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Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I

Titel: Vie de Franklin, écrite par lui-même - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Franklin
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exact à me tenir sa parole. Il me permit de chercher dans le sac, les lettres du gouverneur. Je n'en trouvai pas une seule sur laquelle mon nom fût écrit, comme devant être confiée à mes soins : mais j'en choisis six ou sept, que je jugeai, par les adresses, être celles qui m'étoient destinées.
    Il y en avoit entr'autres une pour M. Basket, imprimeur du roi, et une autre pour un marchand de papier, qui fut la première personne chez qui j'allai.
Je lui remis la lettre comme venant du gouverneur Keith.—«Je ne le connois pas, me dit-il».—Puis, ouvrant la lettre, il s'écria :—«Oh ! elle est de Riddlesden ! J'ai découvert depuis peu que c'est un coquin fieffé ; et je n'ai envie ni d'avoir affaire avec lui, ni de recevoir de ses missives».—En même-temps, il mit la lettre dans mes mains, tourna les talons, et se mit à servir quelques chalands.
Je fus très-surpris de voir que ces lettres n'étoient point du gouverneur ; Réfléchissant alors sur ses délais, et m'en rappelant toutes les circonstances, je commençai à douter de sa sincérité. J'allai trouver mon ami Denham et lui racontai toute l'affaire. Il me mit tout de suite au fait du caractère de Keith, me dit qu'il n'étoit nullement probable qu'il eût écrit une seule lettre en ma faveur ; et que tous ceux qui le connoissoient, n'avoient aucune confiance en lui. Le bon quaker ne put s'empêcher de rire de ce que j'avois été assez crédule pour croire que le gouverneur me procureroit du crédit, lorsqu'il n'avoit aucun crédit pour lui-même. Comme je lui montrai quelqu'inquiétude sur le parti que j'avois à prendre, il me conseilla de chercher à travailler chez un imprimeur.—«Là, me dit-il, vous pourrez vous perfectionner dans votre profession, et vous vous mettrez à même de vous établir plus avantageusement quand vous retournerez en Amérique.»
Nous savions déjà, aussi bien que le marchand de papier, que le procureur Riddlesden étoit un coquin. Il avoit presque ruiné le père de miss Read, en l'engageant à être sa caution.
    Nous apprîmes par sa lettre, que, de concert avec le gouverneur, il tramoit secrètement une intrigue pour nuire à M. Hamilton, sur le voyage duquel il avoit compté. Denham, qui étoit ami d'Hamilton, pensa qu'il falloit l'instruire de cette perfidie. Aussi, dès qu'il arriva en Angleterre, ce qui ne tarda pas, je me rendis chez lui, et autant par intérêt pour lui que par ressentiment contre le gouverneur, je lui donnai la lettre de Riddlesden. L'information qu'elle contenoit étoit très-importante pour lui ; il m'en remercia beaucoup ; et dès ce moment, il m'accorda son amitié qui, depuis, m'a été souvent très-utile.
Mais que faut-il penser d'un gouverneur, qui joue de si misérables tours, et trompe si grossièrement un pauvre jeune homme sans expérience ? C'étoit sa coutume. Voulant plaire à tout le monde, et ayant peu à donner, il prodiguoit les promesses. D'ailleurs, sensible, judicieux, écrivant assez bien, il étoit bon gouverneur pour la colonie, mais non pour ses commettans, dont il dédaignoit fréquemment les instructions. Plusieurs de nos meilleures loix ont été établies sous son administration, et sont son ouvrage.
Nous étions, Ralph et moi, toujours inséparables. Nous prîmes ensemble un logement qui nous coûtoit trois schellings et demi par semaine ; car nous ne pouvions pas y mettre davantage. Ralph trouva quelques parens à Londres : mais ils étoient pauvres et hors d'état de l'assister. Il me dit alors, pour la première fois, que son intention étoit de rester en Angleterre, et qu'il n'avoit jamais pensé à retourner à Philadelphie. Il étoit absolument sans argent ; le peu qu'il avoit pu s'en procurer, ayant à peine suffi à payer son passage. Quant à moi, j'avois encore quinze pistoles.
    Ralph avoit de temps en temps recours à ma bourse, pendant qu'il cherchoit de l'emploi.
Se croyant d'abord beaucoup de talent pour l'état de comédien, il songea à monter sur le théâtre : mais Wilkes, à qui il s'adressa, lui conseilla franchement de renoncer à cette idée, parce qu'il lui étoit impossible de réussir. Il proposa ensuite à Roberts, libraire dans Pater-Noster-Row, d'écrire pour lui une feuille hebdomadaire dans le genre du Spectateur : mais les conditions qu'il y mit, ne convinrent point à Roberts. Enfin, il essaya de se procurer du travail comme copiste. Il parla aux gens de loi et aux marchands de papier des environs du

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