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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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aperçue.
    — Ses porteurs ne sont plus là, alors elle doit être partie, intervint quelqu’un d’autre.
    — Eh bien, j’aimerais voir Novus.
    Un jeune garçon se dévoua pour aller lui poser la question. Les esclaves continuaient de s’amuser entre eux, et ils avaient visiblement hâte d’être débarrassés de ma présence. Heureusement, le messager revint très vite, pour m’apprendre que Novus n’était ni dans sa chambre, ni avec Crepito et Felix qui l’attendaient pourtant pour vider un dernier gobelet de vin.
    Les esclaves se désintéressèrent alors totalement de moi, ce qui ne m’empêcha pas d’insister. Il était hors de question que je reparte sans obtenir le moindre renseignement en échange de mes ampoules aux pieds.
    — Écoutez ! Novus est forcément quelque part !
    L’homme à l’aiguière dorée se mit à rire.
    — Je crois, en effet, qu’il est quelque part. La dernière fois que je l’ai vu, il était plié en deux, et il courait !
    — Il a mangé quelque chose qui ne lui a pas réussi ? demandai-je.
    Il faisait une chaleur lourde. Ma tunique me collait désagréablement au cou et à la poitrine.
    — Sans doute la quantité, persifla le buveur.
    Il me remit en mémoire les mauvaises manières de Novus en train de se goinfrer et de lécher son assiette.
    — Il y a longtemps que tu l’as vu partir en courant ?
    — Oui, un bon moment.
    Je jetai un coup d’œil à Hyacinthus.
    — Tu ne penses pas qu’il pourrait être malade dans les latrines ? (Les esclaves échangèrent des regards ennuyés.) Est-ce qu’il aurait appelé, s’il ne se sentait pas bien ?
    — En général, dans ces cas-là, il hurle qu’on lui fiche la paix. Il aime rester seul quand il a des problèmes d’indigestion. De toute façon, ajouta l’homme à l’aiguière en ricanant, qu’est-ce qu’on pourrait faire pour lui ? Chier est une chose que même les riches doivent faire seuls.
    Hyacinthus, qui était resté silencieux, parut devenir aussi pensif que moi.
    — Ça ne coûte rien d’aller voir, concéda-t-il.
    Tous les autres refusèrent de faire l’effort. Hyacinthus et moi nous mîmes seuls en quête de Novus.
    Comme dans la plupart des maisons qui possèdent leurs propres lieux d’aisances, les latrines des Hortensius étaient situées le long de la cuisine. Ainsi, il était facile d’y jeter l’eau restant au fond des pots ou des marmites pour les nettoyer. La maison des affranchis disposait d’un cabinet à trois places, mais nous n’y trouvâmes qu’un seul occupant.
    Hortensius Novus avait dû ouvrir la lourde porte à la volée, et elle avait claqué derrière lui. Le banquet terminé, presque aucun bruit ne provenait de la cuisine. Il s’était retrouvé seul dans le silence et l’obscurité du réduit. Quelle peur il avait dû éprouver, s’il était encore assez sobre pour comprendre ce qui lui arrivait… S’il avait appelé à l’aide avant de se retrouver paralysé, personne n’avait dû l’entendre.
    À l’humiliation de la situation qui était la sienne s’était certainement ajoutée beaucoup de souffrance. Heureusement que tout s’était passé très vite. Et il était mort dans un lieu intime.

24
    — Oooooh ! hurla Hyacinthus.
    Il se tourna instinctivement vers la cuisine pour appeler, mais je le retins par le bras et lui posai une main sur la bouche.
    — Ne donne pas encore l’alarme !
    Hortensius Novus était couché par terre. Il s’était écroulé alors qu’il se trouvait à mi-distance entre les sièges des toilettes et la porte. Fauché par la mort, qui met un point final à tout. Avec un peu de chance, il n’était déjà plus conscient quand son visage avait heurté les dalles de pierre.
    Je pris beaucoup de précautions pour me pencher sur lui et poser ma main sur son cou. Simple formalité. Je connaissais le résultat à l’avance. J’aperçus alors la vilaine grimace qui lui déformait les traits. Quelque chose de bien pire qu’une simple colique l’avait abattu. Et il avait pris conscience que la mort s’emparait de lui.
    Il était encore chaud, mais pas assez chaud pour qu’il soit possible de le ranimer. Sans être médecin, je savais que ce n’était pas une banale indigestion qui avait eu raison du cœur de l’affranchi.
    — Quelqu’un s’est débrouillé pour l’avoir, Falco !
    L’esclave devint quasiment hystérique, et je sentis aussitôt un vent de panique souffler sur moi. Mais je m’étais

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