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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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en secouant Billaud-Varenne, pourquoi donc as-tu donné ton appui à cette loi scélérate ? » Billaud, effectivement, avait, à l’encontre de ses collègues, joint sa voix à celles de Robespierre et de Couthon pour défendre le projet. « Parce que je l’estime utile à la république, répliqua-t-il. Depuis longtemps, le tribunal se plaint des entraves qui embarrassent sa marche, il se plaint de manquer de jurés. Il fallait y remédier. Si la loi nous menace, elle peut menacer aussi bien Robespierre. Et je te garantis qu’il va lui falloir répondre de la façon dont il s’est conduit avec nous. Je me charge de lui dire son fait. »
    Le lendemain matin, en effet, dans le salon blanc, aux fenêtres ouvertes sur les ombrages du jardin, Billaud prit rudement Maximilien à partie.
    « Nul ici, lui déclara-t-il, n’a le droit de communiquer à la Convention un rapport sans que nous l’ayons examiné tous ensemble. Tu es le premier à se l’être permis, et nous ne souffrirons pas ces façons d’intrigant, de despote, sache-le bien.
    — Il n’y a là aucun despotisme, dit Robespierre en haussant les épaules. Tout s’étant toujours fait de confiance entre nous jusqu’à présent, j’ai cru pouvoir me charger de ce travail, avec Couthon. Voilà tout.
    — Parbleu ! riposta Claude, ironique. Et la besogne terminée, tu n’as pas trouvé le loisir de nous la soumettre. D’ailleurs, tu étais si certain de notre accord qu’il ne valait pas la peine de nous le demander.
    — Écoute, reprit Billaud-Varenne, j’ai eu de l’estime, de l’admiration, de l’amitié pour toi, tu le sais bien. Mais maintenant, partout, à l’étranger, on parle de Robespierre comme du nouveau maître de la France. Les armées de Robespierre, les agents de Robespierre, la politique de Robespierre : voilà ce qu’impriment les gazettes étrangères. Tu relèves les autels, il ne te manque plus qu’un trône. Nous n’avons pas jeté bas Capet pour te mettre à sa place. Tous les ambitieux, nous les avons brisés souviens-t’en.
    — L’intrigue ne vient point de ma part ! se récria Robespierre, échauffé à son tour. Les complots m’enveloppent. Il y a dans la Convention une faction qui veut me perdre. Ruamps en est, Bourdon, Fréron, Fouché, Tallien, Legendre. Vous les soutenez contre moi. »
    Barère et Lindet s’empressèrent de fermer les fenêtres, sous lesquelles des gardes, attirés par les éclats de voix, écoutaient curieusement.
    « Legendre a toujours été un patriote irréprochable, protesta Claude. Il n’a jamais entendu que sa conscience.
    — Ruamps, dit Billaud-Varenne, a rempli ses missions aux armées avec zèle et honneur. Il a dénoncé Custine. Il t’a soutenu contre les Brissotins, contre Hébert, contre Danton. Il se tourne contre toi parce qu’il croit que tu veux, avec ton décret, te mettre en mesure de guillotiner la Convention nationale. »
    Robespierre, les poings crispés, marchait nerveusement de la table verte aux colonnes de l’ancienne alcôve et des colonnes à la table.
    « C’est une folie ! cria-t-il. Je ne veux aucun mal à la Convention. Je n’en veux qu’à ces factieux, ces hommes impurs, ces concussionnaires, qui ont profité de leur mission dans les départements pour se conduire comme des proconsuls. Ce sont ces fripons, ces rebelles à notre autorité, mes ennemis. Tu te ranges avec eux, Billaud ! Je te connais maintenant.
    — Moi aussi, je te connais, répliqua Billaud, hors de lui. Je te connais comme un contre-révolutionnaire ! »
    Robespierre s’abandonna sur une des chaises blanches. Les nerfs brisés, il ne put retenir des larmes et, accoudé à la table, cacha son visage derrière sa main.
    Il s’abstint de paraître à la Convention. Bourdon de l’Oise en profita. « La loi votée hier, dit-il, donnerait aux Comités, avec quatre signatures, le droit d’envoyer au Tribunal révolutionnaire n’importe quel représentant, sans que l’Assemblée soit consultée. Voulez-vous donc cela ? » Exclamations et protestations jaillirent. « Dans ce cas, poursuivit-il, décrétons que la Convention demeure seule à pouvoir porter le décret d’accusation contre ses membres. » Merlin de Douai – Merlin-Suspects – rédigea la motion en forme de considérant. Elle fut aussitôt adoptée.
    Bien entendu, Robespierre en serait avisé sans retard ; il fallait s’attendre à le voir réagir. Le soir même, il se rendit aux

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