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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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m’apprendre, avec une délectation palpable, qu’Helena était sortie.
    Je lui demandai où elle était partie. À l’établissement de bains. Lequel ? Il l’ignorait – soi-disant. De toute façon, je ne le crus pas. La fille d’un sénateur quitte rarement la maison sans préciser où elle se rend. Même si rien ne l’oblige à dire la vérité. Juste une petite histoire pour faire gober au noble père que la prunelle de ses yeux est un modèle de vertu, et donner à sa mère (bien moins crédule) de nouvelles raisons de se faire du souci.
    Je tentai d’échanger quelques plaisanteries avec cette pâle imitation de Janus, le dieu gardien des portes, mais franchement, son esprit n’était pas à la hauteur du mien. Dégoûté, je m’apprêtais à faire demi-tour, quand j’aperçus la colombe égarée qui rentrait au logis.
    — Où étais-tu ? demandai-je plus sèchement que je ne l’eusse souhaité.
    Elle sursauta presque.
    — Je prenais un bain…
    Le tableau que j’avais devant moi le prouvait. Ses cheveux brillaient. Sa peau douce, massée avec une huile dont je ne parvenais pas à reconnaître le parfum, me donnait envie de mener une enquête rapprochée… Voilà que je recommençais à m’emballer. Je savais qu’elle en était parfaitement consciente, et je savais aussi qu’elle allait se moquer de moi. Je m’empressai donc d’en rire le premier.
    — Je viens juste de rendre visite à une diseuse de bonne aventure qui m’a assuré que mes amours étaient vouées au fiasco. Je me suis donc précipité ici.
    — Pour une dose de fiasco ?
    — C’est excellent pour l’intestin. Toi, en revanche, tu es appelée à une « haute destinée ».
    — Ça me coûterait trop d’efforts ! Est-ce que c’est comme un héritage ? Peut-on le refiler à quelqu’un d’autre ?
    — Non, madame, c’est écrit dans les astres une fois pour toutes. Heureusement, la prophétesse a découvert que j’étais mandaté par plusieurs constellations d’étoiles. En échange d’une petite somme, j’ai la possibilité d’agir sur le destin.
    — Rappelle-moi de ne pas t’avoir près de moi quand je file la laine… As-tu l’intention de rentrer avec moi pour continuer à me faire rire, ou n’ai-je droit qu’à ce bref aperçu, dans le but d’éveiller mon désir ?
    Comme le portier lui tenait la porte grande ouverte, je m’empressai de bondir à l’intérieur.
    — Et ça marche ? demandai-je, l’air de ne pas y toucher.
    — Quoi ?
    — J’éveille ton désir ?
    Helena Justina me répondit par un sourire énigmatique.
     
    Elle m’entraîna dans les profondeurs de la maison et m’installa dans un endroit retiré, sous une pergola. Puis, s’asseyant sur un siège près de moi, elle glissa une rose dans ma broche d’épaule. Obéissant à ses ordres, des esclaves se précipitèrent avec du vin qu’ils firent chauffer, des amandes, des coussins, et même un nouveau gobelet pour moi, car celui qu’ils m’avaient donné était ébréché… Étendu sur sa propre chaise longue, je profitais au mieux (en mordillant mon pouce) de toute cette attention dont je faisais l’objet. Elle paraissait incroyablement amoureuse. Quelque chose se préparait. Je me dis qu’il devait s’agir d’un sombre crétin de lignée sénatoriale, qui l’avait invitée à venir chez lui admirer sa collection de poteries grecques anciennes.
    — Marcus, raconte-moi ta journée. (Je le fis sur un ton morose.) Allons, il faut te secouer un peu ! Tu as besoin d’un peu d’excitation. Pourquoi ne pas aller voir tes clientes ? Elles vont t’aguicher, et ça te fera le plus grand bien. La visite au lapidaire semble avoir été une perte de temps, mais tu dois les mettre au courant pour l’astrologue et le marbrier. Il sera intéressant de voir comment elles vont réagir.
    — Tu veux vraiment m’envoyer dans l’antre de ces sorcières ?
    — Deux gaspilleuses trop bien nourries qui n’ont aucun goût, et certainement encore moins de scrupules à laisser tomber leurs robes !… Tu es capable d’y faire face, non ?
    — Qui t’a mise au courant ?
    — Je l’ai vu de mes propres yeux.
    — Helena Justina ! Comment ?
    — Je leur ai rendu visite cet après-midi, sous prétexte de vouloir fonder une école pour petites filles abandonnées. J’ai dit être persuadée que des femmes charitables comme elles accepteraient de m’aider – surtout celle qui est mère.
    — Par

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