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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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clients, certains grands magasins établissent un service de vente par catalogue à partir de vastes entrepôts centralisés, s’en remettant au service postal pour assurer la livraison.
    Grâce à l’électricité, de nombreuses grandes entreprises voient le jour, ce qui répond tout à fait à l’expansion des marchés. Usines de pâtes et papiers, de produits chimiques, de carrosseries, toutes sont en croissance à la fin du dix-neuvième siècle, jusqu’à un certain point. en 1910 encore, en moyenne, les usines ontariennes comptent moins de trente employés, ce qui est certainement plus que les ateliers de forgerons du milieu du siècle ou les modestes moulins à farine équipés d’une roue à eau qui parsèment encore les campagnes à la fin du siècle14. Mais, à l’exception des plus grandes villes, les « gestionnaires » sont soit des commis soit des contremaîtres, ce qui n’est guère favorable à l’éclosion soudaine d’une nouvelle classe, la classe intermédiaire. dans la plupart des municipalités canadiennes, l’élite locale se compose du clergé, d’un avocat ou deux, du médecin et du directeur de la banque locale (qui fait lui-même partie d’une hiérarchie plus vaste) ou, au Québec, du notaire qui, souvent, combine (ou mélange) le droit et les services bancaires.

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    L’organisation et la hiérarchie élargissent aussi les possibilités de la pratique de la tyrannie, tout en soustrayant la plus grande partie de la main-d’œuvre à la surveillance étroite et directe des propriétaires d’entreprises ou même de leur direction supérieure. Les « cadres intermédiaires », chargés de superviser les départements ou secteurs constituant la structure de l’entreprise, font leur apparition. et avec les nombres élevés de travailleurs collectivement réglementés et rémunérés, il est facile de se trouver des intérêts communs, qui trouvent leur expression dans la création de syndicats.
    Ouvriers et investisseurs se déplacent beaucoup dans le Canada de la fin du dix-neuvième siècle et, en réalité, ni la main-d’œuvre ni les capitaux ne restent confinés aux frontières du dominion du nord. On peut en dire autant de leurs syndicats rudimentaires dont la création, au Canada, remonte au début du dix-neuvième siècle. Les ouvriers vont chercher du travail où il y en a, traversant librement la frontière avec les états-Unis. ils parviennent dans des villes lointaines en espérant que leurs titres de compétences soient reconnus, surtout dans des métiers spécialisés comme l’imprimerie.
    La communication instaurée entre les syndicats locaux canadiens et leurs pendants aux états-Unis, de même que les intérêts communs de leurs membres, finit par entraîner leur absorption dans de grands syndicats américains, comme l’Union typographique internationale15.
    il convient de signaler au passage le caractère américain du syndicalisme canadien. de nombreux ouvriers canadiens sont nés en Grande-Bretagne et proviennent d’un pays où le syndicalisme est très répandu voire universellement accepté, mais bien que le syndicalisme à la britannique existe au Canada, les ouvriers canadiens adhèrent pour la plupart aux syndicats américains dont l’influence traverse la frontière.
    L’Union typographique internationale n’est pas la seule. il y a aussi les Chevaliers du travail, un organisme plus important qui, une fois disparu, sera remplacé par d’autres. il existe aussi des syndicats canadiens mais ils sont de plus en plus subordonnés au courant dominant américain dans le mouvement ouvrier16.
    Les employeurs ne sont nullement ravis d’assister à l’émergence des syndicats, George Brown, le propriétaire autoritaire du Globe de toronto moins que tout autre. ses affrontements avec les syndicats remontent aux années 1850 et dureront toute sa vie, qui prendra fin lorsqu’un ex-employé mécontent tirera sur lui en 1880.
    sir John a. Macdonald, grand rival politique de Brown, irrite encore davantage le propriétaire du quotidien en 1872 en faisant adopter une loi régularisant et légalisant le statut des syndicats. d’autres règlements prennent davantage de temps. La résistance des employeurs à la réglementation des salaires et des conditions de travail empêche le 9•expansioneTdésillusion,1867–1896

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    gouvernement fédéral d’agir, à tout le moins sous le règne de Macdonald ; c’est aux provinces qu’il

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