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Une histoire du Canada

Une histoire du Canada

Titel: Une histoire du Canada Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Bothwell
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suffisante pour permettre l’immigration et la colonisation.
    Cela fait partie du plan de Colbert.
    LA cOLOniSATiOn DE LA nOUVELLE-FRAncE
    Pendant les 150 années que dure l’existence de la nouvelle-France, la colonie reçoit quelque 10 000 immigrants. ils sont presque tous Français et viennent directement de France ; et presque tous sont, suivant le souhait de Louis Xiv, catholiques. Pour la plupart, ils ne font pas partie de la race robuste de paysans d’origine normande. La majorité provient du Poitou, la région à l’est de La rochelle, mais la plupart des provinces de l’ouest de la France, de l’aquitaine au sud jusqu’à la Picardie au nord, y sont représentées.
    Un bon nombre viennent de Paris et quelques-uns d’autres grandes villes.
    Certains sont embarqués sous la contrainte, à cause de l’armée, ou à titre de représailles pour une infraction mineure commise en France. Les soldats peuvent obtenir leur libération précoce s’ils demeurent en nouvelle-France et beaucoup trouvent l’occasion trop belle pour la laisser passer. d’autres sont des domestiques liés par contrat d’apprentissage, qui troquent leur travail contre un passage en nouvelle-France. Comme le noteront les géographes Cole Harris et John Warkentin, « la plupart [des immigrants]
    viennent au Canada parce qu’ils y sont envoyés4 ».
    On ne peut pas dire que la perspective de partir en nouvelle-France soit invitante. vers le milieu du dix-septième siècle, on sait deux 3•expansioneTcolonisaTion
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    choses de la colonie : c’est le repaire des indiens en maraude et il y fait un froid terrible. il y fait bel et bien froid. Les températures y sont beaucoup plus basses que dans pratiquement n’importe quelle partie de la France. La saison de croissance y est plus courte. Les cultures françaises ne s’adaptent pas facilement au climat canadien et certaines n’y poussent pas du tout.
    et avant de pouvoir cultiver quoi que ce soit, il faut abattre des arbres, difficulté à laquelle les Français de France n’ont plus été confrontés depuis l’époque romaine. enfin, bien que la vallée du saint-Laurent soit fertile, les basses terres ne s’étendent pas très loin au nord ou au sud du fleuve – huit kilomètres à Québec et quarante-huit à Montréal. au-delà se trouvent le Bouclier canadien au nord et les appalaches au sud. La nouvelle-France s’étend entre les deux, un ruban le long du saint-Laurent.
    Pour organiser la colonisation, comme les Cent associés avant lui, le gouvernement s’en remet aux seigneurs, gens de petite noblesse auxquels on octroie des terres (des seigneuries) et on demande en retour d’attirer des agriculteurs pour les labourer. La terre n’appartient pas aux agriculteurs ; elle leur est louée par le seigneur. en théorie, ce dernier est le châtelain, à l’instar de ses homologues européens, mais, en nouvelle-France, il y a souvent une différence entre la théorie et la réalité. il est rare que les seigneurs disposent des fonds nécessaires pour développer leur terre, construire un vrai manoir ainsi qu’un moulin où les locataires pourront moudre leur blé.
    il ne peuvent non plus entretenir l’espoir de combler l’écart des baux, qui sont peu élevés ou calculés en temps de travail plutôt qu’en argent. il arrive souvent que, pour assurer leur survie, les seigneurs travaillent eux-mêmes dans les champs, comme leurs prétendus subalternes, ou qu’ils déménagent en ville pour y chercher un emploi au gouvernement, seule façon pour eux de conserver le statut auquel ils aspiraient. Beaucoup de gens de la petite noblesse française de nouvelle-France trouvent de l’emploi dans l’armée, soit parmi les troupes locales soit dans l’armée ou la marine de la vieille France. ils soutiendront l’état français, mais à titre d’employés plutôt que de grands de France semi-féodaux. en théorie, le système seigneurial assure pouvoir et stabilité. La réalité est tout autre.
    La colonisation dépend du fleuve, seul moyen de transport fiable jusqu’au milieu du dix-huitième siècle. seigneurs et agriculteurs souhaitent s’établir sur les rives, qui leur offrent un accès routier, de sorte que les exploitations agricoles s’étirent en de longues et étroites bandes de terre à partir du fleuve. À mesure que se développera un réseau de chemins près des trois seuls établissements d’une certaine ampleur, les agriculteurs s’éloigneront du

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