Une histoire du Canada
quoique comparable à celui de la nouvelle-angleterre coloniale. simultanément, le taux de mortalité est inférieur à celui de l’europe, peut-être du fait que la société, une fois terminées les guerres avec les iroquois, est plus tranquille et que les risques pour la vie sont moins grands7. La population s’accroît donc, passant de trois mille âmes dans les années 1660 à dix mille dans les années 1680, puis jusqu’à soixante-quinze mille.
La nature du gouvernement français, et la politique de ce dernier, entraîne aussi une répartition inhabituelle de la population dans la colonie.
nous reviendrons sur cette politique plus loin ; contentons-nous pour le moment de noter que l’établissement officiel est vaste, surtout si on le compare aux colonies anglaises plus au sud. il faut soutenir les soldats et les dirigeants, et maintenir la cour miniature du gouverneur. tenant à un modèle de société dans lequel la noblesse est reconnue et récompensée, le gouvernement offre des emplois, des pensions et des faveurs8.
À certains égards, et certainement en temps de guerre, la nouvelle-France est plus ou moins semblable à une grande garnison. Pendant les guerres iroquoises des années 1660, les soldats de métier du roi comptent pour un quart de la population totale de la colonie. Mais ces soldats ne sont pas remplacés, même si beaucoup choisissent de s’installer comme colons en nouvelle-France. dans les années 1680, le gouvernement français envoie des troupes de la marine sous les ordres du ministre de la Marine, qui est responsable des colonies. Ces soldats de métier demeureront à la disposition du gouverneur jusqu’à l’effondrement de la nouvelle-France.
ils sont d’abord recrutés et dirigés par des Français de souche mais, après 1690, les habitants de la nouvelle-France – plus exactement, la noblesse de la nouvelle-France – sont admissibles à des postes d’officiers. dans les années 1750, la plupart des officiers des troupes de la marine sont nés au Canada mais leurs soldats sont, comme auparavant, recrutés en France.
48
UnE HIsTOIRE dU Canada
au soir du régime français, en 1760, il n’y a que trois établissements de taille respectable : Québec, Montréal et trois-rivières. À elle seule, Québec compte huit mille habitants et Montréal, cinq mille. Comme le soulignent Harris et Warkentin, cela signifie que le quart de la population de la nouvelle-France est urbain, ratio plus élevé que dans n’importe quelle colonie britannique du sud9. Par ailleurs, les trois quarts de la population (évaluée à soixante-dix à soixante-quinze mille personnes en 1760) vivent dans les campagnes et sont, pour la plupart, satisfaits de leur sort.
L’AcADiE
La nouvelle-France couvre davantage que la vallée du saint-Laurent. La pêche a attiré les Français en amérique du nord, vers les eaux au large de terre-neuve, puis le long du saint-Laurent, où ils ont récolté aussi bien des fourrures que pris du poisson. C’est le long de la côte atlantique, en acadie, que sont survenus les premiers établissements temporaires français. ils ont été abandonnés, très lentement, et voilà qu’au dix-septième siècle, les colons reviennent.
C’est un minuscule fort français érigé à Port-royal, sur la rive orientale de la baie de Fundy, qui constitue le centre de la colonie. Les colons construisent des digues dans les marais pour installer leurs exploitations agricoles, une pratique qui a toujours cours de nos jours. C’est une toute petite colonie, mais cela ne la protège en rien contre les pirates anglais, et elle change plusieurs fois de mains au milieu du dix-septième siècle. néanmoins, quand l’acadie redevient française en 1670, elle compte 350 habitants français, nombre qui grimpe à douze cents en 1700.
Le retour au régime français semble donner le signal de l’expansion de la colonie : de nouveaux établissements sont fondés sur l’isthme de Chignacto, qui relie aujourd’hui la nouvelle-écosse au nouveau-Brunswick, et le long du bassin Minas. Fait intéressant, même si les guerres sont fréquentes entre la France et l’angleterre, les acadiens n’ont aucune objection à commercer avec l’ennemi, réel ou potentiel, allant même jusqu’à se montrer réticents à collaborer avec les autorités françaises en repoussant les navires venus de nouvelle-angleterre, même en temps de guerre.
La meilleure garantie de protection pour
Weitere Kostenlose Bücher