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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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Jusqu’à la fin, il a cru qu’il ressusciterait le troisième jour après son exécution.
    depuis lors, les détails de la vie de riel demeurent sujet à controverse dans l’histoire canadienne. au Québec, le ressentiment est considérable.
    Certains partisans canadiens-français de Macdonald (dont des ministres) cherchent à défendre le gouvernement mais d’autres, par prudence, gardent le silence en espérant que l’orage va passer.
    L’opposition libérale, d’autre part, se découvre à la fois une vocation et un rôle grâce à la tempête soulevée par riel. son chef, edward Blake, remet en question la politique et la performance du gouvernement de Macdonald. Un député libéral du Québec, Wilfrid Laurier, va plus loin, affirmant lors d’un rassemblement monstre à Montréal que s’il avait vécu sur les rives de la saskatchewan, lui aussi aurait pris le fusil sur l’épaule et aurait marché aux côtés de riel. Ce n’est bien sûr d’aucun secours pour les libéraux ontariens, mais cela finira par avoir un impact au Québec.
    Le Parti conservateur du Québec subit des dommages considérables dans le sillage de l’exécution de riel. en 1886, les conservateurs perdent des élections aux mains des libéraux (qui se sont rangés aux côtés de quelques ex-conservateurs sous la bannière du Parti national) dirigés par Honoré Mercier, et le parti fédéral perd du terrain au cours des élections fédérales successives de 1887 et 1891. néanmoins, les conservateurs ne sont pas entièrement balayés de la province et, ailleurs, les politiques de Macdonald dans l’Ouest et sa position dans l’affaire riel sourient à son parti.
    riel devient une légende. C’est un symbole de l’Ouest, un héros métis, un martyr canadien-français et un champion autochtone. après 1940 environ, les historiens de l’ouest du pays et du Canada en général proposeront une ré-interprétation de riel sous un éclairage bienveillant8.
    des politiciens invoqueront sa mémoire, le plus souvent sous un jour favorable. On écrira un opéra sur lui. en 1999, la Chambre canadienne des communes tiendra même un débat et adoptera un projet de loi affirmant le caractère juste de la cause de riel. (La Loi sur Louis Riel ne sera jamais reprise dans le code des lois, expirant avec le Parlement du moment lors du déclenchement des élections de 2000). La gouverneure générale, flanquée d’une garde d’honneur de la GrC portant des ceintures métisses, fera l’éloge solennel de riel, l’intronisant en réalité au panthéon des héros canadiens.
    dans la mesure où il y a un martyr dans l’histoire canadienne, c’est riel.

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UnE HIsTOIRE dU Canada
    Le développement de l’Ouest, cependant, suit une orientation très différente de celle de riel, orientation qui était déjà perceptible quand les Métis ont pris les armes en 1885. L’Ouest de la chasse au bison et des prairies sans fin a disparu et avec lui la base de l’économie de chasse des tribus autochtones de l’Ouest. Fait plus important encore, les amérindiens ne représentent plus, dans les années 1890, qu’une petite minorité de la population de l’Ouest canadien, une présence que l’on mentionne incidemment même dans l’esprit de leurs voisins, dépendante d’une société qui y consacre à peine une arrière-pensée et impuissante vis-à-vis d’elle.
    Ce que les colons et leur gouvernement ont en tête, c’est le blé et la colonisation et le développement connexes. L’Ontario a connu la prospérité grâce au blé mais, depuis 1860, on ne trouve plus de nouvelles terres arables viables dans la province. L’acquisition de l’Ouest donne aux Ontariens un motif d’espoir : elle signifie des terres pour leurs enfants et des marchés pour leurs usines – « les promesses d’eden ». Les opuscules du gouvernement chantent les louanges de l’opulence de l’Ouest, son sol fertile, son climat doux et sa richesse agricole assurée. Même l’étendue semi-désertique le long du 49e parallèle appelée « triangle de Palliser » d’après le nom de son premier arpenteur, devient un jardin luxuriant sur papier9. Mais la colonisation est lente et dispersée : en 1886, seulement 163 000 personnes vivent dans les Prairies canadiennes, y compris les collectivités d’implantation plus ancienne au Manitoba. Parachevé l’automne précédent, le chemin de fer contribuera à modifier la situation, quoique lentement.
    Le gouvernement du

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