Une histoire du Canada
évaluée à
£600 000 et elle emploie vingt mille pêcheurs, dont douze mille proviennent des îles Britanniques.
Jusque dans les années 1760, terre-neuve n’a ni gouverneur, ni assemblée, ni élections, ni gouvernement structuré. Quand on nomme un gouverneur, il s’occupe de déporter le plus d’habitants possible. néanmoins, selon les fonctionnaires, la population permanente est évaluée à seize mille âmes, dispersées sur de nombreux kilomètres de côtes – un chiffre et une distance qui s’opposent aux meilleurs efforts de dépeuplement du gouvernement2.
Les colons sont en partie responsables d’un autre genre de dépeuplement : la disparition de la population autochtone de l’île, les Beothuks. Comme ailleurs, la maladie joue un rôle important ; mais à terre-neuve, comme il n’y a aucune interaction attribuable à la traite des fourrures, il n’y a non plus aucun sentiment d’avantage mutuel ni de tolérance. n’ayant jamais été nombreux (on estime que leur population au moment du premier contact avec les européens s’établissait à un millier de personnes environ), à la fin du dix-huitième siècle, les Beothuks ne sont plus qu’une poignée.
et, en dépit des efforts du gouvernement pour établir des contacts amicaux, avec un souci de préservation de la race, le dernier membre connu de la tribu s’éteindra en 1829. À cette époque, les autochtones de la région de l’atlantique de ce qui deviendra le Canada ne sont sans doute pas plus de dix mille en tout.
Plus loin au nord et à l’ouest, sur le territoire commercial de la Compagnie de la baie d’Hudson, les amérindiens ont conservé leur poids économique et militaire dans leurs interactions avec les colons et les marchands blancs. il y a longtemps que les nations de l’intérieur des terres se sont adaptées aux manières européennes de faire aussi bien la guerre que le commerce, s’étant équipées de mousquets et d’autres marchandises de 88
UnE HIsTOIRE dU Canada
troc. Plus loin à l’ouest encore, dans les Prairies, les indiens des Plaines ont adopté une autre importation européenne, le cheval. Plus on s’éloigne vers l’ouest ou vers le nord, bien sûr, moins les amérindiens sont susceptibles d’être décimés par la maladie. en réalité, dans les années 1760 encore, de nombreux amérindiens n’ont jamais vu d’hommes blancs3.
Les différences culturelles n’ont guère d’importance comparativement aux attraits du commerce avec les européens. Même les inuits du grand nord n’y sont pas immunisés : ceux qui vivent le long des itinéraires de navigation ou d’échanges commerciaux, comme le détroit d’Hudson, tirent tout autant profit des échanges commerciaux qu’ils souffrent de la maladie et de la consommation d’alcool, double conséquence du contact avec les navires de la Compagnie de la baie d’Hudson.
Le gouvernement britannique n’est pas à l’aise avec les populations autochtones d’amérique du nord. L’aide de certains autochtones et les alliances avec eux ont joué un rôle crucial dans la guerre qui vient de se terminer. dans un certain sens, les autochtones sont devenus des pupilles de la couronne britannique et, comme tels, ils ont droit à la considération et à la protection ; fait tout aussi important, il serait difficile et coûteux de vouloir occuper l’intérieur du continent sans leur collaboration ou, à tout le moins, leur consentement. il s’ensuit que les politiques britanniques devraient viser à apaiser les craintes des amérindiens et à gagner leur confiance ; malheureusement, le général en chef britannique, Jeffrey amherst, a tendance à faire exactement le contraire.
Comme pour souligner ce fait, la guerre éclate autour de la partie ouest des Grands Lacs au printemps 1763. Un poste britannique, Michilimackinac, tombe aux mains d’une alliance dirigée par Pontiac, le chef des Ottawa ; un autre poste, detroit, ne doit son salut qu’à la chance.
La « rébellion » de Pontiac ne prend fin qu’en 1765 et Pontiac lui-même ne se soumettra pas aux Britanniques avant l’année suivante.
Le gouvernement britannique essaie de gagner du temps en publiant une proclamation royale le 7 octobre 1763. Cette proclamation a pour effet de tracer une ligne longeant en gros les appalaches et de réserver les terres situées à l’ouest aux amérindiens en y réglementant de manière stricte le commerce, au grand dam des spéculateurs fonciers,
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