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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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virginité ».
    Les rires, les applaudissements sardoniques accompagnaient les paroles de Vadier. Il conclut en proposant l’envoi de Catherine Théot, dom Gerle et quelques comparses, au Tribunal révolutionnaire, et la poursuite de l’instruction par l’accusateur public. Non seulement la Convention s’y accorda, mais encore la majorité vota l’impression du rapport, l’envoi aux départements, aux sociétés populaires, aux armées, etc., exactement comme elle l’avait fait pour le discours de Robespierre sur l’Être suprême. Ils recevaient là tous deux un joli camouflet.
    Le soir, quand les membres du Comité de Salut public entrèrent dans l’ancienne chambre de la reine – où l’on se réunissait de nouveau, après avoir pendant quelques jours siégé à l’étage pour éviter que les éclats de voix ne s’entendissent de la terrasse –, ils y trouvèrent Maximilien en conférence avec son tout dévoué Dumas, le président du Tribunal révolutionnaire. Robespierre annonça sèchement qu’il avait convoqué aussi l’accusateur public ; puis, en termes acides, il dit que le rapport de la Sûreté générale était ridicule. Le Comité devait reprendre l’affaire et l’approfondir au lieu de s’arrêter à une prétendue conspiration de dévotes imbéciles.
    En réalité Robespierre, comme le soupçonnait Claude, connaissait Catherine Théot. Il l’avait vue à Choisy, chez le maire Vaugeois, beau-frère de Duplay. C’était une vieille familière de la maison. La divulgation de telles relations, devant le Tribunal révolutionnaire, risquait de le mettre, lui Maximilien, et toute la famille de ses hôtes, en posture déplorable.
    Nul ne répondit à ses aigres observations. Il pouvait tenter maintenant ce qu’il voudrait, l’histoire avait permis de l’éclabousser de ridicule, c’est tout ce que l’on pouvait en attendre ; et ces éclaboussures, il ne les effacerait pas. Le laisser à présent agir en maître pour arrêter l’instruction reviendrait à faire encore mieux paraître son caractère despotique. Lorsque Fouquier-Tinville fut introduit, tenant le dossier que Vadier s’était empressé de lui remettre, Claude se leva et se dirigea vers la porte. Un à un, tous les autres l’imitèrent. Robespierre resta seul avec le président du tribunal et l’accusateur. « Tu as raison, dit Prieur à Claude, le Comité ne doit pas tremper là-dedans. Montons au bureau militaire, il y a de la besogne urgente. »
    Maximilien, ayant parcouru le dossier, commanda de n’y point donner suite. Et comme Fouquier-Tinville, ravi de l’embarrasser, lui représentait respectueusement que le décret de la Convention l’obligeait à mettre en jugement les accusés, il lui imposa rageusement silence, garda les papiers et lui ordonna de se retirer. Fouquier se hâta de traverser le Château pour aviser le Comité de Sûreté générale. Vadier, Amar, Voulland, Moïse Bayle, Lacoste, Lavicomterie attendaient impatiemment l’accusateur public, afin de s’entendre avec lui pour prendre l’Incorruptible au traquenard de ce procès.
    « Il n’y aura pas de procès, leur annonça Fouquier.
    — Par exemple ! Et pourquoi ?
    —  il, il, il s’y oppose. »

X
    Ce même soir, Claude avait reçu une lettre de l’homme aux lunettes, relative à Léonarde, la sœur de Bernard. Considérée comme aristocrate prononcée, elle se trouvait depuis le mois de pluviôse en état d’arrestation chez elle, comme son mari ; ce qui ne tirait guère à conséquence. Plus de cinq cents Limougeauds, dont son père et Marcellin, le frère aîné de Bernard, partageaient cet état, tandis que cinq cent quarante autres étaient, comme la sœur de Lise, Thérèse Naurissane, dans les prisons, à la Visitation, à la Règle ou bien – les prêtres réfractaires – au Séminaire. Les deux familles Montégut-Delmay excitaient éminemment la défiance. Le frère de Jean-Baptiste, ci-devant curé d’Uzurat, petite paroisse au nord de Limoges, comptait parmi les réfractaires, et l’on n’oubliait pas que le père Delmay et son premier fils avaient été des plus enragés « Amis de la Paix », puis dragons aristocrates, toujours en humeur de chercher querelle aux patriotes de la garde nationale. Seuls, les services rendus par Bernard à la république, et son prestige de général en chef empêchaient les terroristes limougeauds d’appliquer à ses parents toutes les rigueurs de la loi. Mais des faits

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