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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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as-tu dit ?
    — Je lui ai dit la vérité, Falco.
    — Arrête de jouer avec les mots ! Si Novus est censé mourir dans les semaines qui viennent, mieux vaut me prévenir tout de suite…
    — Si cet homme est censé mourir, alors il mourra !
    — Je sens que tu vas finir par me dire que nous mourrons tous.
    — Mes dons sont passifs. Je parviens à interpréter le destin. Mon rôle n’est pas de le changer.
    — Ha ! Et tu n’essayes vraiment jamais de le forcer ?
    — Et toi ? rétorqua-t-elle.
    — J’ai été élevé par une bonne mère, alors la compassion a tendance à desservir ma vie professionnelle.
    — Ce doit être très décourageant.
    — Ce serait encore plus décourageant si les gens animés de mauvaises intentions pouvaient impunément les mettre en pratique.
    — Chaque force est opposée à une force antagoniste, affirma Tyche. Les influences maléfiques doivent être contrebalancées par les bonnes. (Toujours parfaitement immobile, elle m’adressa un sourire d’une telle intensité qu’il était insoutenable.) Peut-être es-tu toi-même un envoyé des astres ?
    — Aucune chance ! grognai-je, en essayant de ne pas rire. Je n’appartiens à aucun comité céleste. Je suis un esprit libre.
    — Pas tout à fait, je crois.
    Pendant un moment, elle parut sur le point de rire. Mais elle laissa l’envie passer et se rapprocha de la porte.
    Je fis la prédiction (pour moi seul) qu’un bel homme brun aux yeux intelligents allait devoir quitter rapidement sa maison.
    — Tyche, si tu refuses de me dire si Novus court un danger, apprends-moi au moins une chose : est-ce que Severina Zotica sera exécutée pour ses crimes ?
    — Oh ! non. Elle ne sera sans doute jamais heureuse, mais elle vivra très longtemps et mourra dans son lit.
    — Tu le lui as dit ?
    Le visage de la devineresse prit de nouveau une expression ironique.
    — Oh ! non. Nous n’avons parlé que de ses espérances de trouver le bonheur.
    — En fait, je pense que très peu de gens te demandent s’ils risquent d’être jetés aux lions en tant que criminels ?
    — C’est tout à fait vrai !
    — Et que lui as-tu dit au sujet de son mariage ?
    — Tu ne vas pas me croire.
    — Raconte toujours.
    — Le prochain mari de Severina deviendra vieux, et lui survivra.
    Je m’empressai de dire que c’était une bonne nouvelle pour le mari.
    Il était temps de partir. Je saluai la prophétesse avec tout le respect que j’accorde à quelqu’un capable de garder trois comptables occupés. Mais ces gens-là ne vous laissent jamais partir aussi facilement.
    — Veux-tu que je te fasse une prédiction, Falco ?
    — Est-ce que je pourrais t’en empêcher ?
    — Une personne qui t’aime est appelée à une grande destinée.
    — Une personne qui m’aime pourrait tomber beaucoup mieux ! La personne en question ne serait pas amoureuse de moi en ce moment, si elle avait assez d’esprit pour se choisir un avenir moins chaotique.
    — Ton cœur seul sait si c’est vrai.
    — Mon cœur est à ses pieds ! aboyai-je. Et je ne pourrais pas la blâmer si un jour elle m’envoyait balader. Mais ne sous-estime pas sa loyauté ! Tu m’as vu, mais tu ne peux pas porter un jugement sur ma dame.
    — Je peux juger n’importe qui, en voyant l’objet de son amour, rétorqua-t-elle sèchement.
    Ce qui, comme toutes les prédictions astrologiques, peut vouloir dire ce qu’on veut – ou rien du tout.
     
    Je revins sur mes pas jusqu’à la rue Abacus. À peine arrivé, je vis apparaître la chaise à porteurs de Severina. Je n’étais pas encore allé m’installer à ma table habituelle. Je me trouvais encore de l’autre côté de la rue, où je venais d’acheter une pomme à un vieux marchand de fruits. Il s’était mis à me parler de son verger à la campagne, pas très loin du potager de la famille de ma mère, et nous étions engagés dans une conversation si personnelle que je ne voyais pas comment y mettre un terme pour suivre la dame.
    J’étais en train de refuser, en essayant de ne pas froisser le vieil homme, le fruit gratuit qu’il tenait à m’offrir, quand je vis une femme dissimulée sous un voile épais passer discrètement la tête au bout du passage, tout près de l’échoppe du fromager. J’étais certain de reconnaître la silhouette de Severina et, de toute façon, la servante qui accompagnait la dame était bien celle de la chercheuse d’or…
    Jusqu’à ce jour,

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