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Victoria

Victoria

Titel: Victoria Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joanny Moulin
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de leur accent chantant, aux r roulés et aux voyelles étonnantes. Elle est vêtue d’une simple robe de coton clair et d’un bonnet de dentelle tenu par un ruban. Un châle passé autour de la taille, sur le vertugadin et aux creux de ses bras nus, elle s’abrite sous une large ombrelle.
    « Bonne journée, Ma’am  ! »
    Qu’ils l’aient reconnue ou non ne fait aucune différence.
     
    Aux premiers jours d’octobre, le yacht Victoria & Albert fait route vers le sud. Comme à chacun de ses déplacements, la reine est accompagnée d’un des membres de son gouvernement : en l’occurrence, elle voyage avec son ministre des Affaires étrangères, le comte d’Aberdeen. Le lord écossais est ému de l’entendre lui dire tout le bien qu’elle pense de son pays.
    « Lord Aberdeen était très touché quand je lui ai dit combien je suis attachée à ces chères Highlands et ces chers, chers Highlanders, qui sont un si beau peuple, tellement actif et chevaleresque. »
    Les côtes anglaises paraissent à la reine « terriblement plates ». Après la pastorale écossaise, le retour aux trépidations de la vie moderne, dans les fumées et les fureurs de Londres, fait un contraste saisissant. Pourtant, l’agitation qui, quelques semaines auparavant, s’était emparée de la capitale s’est apaisée. Les fulminations guerrières qu’avaient excitées le pamphlet de Joinville et la crise tahitienne se sont calmées. Les Français ont finalement accepté de dédommager Mr Pritchard et de laisser à la reine Pomaré sa nationalité britannique. Ils n’en demeurent pas moins les maîtres de Tahiti.
    Victoria écrit à Léopold, sachant que ce qu’elle lui dit sera répété à Louis-Philippe :
    « Le dangereux nuage politique, je l’espère, paraît moins noir et moins menaçant. Mais je pense que ce fut très maladroit de la part de Guizot de n’avoir pas tout de suite dénoncé d’Aubigny pour ce que vous appelez vous-même un “outrage”, au lieu de laisser traîner les choses pendant quatre semaines et d’exaspérer notre peuple. »
    Le 8 octobre 1844, le prince est parti à 6 heures du matin, avec le duc de Wellington, pour aller à Portsmouth accueillir le roi des Français.
    « Quelles émotions doivent être les siennes ! écrit Victoria à Léopold. Il est le premier roi de France qui ait jamais rendu visite au souverain de ce pays. »
    Pour l’heure, mieux vaut ne pas trop se souvenir que Jean II le Bon vint en Angleterre, prisonnier du Prince Noir, après la bataille de Poitiers, en 1356.
    Louis-Philippe a l’air ému, et ses mains tremblent un peu quand il descend de voiture. C’est un vieil homme aux cheveux blancs, tête nue, qui s’empresse d’embrasser Victoria très affectueusement. Il fait assaut de civilité, soucieux qu’il est de paraître beaucoup plus agréable que l’empereur de Russie, dont on lui a rapporté les façons très militaires. Il s’extasie sur tout ce qu’il voit ou entend.
    « Dieu que c’est beau ! » s’exclame-t-il en arrivant à Windsor.
    La reine l’intronise dans l’ordre de la Jarretière. La Corporation de la Cité de Londres fait le déplacement à Windsor pour lui faire hommage. Le duc de Montpensier assure Victoria que le fâcheux pamphlet de son frère le prince de Joinville a été mis sous séquestre, sauf cinquante exemplaires qui n’ont pu être retrouvés.
    « Les Français, dit Louis-Philippe, ne souhaitent pas la guerre, mais ils aiment à faire claquer le fouet comme des postillons, sans voir le mal qui pourrait en résulter. »
    Dans l’intervalle, le prince de Joinville s’est illustré d’une autre manière. Au mois d’août 1844, il a pris la tête d’une expédition contre le Maroc. D’ores et déjà maître de Tanger, il se dirige vers Mogador, pour poursuivre par les armes la conquête de ce pays.
    « Les Français, dit encore leur roi, ne comprennent pas comment on peut être négociants, comme les Anglais, ni la nécessité de la bonne foi, qui assure à ce pays une telle stabilité. La France ne peut pas faire la guerre à l’Angleterre, qui est le Triton des mers : l’Angleterre a le plus grand empire du monde. »
    Le « roi des barricades » tient à retourner à Twickenham et à Claremont, sur les lieux où il a vécu dans ses années d’exil. Il raconte des histoires de ce temps-là, comme lorsqu’il avait trouvé refuge dans les Grisons, où il subsistait comme instituteur sous le nom

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