Une histoire du Canada
dominion prend des mesures pratiques pour aider l’agriculture à mettre sur pied, dans les années 1870, un système d’exploitations expérimentales. en ce qui a trait au blé, le principal problème vient de la brièveté de la saison de croissance dans les Prairies, où le sol gèle tôt et dégèle tard. il faudra attendre 1903 pour que quelqu’un trouve la solution : la sélection d’une variété de blé à maturation hâtive, appelé Marquis, qui constituera un des éléments déterminants de la montée en flèche du blé qui s’ensuivra.
il y aura, bien sûr, d’autres éléments. La machinerie agricole connaît une évolution considérable au dix-neuvième siècle : des charrues en acier d’abord, puis des moissonneuses mécaniques et des moissonneuses-batteuses, qui séparent les semences ou le grain du foin. Les moissonneuses-batteuses facilitent l’exploitation agricole à grande échelle tout en réduisant la main-d’œuvre nécessaire et donc le coût de la récolte. tous ces éléments favorisent la colonisation.
Les colons sont, pour la plupart, anglophones, mais pas tous.
des francophones, quelque cinq mille en tout, provenant de la nouvelle-angleterre, s’installent dans la vallée de la rivière rouge. (Les encouragements 9•expansioneTdésillusion,1867–1896
213
du gouvernement pour en attirer d’autres, de la nouvelle-angleterre et du Québec, se révèlent futiles.) des Mennonites, germanophones et pacifistes, arrivent au Manitoba en provenance de russie, heureux de s’installer dans un pays où ils échapperont à la conscription. C’est au Manitoba que la transformation est la plus spectaculaire. La population provinciale passe de 25 000 personnes en 1871 à 152 000 en 1891. Mais alors qu’il y avait à l’origine un équilibre démographique entre protestants et catholiques et entre anglais et Français, dans les années 1890, le Manitoba est très majoritairement protestant et anglophone.
Plus à l’ouest, sur les contreforts des rocheuses, apparaît un secteur de l’élevage. Bien que semblable à certains égards au secteur de l’élevage au sud de la frontière, le régime foncier est différent, tout comme la composition sociale des éleveurs. (Les terres sont louées aux gouvernements selon un système adopté du modèle australien plutôt que la préemption par des squatteurs comme c’est le cas aux états-Unis10.) Les éleveurs se servent du nouveau chemin de fer, celui du CP, pour expédier leur produit : le premier quartier de bœuf albertain arrive en angleterre en 1886.
LES cHEminS DE FER ET LA pOLiTiqUE nATiOnALE
vers l’ouest, le chemin de fer apporte des fournitures pour les agriculteurs des plaines, dont beaucoup sont fabriquées au Canada. Le prix de la construction du Chemin de fer Canadien Pacifique comportait une garantie de monopole de la part du gouvernement. À l’époque, face à un Ouest désert, cela semblait une bonne affaire. Plus tard, à mesure que l’Ouest se peuple d’agriculteurs-électeurs, il devient évident qu’il y a un prix politique à payer. La politique du Manitoba porte sur la question du Canadien Pacifique et le monopole qu’il exerce sur le trafic ferroviaire.
Mais le Canadien pacifique ne représente qu’une petite partie des liens qui unissent les citoyens de l’Ouest au centre et à l’est du Canada. ses voies sont parallèles à celle de la liaison entre le centre et l’est assurée par le chemin de fer intercolonial, propriété du gouvernement, qui en est aussi l’exploitant, l’intercolonial offre récompenses et emplois aux partisans du gouvernement dans l’est et contribue à étayer la structure de favoritisme et d’influence qui caractérise la politique de partis à la fin du dix-neuvième siècle11. Le Canadien Pacifique et le Grand tronc, s’embarrassant moins de détours, donnent de l’argent au parti au pouvoir, que celui-ci peut alors dépenser à sa guise sous forme de faveurs ou de pots-de-vin12.
Les chemins de fer font davantage que traverser l’immensité canadienne : ils l’ouvrent au secteur des affaires, aidés en cela par le 214
UnE HIsTOIRE dU Canada
développement simultané du secteur de l’électricité dans les années 1880.
L’ère de l’électricité vient compléter plutôt que supplanter l’ère de la vapeur.
d’origine lointaine et coûteux quoique abondant, le charbon est remplacé, pour ce qui concerne le Canada central, par l’hydroélectricité tirée
Weitere Kostenlose Bücher