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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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l’occasion de visiter la capitale de la Belgique, mais aussi les villes de Gand, Bruges et Anvers.
    « Péniblement bref ! Ce fut une telle joie pour moi de me trouver sous le toit de celui qui fut pour moi un père ! »
    L’avenir, ils l’espèrent, montrera que Victoria et Albert ont été les artisans bien avisés d’une entente cordiale entre la France et l’Angleterre. Ayant ainsi démontré son utilité diplomatique, la monarchie ne pourra qu’y gagner en popularité. Cependant, il convient de travailler à améliorer l’image de la reine, et plus encore celle d’Albert. La meilleure manière de s’y prendre est d’organiser une tournée, en choisissant de descendre dans des lieux qui ne puissent trahir aucun esprit partisan.
    Au château de Belvoir, demeure du duc de Ruthland, dans le Leicestershire, le prince est invité à chasser le renard à courre. C’est l’occasion pour lui de faire la démonstration de ses talents de cavalier, et de prouver qu’il sait monter avec une fougue et une élégance qui font honneur à l’Angleterre.
    « On peine à croire à quel point les gens d’ici sont absurdes, écrit Victoria à Léopold, mais Albert a monté si gaillardement et brillamment qu’il a fait sensation, à tel point qu’on en a parlé dans tout le pays, et qu’ils en font beaucoup plus cas que s’il avait accompli quelque grande action ! »
     
    À l’université de Cambridge, où Albert se voit remettre un doctorat honoris causa , la réception n’a rien de commun avec l’accueil mitigé qui leur avait été réservé à Oxford, où Melbourne avait été conspué. À deux reprises, lors de son arrivée et de son départ, les universitaires font à Victoria un tapis de leurs toges, comme le fit jadis Walter Raleigh de son manteau pour la reine Elizabeth. Le professeur Sedgwick les guide dans le Muséum d’histoire naturelle, où l’on voit d’étonnants squelettes de plésiosaure et autres animaux disparus. Le professeur Whewell, qui s’obstine à vouloir marcher à reculons devant la souveraine, comme il est d’usage à la cour, se cogne un peu dans les meubles.
    « Quels sont ces papiers qui flottent sur la rivière ? lui demande Victoria, à propos des détritus qui jonchent la Cam.
    — Oh ! répond Whewell avec sa verve d’Écossais, ce sont des notices qui indiquent que la baignade est interdite. »
    Après avoir séjourné au manoir de Drayton, chez le Premier ministre Sir Robert Peel, la reine et le prince se rendent à Birmingham. Au cœur du bassin industriel des Midlands, la ville est un fief radical ; le maire est un bonnetier, chartiste déclaré. Pourtant, toute la population semble être descendue dans la rue pour acclamer Victoria et Albert avec toute la bienveillance qui se puisse imaginer. Le discours du prince, qui a tenu personnellement à venir parler ici, est admirablement bien reçu. Dans son adresse, le maire les assure « de la loyauté et du dévouement de tout le mouvement chartiste ».
    « Le bien que sa visite a fait est immense, écrit Victoria à Léopold, car Albert a parlé à tous ces manufacturiers dans leur propre langage, ce à quoi ils ne s’attendaient pas, parce que ces pauvres gens ont seulement l’habitude d’entendre des démagogues et des chartistes. »
     
    À Chatsworth, la splendide demeure du duc de Devonshire, Victoria et Albert sont éblouis par les créations du jardinier Joseph Paxton. Formé à Kew Gardens, les jardins botaniques de Londres, Paxton est un paysagiste de génie. Le duc, qui est l’un des principaux mécènes d’expéditions de recherches, collectionne des spécimens de toutes les espèces de végétaux connus.
    Pour abriter les plantes et les arbres tropicaux, Paxton vient de terminer la construction d’une serre en verre, montée sur des armatures métalliques. C’est un bâtiment de deux étages, tous deux de forme arrondie, de 84 mètres de long, 61 de large et 37 de haut. Une porte cochère, dont les chambranles sont des colonnes doriques surmontées d’un fronton triangulaire, ouvre sur une allée assez large pour que des voitures puissent traverser l’ouvrage d’un bout à l’autre.
    Dans le ventre transparent de cet étrange navire de verre renversé, où règne une atmosphère tiède et moite, se côtoient les végétations de divers continents lointains. C’est la plus grande serre au monde.

27
    La cour se fige dans un deuil ostentatoire. Le père d’Albert est mort. Le

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