Une histoire du Canada
premier ministre pendant quatre années encore. C’est le chef libéral John turner qui subit la défaite lors de ces élections, sa deuxième. Pour des raisons de tradition et de préférence individuelle, il doit donc se retirer, ce qu’il fait, et il sera remplacé lors d’un congrès du parti tenu en juin 1990. Les libéraux n’en ont pas moins doublé leur nombre total de siège, obtenu une part respectable du vote national et ils demeurent la solution de rechange au gouvernement.
C’est le nPd qui est le grand perdant. ses membres ont raté leur chance de déloger les libéraux en dépit du fait qu’ils obtiennent leur plus grand nombre de sièges au Parlement. si l’étoile des conservateurs pâlit, ce sont les libéraux qui auront l’avantage lors des prochaines élections.
L’aLe de 1987-1989 n’est pas le dernier des hauts faits de Mulroney en politique commerciale. Les états-Unis sont également intéressés par un accord de libre-échange avec leur autre voisin, le Mexique, et, sous le successeur de reagan, le président George H.W. Bush, des négociations s’amorcent. au départ, le gouvernement canadien est réticent à y prendre part, mais il change ensuite d’avis et participe à ce qui devient une négociation tripartite11. La logique qui sous-tend cette décision est très simple : le Canada préfère des relations commerciales tridirectionnelles à un modèle du type « étoile et satellites » dans lequel les états-Unis seraient l’étoile et ses partenaires commerciaux les satellites. néanmoins, comme le dit un observateur, le Canada est « loin d’être enthousiaste comme participant » aux négociations commerciales12. Pour prendre une certaine part aux négociations, le Canada compte sur les relations personnelles entre le premier ministre Mulroney et le président Bush. « Je l’ai trouvé très facile d’accès, écrira Bush par la suite, sociable et avec beaucoup de sens de l’humour. » d’après Bush, Mulroney est « un dirigeant fort pour le Canada et un véritable ami pour les états-Unis13 ». C’est à Bush que revient la décision d’admettre le Canada ou de l’exclure et ce dernier tranche en faveur du Canada et de son ami, Mulroney.
Les négociations sur l’aLena ne sont pas terminées avant la fin de l’année 1992 et la ratification de l’accord prend encore plus de 442
UnE HIsTOIRE dU Canada
temps. L’aLena constitue un des thèmes des élections générales aussi bien aux états-Unis qu’au Canada en 1992 et 1993 ; il se peut fort bien qu’il ait contribué (parmi de nombreux autres éléments) à la défaite de George H.W. Bush face à Bill Clinton en 1992 et à celle des progressistes-conservateurs au Canada en 1993. La considération la plus importante est le fait que le Mexique a un niveau de vie beaucoup moins élevé que celui du Canada et des états-Unis ; par conséquent, comme un politicien américain l’affirme, on entendra un « grand bruit de succion » quand les emplois disparaîtront dans les économies caractérisées par des salaires élevés et une forte réglementation au nord pour apparaître dans la culture de salaires peu élevés du sud. il est vrai également que le Mexique a une culture politique et institutionnelle différente de celle du Canada et des états-Unis ; la démocratie à la mexicaine n’est établie que depuis peu et elle demeure fragile. de surcroît, la règle de droit au Mexique soulève des doutes.
Ce ne sont pas là les seules préoccupations, que ce soit dans le traité canado-américain d’origine ou sa version ultérieure pour l’aLena. en plus d’abaisser les tarifs et d’établir des mécanismes d’examen et d’appel quant à l’application des lois en matière de commerce, les accords portent sur des questions d’énergie et d’investissement. dans ce que l’on pourrait appeler la clause anti-Pen de l’accord canado-américain, les deux camps promettent mutuellement de ne pas interrompre l’approvisionnement énergétique et que, s’il faut réduire l’approvisionnement, cela se fera au prorata en fonction de la structure des échanges en place14. dans la même veine, les deux pays garantissent un « traitement national » aux investisseurs de l’autre une fois l’accord établi, ce qui signifie l’interdiction à l’avenir de tout ce qui pourrait ressembler aux dispositions de « rétrocession » du Pen.
d’autre part, étant donné que l’investissement canadien aux
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