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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bien. En effet, ils prirent la peine de me raccompagner là où ils m’avaient pris : dans le forum de Jules César. Quand j’eus retrouvé l’usage de mes sens, je reconnus, malgré ma vue trouble, la statue équestre du dictateur qui semblait contempler de haut le monde qu’il avait conquis, tout en m’ignorant impérialement.
    Sans trop y voir, je me mis à ramper vers ce que je pensais être les marches conduisant au temple de Vénus. Je les trouvai presque à tâtons. Arrivé devant le temple – du moins je l’espérais –, je m’évanouis.
     
    Quand je revins à moi, je m’aperçus que j’étais étalé de tout mon long sur la haute plate-forme d’où s’élevaient les merveilleuses colonnes corinthiennes. Si un visiteur étranger s’était présenté à ce moment-là pour visiter le monument, j’aurais pu l’informer de ce qu’il allait trouver à l’intérieur : de superbes statues de Vénus, de César, et de Cléopâtre jeune, ainsi que deux superbes peintures (de Timomachus) représentant Ajax et Médée. À l’extérieur, ils auraient eu devant eux le beaucoup moins célèbre Didius Falco, détective de son état, en train d’appeler au secours d’une voix si éraillée qu’aucun passant ne trouvait prudent de s’arrêter.
    Voilà du beau boulot, Falco, me dis-je in petto. Tant qu’à se retrouver à moitié paralysé, autant être installé dans ce magnifique forum romain, devant un temple célèbre dans le monde entier.
    Un prêtre sortit. Il me donna un coup de pied et passa vivement devant moi. Il m’avait pris pour l’un des mendiants habituels qui traînent sur les marches.
     
    Ce n’est que des heures plus tard que je le vis revenir. J’avais eu le temps de me préparer.
    — Aide-moi, au nom du divin Jules !
    J’avais vu juste : la plupart des prêtres ne peuvent pas résister à une supplique qu’on leur adresse au nom du glorieux homme qui assure leur subsistance. Il se peut aussi qu’ils aient peur d’être interpellés par un contrôleur du culte, qui se serait déguisé pour les mettre à l’épreuve.
    Après que j’eus réussi à l’arrêter, le prêtre condescendit à me faire charger dans une litière qui serait payée à l’arrivée par Petronius.
     
    Mon arrivée sanguinolente déclencha un branle-bas de combat dont je ne profitai pas, pour cause de nouvel évanouissement. Un bon conseil, pour ceux qui peuvent arriver à le suivre : éviter de faire des histoires.
    Ce n’était pas la première fois qu’on me livrait à Petronius comme un paquet de provisions pas fraîches, abandonné depuis trop longtemps au soleil de meridies. Mais on ne m’avait encore jamais transformé en gelée d’une manière aussi efficace.
    Heureusement qu’il se trouvait chez lui. Silvia faisait griller de la viande. Ses deux fillettes couraient dans la chambre au-dessus, en faisant autant de bruit qu’une légion en pleine action. Pour ajouter à mon agonie, l’une d’elles soufflait dans une flûte.
    Je sentis que Petro coupait ma tunique, en laissant échapper des jurons entre ses dents serrées ; j’entendis mes bottes tomber dans un baquet ; je respirai les odeurs familières qui s’échappaient de son coffre de médicaments. Il insista pour me faire ingurgiter de l’eau, afin de combattre le choc. Quelques gouttes pénétrèrent dans ma gorge en me brûlant ; bien davantage roulèrent le long de ma poitrine. Ensuite, ce n’était pas grave que je m’évanouisse pendant qu’il œuvrait sur moi. C’est donc ce que je fis.
    Il eut assez de bon sens pour laver la saleté et le sang coagulé, avant de laisser sa femme courir chercher Helena.

37
    Il m’était impossible de lui parler.
    Elle ne dit rien non plus. Seule la pression de sa main sur la mienne variait légèrement. Mes yeux enflés s’ouvraient à peine, mais elle sut détecter le moment exact où je me réveillai. Je parvenais à distinguer les contours familiers de son corps, ses cheveux relevés – comme elle aimait parfois les porter, retenus par des peignes de buis au-dessus des oreilles. Mais ses cheveux étaient trop fins, et le peigne gauche glissait toujours plus bas que l’autre.
    Son pouce se mit à bouger doucement, caressant le dos de ma main – sans doute un geste inconscient de sa part. En remuant le côté gauche de ma bouche, je parvins à émettre un son inintelligible. Elle se pencha tout de suite vers moi. Instinctivement, elle trouva le seul minuscule endroit de

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