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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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fleuve, mais cela prendra du temps.
    Fait curieux, bien que le gouvernement parraine et soutienne la haute bourgeoisie de la nouvelle-France, il mine aussi son autorité en maintenant une autre institution locale, la milice, dont l’organisation se fait d’abord à 46
    UnE HIsTOIRE dU Canada
    Montréal avant d’être étendue au reste de la colonie. tous les hommes aptes physiquement ayant entre seize et soixante ans appartiennent à la milice, et la force est organisée dans chacune des paroisses sous les ordres d’un capitaine de milice, qui n’est pas d’ordinaire le seigneur local. Les nobles sont cependant exemptés du service militaire (le poste de capitaine de milice survivra au régime français, se prolongeant même jusqu’au vingtième siècle dans les régions rurales du Québec)5.
    en dehors des nobles, d’autres parviennent à éviter le service militaire. Le service obligatoire dépend de la présence alentour d’une personne à contraindre de le faire et beaucoup, des hommes jeunes prenant part à la traite des fourrures, sont absents. Cela provoque du ressentiment, mais, jusqu’aux derniers jours de la nouvelle-France, ce ressentiment n’ira jamais jusqu’à refuser le service militaire, car la défense de la colonie en dépend.
    Lorsqu’il accepte de se rendre en nouvelle-France à titre d’intendant, Jean talon le fait à condition que son mandat soit limité dans le temps. il pose comme autre condition de pouvoir prendre part, à titre privé, à la traite des fourrures, ce qu’il fait, en profitant de certains privilèges rattachés à son poste6. On s’entend généralement pour dire qu’il est actif et intelligent, et il institue ce que l’on peut appeler la première « politique industrielle »
    du Canada. C’est une politique mercantiliste, reposant sur la théorie selon laquelle, pour connaître le succès, un état doit tirer le maximum de sa propre activité économique en faisant concurrence à d’autres états semblables (de fait, d’autres états, particulièrement l’angleterre, ont une politique semblable). On encourage la fabrication par des subventions, directes et indirectes, et on décourage l’importation. en toute logique, talon et Colbert ont pour objectifs de rendre la nouvelle-France autonome, de l’encourager à gagner son pain et de lui ordonner de contribuer à l’économie française.
    L’agriculture exige toutefois de la main-d’œuvre et celle-ci est rare, en partie à cause du manque de population et en partie à cause de l’attrait exercé par la traite des fourrures sur les jeunes hommes. Mais avec le temps, les exigences et les profits de la traite des fourrures finissent par marquer le pas, si bien qu’au début du dix-huitième siècle, la main-d’œuvre agricole est suffisante pour assurer non plus un simple moyen de subsistance, mais un modeste excédent de blé, qui est vendu dans les antilles françaises, une fois les besoins locaux comblés.
    Les tentatives en vue de l’établissement d’une industrie en nouvelle-France connaissent moins de succès. Les moulins à broyer le grain font partie du régime foncier seigneurial, et il faut moudre le grain. Comme le coût élevé de l’expédition par bateau rend les importations non concurrentielles, il n’y a, en pratique, aucune concurrence, mais cette même situation empêche toute exportation de produits en France à des prix compétitifs. talon 3•expansioneTcolonisaTion
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    ouvre une brasserie et une tannerie et encourage la production de fer et de chanvre. Cela ne donne que des résultats presque toujours décevants, mais même ces déceptions répétées n’empêchent pas le gouvernement français de poursuivre une politique de création industrielle.
    La clé de l’économie de la nouvelle-France comporte deux aspects.
    d’un côté, il y a la traite des fourrures, qui enrichira ses participants, indiens et Blancs, jusqu’à la fin du régime français et au-delà. d’autre part, il y a la terre, une ressource abondante. Les terres disponibles pour l’agriculture donnent des récoltes suffisantes pour nourrir les agglomérations, ainsi que les agriculteurs et leurs familles. Les habitants de la nouvelle-France se marient jeunes, plus tôt qu’en europe. en l’absence de contraception et de toute raison contraignante pour limiter la taille des familles, ils ont un nouveau-né tous les deux ans. Cela donne un taux de natalité supérieur à celui de la France,

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