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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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d’autant plus minuscule à côté de la haute stature de Barnum. Victoria les reçoit en simple robe noire, sans bijoux, au point que son apparence fait un contraste frappant avec les dames de la cour toutes plus brillamment vêtues qu’elle. Tom Pouce interprète son répertoire de chansons et d’imitations, celle de l’empereur Napoléon suscitant la plus grande hilarité.
    Victoria ne s’en lassant pas, il revient à deux reprises, Barnum repartant chaque fois avec une bourse qui compense la relâche occasionnelle à l’Egyptian Hall. Lorsqu’ils se retirent, en saluant à reculons, les courtes jambes du Général ne lui permettent pas de tenir l’allure de Barnum. Il court pour le rattraper et recommence ses courbettes. Un caniche de la reine le poursuit en jappant. Tom Pouce improvise un combat drolatique, en repoussant le fauve avec sa canne.
    On apprécie que Victoria ait des goûts populaires. Elle aime le cirque et les dompteurs de lions, les figures de cire de Mme Tussaud, les peintures animalières de Landseer, les opéras bouffes, les romans sentimentaux à la Walter Scott et les beaux sermons.
    Le prince Albert a extirpé de sous un divan un nouvel intrus, qui séjournait en cachette dans le palais pour espionner leur vie quotidienne. Le dénommé Henry Holford est simplement éconduit : Albert s’oppose formellement à ce que des poursuites soient engagées. Bientôt, les aventures de Henry Holford sont publiées, notamment dans Les Mystères de Londres , un de ces feuilletons à un penny le numéro qui amusent le peuple par de rocambolesques histoires à suivre. Sur le modèle des Mystères de Paris d’Eugène Sue, le journaliste George Reynolds y décrit des scènes contrastées des différentes classes sociales, illustrées de gravures. Les lecteurs ont ainsi l’impression de regarder vivre la reine chez elle par le trou de la serrure. Saviez-vous qu’elle prend son breakfast en causant avec son mari comme Madame Tout-le-monde ? Vicky, la princesse royale, sûre de trouver toujours son papa prédisposé en sa faveur, se dissipe comme les petites filles de son âge.
    Au printemps, la bourgeoise sérénité du pays est soudain troublée. François d’Orléans, prince de Joinville, le fils de Louis-Philippe, a fait paraître une Note sur l’état des forces de la France . Le texte est rapidement traduit et publié en anglais, les journaux en reproduisent des extraits. L’émotion est grande : Joinville y déclare qu’il pense la France capable de supporter une guerre avec n’importe quelle puissance, « y compris l’Angleterre ». La France possède la deuxième marine au monde. Une flotte de navires à vapeur pourrait infliger à la Grande-Bretagne des pertes inouïes et, pour la première fois depuis longtemps, détruire sa confiance en soi. Des corsaires pourraient aisément agir avec efficacité contre son commerce, qui s’étend sur toute la surface des mers.
    Victoria et Albert ne comprennent pas quelle mouche a piqué Joinville : un tel libelle est de nature à anéantir l’entente cordiale qu’ils ont ensemble pris peine à faire naître l’année précédente. À l’occasion de leur visite au château d’Eu, le prince lui-même s’est montré si prévenant et si charmant, il les a ensuite accompagnés jusqu’à Brighton pour passer quelques jours au Pavillon…
    La reine demande à son ministre des Affaires étrangères, Lord Aberdeen, de lire ce pamphlet :
    « Bien que cela n’ôte rien à l’extrême imprudence de la publication du prince, ce n’est certainement pas écrit pour insulter l’Angleterre, et au contraire cela prouve que nous sommes immensément supérieurs à la marine française. »
    On préférera donc considérer que ce n’est là qu’une fâcheuse maladresse, dont on évitera soigneusement de parler. Victoria et Albert décident que cela ne changera certainement rien à leurs bons rapports avec le prince de Joinville.
    Il n’en reste pas moins que cet incident tombe bien mal. Les Britanniques n’oublient pas que les Français viennent de s’emparer de Tahiti, dont la reine Pomaré cultivait jusqu’alors les meilleures relations avec l’Angleterre. Il leur est difficile de comprendre les motivations pragmatiques de ces actions, qui dans l’immédiat ont surtout pour conséquence d’entretenir la méfiance entre les deux nations.
    C’est le moment que choisit le tsar Nicolas I er pour faire à la reine d’Angleterre une

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