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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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faire confiance ! Il y a cependant une chose, bougonnai-je, l’air pincé. Je ne tiens pas à être innocenté pour de fausses raisons. Si cette audience était un coup monté pour me faire ensuite accepter une mission de camouflage qu’aucun des employés du palais n’est capable d’accomplir, je préfère franchement retourner en prison.
    En s’empressant de me calmer, Titus se montra trop aimable pour être honnête.
    — Didius Falco, il n’y a aucune complication. Je déclare que tu es un homme libre !
    — Et libre de travailler comme je l’entends ?
    — Comme toujours ! assura-t-il.
    Puis, incapable de se contenir plus longtemps, il ajouta :
    — Alors, es-tu libre de faire quelque chose pour mon père ?
    Excellent. Directement de la prison au retour en grâce. Anacrites était au bord de l’apoplexie. Il n’avait pourtant aucun souci à se faire.
    — J’aimerais beaucoup, César, mais mon séjour en prison ne m’a rien valu. J’ai besoin de me reposer pour récupérer.
    Retour en grâce immédiatement suivi d’une nouvelle disgrâce.
    Titus me connaissait depuis quatre mois – suffisamment longtemps. Il déploya tout son charme.
    — Que puis-je faire pour te persuader de revenir travailler parmi nous, Falco ?
    — Eh bien… dis-je d’un air songeur. Premièrement, tu pourrais essayer de me payer pour la dernière mission effectuée pour le compte de Vespasien…
    — Il y a un deuxièmement ?
    — Tu pourrais me payer pour la mission précédente !
    Il avala une grande bouffée d’air.
    — La Bretagne ? Tu n’as jamais été payé pour la Bretagne ?
    J’adoptai mon air le plus humble. Debout dans l’ombre de son trône, Titus aboya un ordre à un secrétaire, avant de se retourner vers moi en m’assurant que des dispositions allaient être prises immédiatement.
    — Merci, César, dis-je.
    Je lui dévoilai ensuite le fond de ma pensée : comme je l’avais appris à mes dépens, « immédiatement » était un mot de code du palais signifiant « différé indéfiniment ».
    — Une fois que tu auras reçu l’argent, peut-être seras-tu en mesure de reprendre tes missions officielles ?
    — Une fois que je l’aurai reçu ! le défiai-je. Ah ! autre chose… (Je penchai alors la tête sur le côté, de façon à inclure Anacrites dans la conversation.) Si le verdict d’aujourd’hui est qu’on n’aurait jamais dû me mettre en prison, puis-je espérer que l’argent versé au geôlier par ma vieille mère pour ma caution va lui être restitué ?
    Ce salaud était bel et bien coincé. Il devrait s’exécuter, ou reconnaître que le cerbère avait accepté un pot-de-vin de ma mère. Anacrites avait tout le personnel de la Lautumiæ dans sa poche, et tenait évidemment à préserver le statu quo…
    Titus lui ordonna de régler ce problème. (Il faut dire qu’il était issu d’une étrange famille, où les femmes respectaient les hommes et les hommes leur mère.) Anacrites me gratifia d’un regard meurtrier. Il ferait tout pour se venger, mais en attendant, il n’avait d’autre choix que d’obtempérer. Il disparut furtivement. Je suis sûr qu’à sa naissance, sa mère lui avait jeté un seul coup d’œil, avait poussé un cri, et l’avait abandonné dans le caniveau d’une allée sombre.
    Après lui, ce fut au tour de Proculus, de Justus et de leur centurion d’être congédiés. Je vis alors les membres de la suite se détendre, en regardant Titus bâiller et s’étirer. Il avait dû faire de mon interrogatoire la conclusion de sa journée d’audiences. Alors, puisque j’étais un homme libre, et libre de faire ce que je voulais, il me demanda si j’étais aussi libre pour dîner avec lui.
    — Merci, César. Je dois avouer qu’il existe de plaisantes raisons pour se laisser embobeliner à travailler pour les politiciens !
    Son visage s’éclaira aussitôt d’un aimable sourire.
    — Dis-toi que je te garde peut-être sous la main au cas où ton banquier « oublierait » d’envoyer certaine somme…
    Ma première pensée était la bonne : il n’y a rien de plus idiot que de s’impliquer avec des politiciens.

23
    Comme tout le monde, j’avais entendu dire que les banquets organisés par Titus se terminaient tard dans la nuit, après avoir dégénéré en bacchanales. Le bon peuple aime à se repaître de scandales. Et, à dire vrai, je n’ai rien contre, moi non plus. Alors, après mon deuxième séjour en prison,

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