Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
J’ajouterai simplement qu’une fois
dénudés, sa poitrine adipeuse, ses fesses boutonneuses et ses membres grêles
avaient de quoi faire rendre à tout spectateur son dernier repas. J’étais
abasourdi qu’une créature aussi répugnante eût pu en convaincre une autre qui
l’était aussi peu à jouer à « celui qui fait » (al-fa’il) et
« celui qui se laisse faire » (al-mafa’ul).
    Si l’instrument al-fa’il de Narine, alors
étroitement inséré à l’endroit où il se trouvait, m’était invisible, celui du
jeune homme, en revanche bien dégagé sous son ventre, arborait son aspect de candelòto bien rigide. Je ne manquai pas de trouver cela curieux, personne, pas plus
lui que Narine, n’étant alors en train de le lui manipuler. Et je fus encore
plus surpris lorsque lui et Narine se mirent à grogner et se convulser de
concert, de voir le candelòto en question (toujours sans qu’il ait été
ni stimulé ni manié) éjaculer une giclée de sperme sur la paille qui couvrait
le sol.
    Après que, pantois d’extase, tous deux fussent restés
un instant immobiles, Narine souleva sa corpulence luisante de sueur du dos du
jeune homme. Sans chercher à se rincer avec l’eau de l’abreuvoir du chameau,
sans même essuyer avec un peu de paille son tout petit organe, il commença à
renfiler ses vêtements en fredonnant un petit air guilleret. Le jeune homme,
plus indolent, finit lui aussi par se rhabiller lentement, comme s’il prenait
franchement plaisir à exhiber son corps nu en dépit de si disgracieuses
circonstances.
    M’appuyant sur la cloison d’une stalle, je m’adressai
à l’esclave comme si nous étions en train de converser de la façon la plus
naturelle et enjouée :
    — Tu sais quoi, Narine ? Les vauriens et les
polissons sont légion, dans les chants comme dans les histoires. Je pense à des
personnages tels qu’Encolpios ou Renart le goupil, par exemple. Ils mènent une joyeuse
existence de vagabonds, grâce à leur esprit plein d’astuce, sans jamais se
rendre coupables du moindre crime ni commettre le moindre péché. Leurs frasques
se limitent à des fredaines ou de simples plaisanteries. Ils ne volent jamais
que des brigands, leurs exploits galants ne sont jamais sordides, ils boivent
et font la fête en sachant rester dignes et sans verser dans une ébriété
débridée. Lorsqu’ils jouent de l’épée, cela ne va jamais plus loin qu’une
petite blessure superficielle. Ils ont une grâce irrésistible, les yeux
pétillants et le rire facile, même lorsqu’ils montent sur l’échafaud,
puisqu’ils ne finissent jamais pendus. Quelle que soit l’aventure qu’ils
vivent, ces chenapans de grands chemins sont toujours pleins de charme et de
panache, aussi malins que drôles. À écouter ce genre d’histoire, on n’a qu’une
envie, celle de rencontrer en personne l’un de ces fiers, braves et estimables
vauriens.
    — Et grâce à moi, vous l’avez fait, enchaîna
Narine.
    Faisant cligner ses yeux porcins, il sourit à pleines
dents, dévoilant ainsi ses chicots jaunâtres, et prit une pose qu’il jugeait
sans doute avantageuse.
    — C’est cela, en effet, poursuivis-je. Le
problème, c’est que tu n’as strictement rien ni d’estimable ni d’admirable. Et
si tu incarnes le sacripant typique, alors c’est que ces histoires sont de
fichues balivernes et que le chenapan n’est qu’un infâme cochon. Presque aussi
immonde de corps que d’esprit, tu es un personnage repoussant, d’apparence
répugnante, et tes inclinations barbotent au niveau écœurant du cloaque. Tu
méritais intégralement, en fait, l’huile bouillante de laquelle je t’ai sauvé
dans un coupable accès d’indulgence.
    Le bel étranger éclata d’un rire grossier à cette
tirade. Narine renifla, se contentant de murmurer :
    — Tout de même, maître Marco, en tant que dévot
musulman, permettez-moi de m’offusquer d’être comparé à un porc...
    — J’aimerais que tu regimbes autant à t’accoupler
avec une truie, ajoutai-je, impavide. Mais de cela, je doute.
    — Je vous en prie, jeune maître. Je voue le respect
le plus scrupuleux au Ramadan qui interdit les relations entre un homme et une
femme musulmans. J’admets bien volontiers que, même les mois où c’est permis,
j’ai un peu de mal à attirer les femmes depuis que mon joli visage a été
défiguré par la mésaventure survenue à mon nez.
    — N’exagérons rien, le rassurai-je, un brin
sarcastique.

Weitere Kostenlose Bücher