-devant chevalier du Caillaud, qui commandait comme lui une brigade à l’armée du Nord et dont Houchard avait fait alors, en même temps que celui de Jourdan, l’éloge au Comité de Salut public. Frappé, en septembre, par la mesure générale suspendant tous les officiers ex-nobles, il était rentré dans ses foyers. Fervent républicain lui aussi en dépit de sa suspension, il jouissait de toutes les sympathies jacobines. À la demande de Jourdan, il fut admis au club, par acclamation. En revanche, les meneurs de la Société avaient repris leurs attaques contre Pierre Dumas. Jourdan, qui n’oubliait pas les efforts de Dumas pour organiser les premiers bataillons de la Haute-Vienne, le tenait pour un bon patriote ; mais, comme ses amis Barbou, Nicot, Pinchaud, comme l’homme aux lunettes, comme le père de Claude, il n’aurait pu le défendre sans se compromettre dangereusement. Dumas fut arrêté de nouveau. Les Enragés limousins : Publicola Pédon, Frègebois, Foucaud, en tête, voulaient le voir comparaître devant le tribunal criminel où il avait protégé les bourgeois aristocrates, lorsqu’il le présidait.
    Claude coupa court en faisant réclamer Dumas par le Comité de Sûreté générale. Il fut transféré à Paris, détenu au Luxembourg dans les conditions réservées aux favoris du Comité, avec permission de recevoir la visite de sa femme. Lise installa celle-ci et ses enfants dans un logement de la rue de l’Échelle. Jeanne pouvait voir son mari tous les jours. Pour être sûr que le dossier de Dumas ne serait point, par quelque malencontre, envoyé au greffe du Tribunal révolutionnaire, Claude pria Panis de le lui remettre. En agissant ainsi, il ne doutait pas de s’attirer la rancune des terroristes limougeauds. Il ne s’en souciait pas, il entendait fermement éviter à Pierre le sort de Gorsas, de Lesterpt-Beauvais.
    « Je vous garantis une chose, ma chère Jeanne, dit-il, c’est que pour toucher à la tête de votre mari, il faudrait d’abord couper la mienne. Répétez-lui cela et assurez-le que j’irai sous peu l’embrasser. Pour le moment, nous sommes en pleine bataille. »

III
    La trêve, en effet, était rompue. Tandis que Jourdan gagnait Limoges, la Convention, se rendant en corps, le 21 janvier, sur la place de la Révolution, pour célébrer l’anniversaire de la mort du tyran Capet, avait été conduite sur le Grand-Carré, par Billaud-Varenne, au moment où tombaient les têtes de quatre condamnés. Hasard ou préméditation ? Toujours est-il que, le lendemain, Bourdon de l’Oise protestait avec vigueur contre le dessein, évident chez les Hébertistes, de « faire passer les représentants de la nation pour une assemblée de cannibales. »
    Deux jours plus

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