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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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découvert, juste en cas.
    Je n’eus pas longtemps à attendre pour voir arriver la chaise à porteurs marron. Elle venait d’emprunter l’entrée est, et s’arrêta tout de suite sous le péristyle.
    Je scrutai les environs, essayant d’éventer les signes annonciateurs d’un guet-apens. Ne parvenant à déceler aucun mouvement suspect, je décidai de m’approcher. Quand j’écartai le rideau de cuir, j’étais déjà persuadé qu’Appius Priscillus ne serait pas à l’intérieur. Eh bien, j’avais tort.
    —  Allez, monte ! dit-il.

36
    J’eus une nouvelle fois l’impression de me retrouver face à un rat géant : il semblait n’être que dents et yeux perçants. Je montai, puisqu’il m’y invitait, mais à tout prendre, j’aurais préféré me retrouver en face de mon compagnon de cellule de la Lautumiæ.
    Personne ne pouvait accuser Priscillus de se vautrer dans le luxe. Il possédait la silhouette décharnée d’un homme qui a bien trop de préoccupations pour éprouver du plaisir à manger. Il portait une vieille tunique triste, à laquelle on ne pouvait rien reprocher de spécial, mais sa simple vue était déprimante : même moi, je l’aurais donnée à un mendiant et encore, la plupart des mendiants que je connaissais avaient trop bon goût pour l’accepter. Manifestement, un apprenti barbier s’était entraîné sur son menton pointu – sans doute parce que le fauteuil du barbier est censé être l’endroit idéal pour se procurer de bons tuyaux (j’aimerais savoir pourquoi : moi, je n’y attrape jamais que de la vermine). Aucune fanfreluche ne venait égayer sa tenue ; ses cheveux clairsemés étaient trop longs, et il aurait eu besoin de se faire couper les ongles. Pas du tout le genre d’individu qu’on imaginait en train de demander un contraceptif à son apothicaire (genre gomme de cèdre 1 )…
    Je savais déjà que Priscillus n’était pas marié. Maintenant, je comprenais pourquoi ! Non pas parce qu’il aurait été refusé par toutes les femmes (la plupart auraient volontiers toléré ses ongles sales et son aspect repoussant en échange de ses coffres bien remplis), mais cet avaricieux, qui semblait se maintenir tout juste en vie, n’avait jamais dû supporter l’idée de nourrir et de loger une entité aussi peu essentielle qu’une femme.
    Même avec deux passagers à bord, la chaise à porteurs repartit au pas de charge.
    — Où allons-nous ? demandai-je, un peu alarmé, avant même de me présenter.
    — J’ai une affaire à traiter au Champ de Mars. (Évidemment, il ne pouvait s’agir que d’affaires. On l’imaginait mal en train de visiter un temple ou de prendre de l’exercice !) Ainsi, tu es Falco ? Qu’est-ce que tu me veux ?
    Il s’exprimait avec un filet de voix, comme s’il voulait l’économiser elle aussi.
    — Seulement quelques réponses. Je travaille sur le meurtre de Novus.
    — Tu travailles pour qui ?
    — Je suis payé par Severina Zotica, répondis-je d’une manière un peu pédante.
    — Pauvre crétin ! Tu ferais mieux de te méfier de ta propre cliente, Falco !
    — Oh ! je me méfie d’elle. Mais occupons-nous de toi d’abord !…
    Il était très difficile de parler, parce que les porteurs continuaient de courir, et les secousses faisaient tressauter chacune de nos syllabes.
    — … Pour moi, Severina est une épouse professionnelle. Elle n’avait donc aucun mobile de tuer Novus avant d’être dans la situation de pouvoir hériter de lui. Les Hortensius et toi constituez de bien meilleurs suspects. (Ses yeux de rat lancèrent une menace qui me fit frissonner.) Désolé, mais je m’appuie sur les faits. Et les perspectives d’avenir ne sont pas trop bonnes pour toi, si tu as toujours l’intention de t’associer avec Felix et Crepito. Ça fait d’autant plus mauvais effet que tout Rome sait que Novus y était farouchement opposé. Je me demande bien pourquoi, d’ailleurs. (Priscillus se contenta de me foudroyer du regard.) Peut-être, répondis-je moi-même, ne voyait-il pas cette opération comme une association avec toi ? Il a dû croire que tu ne cherchais qu’à l’avaler. Quoi qu’il en soit, il était habitué à donner les ordres, juché sur son propre tas de fumier, et ne souhaitait être le second de personne. Mais la situation est différente pour les deux autres, qui ont toujours été ses subordonnés.
    Les porteurs venaient d’immobiliser la chaise.
    — Tu m’ennuies,

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