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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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la nouvelle du meurtre de Caligula, on l’exhortait à profiter de l’occasion ; mais il préféra le repos. (2) Claude lui en sut tant de gré qu’il le rangea au nombre de ses amis, et l’honora d’une si haute considération qu’il retarda l’expédition de Bretagne à cause d’une légère indisposition qui lui était survenue. (3) Il fut deux ans proconsul d’Afrique. On l’avait nommé sans tirage au sort pour ramener l’ordre dans cette province, troublée par des divisions intestines et inquiétée par les incursions des Barbares. Il s’acquitta de cette tâche avec beaucoup de sévérité et de justice, même dans les plus petites choses. (4) Un soldat, dans une expédition où les vivres manquaient, avait vendu cent deniers une mesure de froment qui lui restait de sa provision. Galba défendit qu’on lui fournit aucun aliment lorsqu’il en aurait besoin, et le soldat mourut de faim. (5) Un jour qu’il rendait la justice, des gens se disputaient la propriété d’une bête de somme. De part et d’autre les preuves et les témoignages étaient si faibles, qu’on ne pouvait aisément découvrir la vérité. Il ordonna que l’on conduirait l’animal à l’abreuvoir, la tête couverte ; qu’ensuite on lui ôterait son voile, et qu’il appartiendrait à celui vers lequel il irait de son propre mouvement.
     
VIII. Ses récompenses. Son commandement en Espagne. Des prodiges l’appellent au trône
    (1) En récompense de ce qu’il fit alors en Afrique et de ce qu’il avait fait autrefois en Germanie, il reçut les ornements triomphaux et un triple sacerdoce par lequel il fut agrégé aux quindécemvirs, au collège des prêtres Titiens et à celui des prêtres d’Auguste. Depuis ce temps jusque vers le milieu du règne de Néron, il vécut presque toujours dans la retraite, ne sortant jamais hors de la ville en litière sans être suivi d’un fourgon qui portait un million de sesterces en or. Il était à Fondi lorsqu’on lui offrit le commandement de l’Espagne tarragonaise. (2) À son arrivée dans cette province, tandis qu’il sacrifiait dans un temple, les cheveux blanchirent tout à coup à un jeune esclave qui tenait l’encens. On ne manqua pas de dire que c’était le présage d’une révolution, et qu’un vieillard succéderait à un jeune homme, c’est-à-dire Galba à Néron. (3) Peu de temps après, la foudre tomba dans un lac chez les Cantabres, et l’on y trouva douze haches qui désignaient clairement la puissance souveraine.
     
IX. Inégalité de sa conduite dans son gouvernement d’Espagne. Il accepte le rôle de libérateur du monde. Des prodiges l’appellent au trône
    (1) Il gouverna pendant huit ans cette province avec une extrême inégalité. D’abord actif, prompt et outré dans la répression des délits, (2) il alla jusqu’à couper les mains à un changeur infidèle et à les clouer sur son comptoir. Il fit mettre en croix un tuteur pour avoir empoisonné son pupille, dont les biens devaient lui revenir ; et, comme il invoquait les lois en attestant sa qualité de citoyen romain, pour adoucir sa peine par quelques distinctions, il ordonna qu’on changeât sa croix et qu’on lui en dressât une beaucoup plus élevée et d’un bois blanchi. (3) Peu à peu, il tomba dans le relâchement et la paresse, afin de ne point donner d’ombrage à Néron. Il avait coutume d’alléguer, pour motif de cette conduite, que personne n’était obligé de rendre compte de son inaction. (4) Il tenait à Carthagène une assemblée provinciale, lorsqu’il apprit le soulèvement des Gaules. Le lieutenant d’Aquitaine lui demandait des secours quand il reçut une lettre de Vindex qui l’exhortait à se déclarer le chef et le libérateur du genre humain. (5) Il ne balança pas longtemps, et y consentit non moins par crainte que par ambition ; car il avait surpris des ordres que Néron avait envoyés en secret à ses agents pour se défaire de lui. D’ailleurs il avait pour lui les auspices et les présages les plus heureux, ainsi que les prédictions d’une vierge respectable qui lui inspiraient d’autant plus de confiance, qu’elles avaient été prononcées déjà plus de deux cents ans auparavant par une jeune fille qui lisait dans l’avenir, et que, dans la ville de Clunie, le grand prêtre de Jupiter, averti par un songe, venait de retirer les vers qui les renfermaient. (6) Cet oracle annonçait qu’un jour ce serait de l’Espagne que sortirait le

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