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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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disposition à tous les arts civils et militaires ; (2) beaucoup d’habileté à manier les armes et le cheval ; une connaissance parfaite de la langue grecque et de la langue latine ; une facilité extrême pour l’éloquence. Quant à la musique, la poésie et même l’improvisation, il en connaissait assez pour chanter avec méthode et jouer avec goût. (3) Je tiens de plusieurs personnes qu’il écrivait si vite, qu’il s’amusait à lutter avec ses secrétaires, et qu’il savait si bien contrefaire toutes les écritures, qu’il disait souvent qu’il aurait pu devenir un excellent faussaire.
     
IV. Son mérite militaire. Ses mariages. Ses exploits en Judée
    (1) Il servit, comme tribun militaire, en Germanie et en Bretagne, avec autant de talent et d’éclat que de modestie, ainsi que le prouvent la quantité de statues qu’on lui éleva dans ces deux provinces, et les inscriptions qu’elles portent. (2) Après ses campagnes, il suivit les tribunaux avec plus de distinction que d’assiduité. Vers le même temps, il épousa Arrecina Tertulla, fille d’un chevalier romain qui avait été préfet du prétoire, et, après sa mort, Marcia Furnilla, d’une naissance illustre, dont il se sépara après en avoir eu une fille. (3) Au sortir de la questure, placé à la tête d’une légion, il se rendit maître de Tarichées et de Gamala, les plus fortes places de Judée. Il eut un cheval tué sous lui dans un combat, et monta celui d’un ennemi qu’il venait de renverser.
     
V. Il prend Jérusalem et est proclamé « imperator » par ses soldats, qui ne veulent plus se séparer de lui. On le soupçonne de vouloir se créer un empire en Orient. Son retour précipité à Rome auprès de son père
    (1) Lorsque Galba parvint à l’empire, Titus fut envoyé pour le féliciter, et, sur son passage, il attira tous les regards, comme si l’on croyait que l’empereur le faisait venir pour l’adopter. (2) Mais, dès qu’il eut appris que de nouvelles séditions venaient d’éclater, il retourna sur ses pas, et consulta l’oracle de Vénus à Paphos sur le succès de sa traversée. L’oracle lui promit le commandement. (3) En effet, il ne tarda pas à en être investi, et il resta en Judée pour achever de la soumettre. Au dernier assaut de Jérusalem, il tua de douze coups de flèches douze défenseurs de la place, et la prit le jour de la naissance de sa fille. La joie et l’enthousiasme des soldats furent tels, que, dans leurs félicitations, ils le saluèrent « imperator ». Bientôt après, quand il quitta la province, ils employèrent tour à tour les prières et les menaces pour le retenir, le conjurant de rester ou de les emmener. (4) Ces démonstrations firent soupçonner qu’il voulait abandonner son père, et se créer un empire en Orient. Il confirma ces soupçons lorsqu’il vint à Alexandrie, et qu’en consacrant à Memphis le bœuf Apis, il mit le diadème sur sa tête. C’était une antique cérémonie de la religion égyptienne ; mais on l’accompagna d’interprétations malveillantes. (5) Titus se hâta donc de revenir en Italie. Il aborda à Régium, puis à Pouzzoles sur un bâtiment de transport ; ensuite il accourut rapidement à Rome, et, voyant son père surpris de son arrivée, il lui dit, comme pour confondre les bruits qu’on avait hasardés sur son compte : « Me voici, mon père, me voici."
     
VI. Il partage le pouvoir avec Vespasien. Sa cruauté. Sa mauvaise réputation
    (1) Depuis lors il ne cessa point d’être l’associé, et, en quelque sorte, le tuteur de l’empire. (2) Il triompha avec son père, et fut censeur avec lui. Il fut aussi son collègue dans l’exercice de la puissance tribunicienne et dans sept consulats. Il prenait sur lui le soin de toutes les affaires de Vespasien. Il dictait des lettres en son nom, rédigeait des édits, et lisait des discours au sénat à la place du questeur. Il se chargea aussi de la préfecture du prétoire qui, jusque-là n’avait jamais été administrée que par un chevalier romain. Dans cette place il montra un peu trop de rigueur et de violence. Au camp et dans les spectacles, il apostait des affidés qui demandaient, pour ainsi dire, au nom de tous, le supplice de ceux qui lui étaient suspects, et il les faisait exécuter sur-le-champ, (3) entre autres Aulus Caecina, personnage consulaire, qu’il avait invité à souper, et qui, à peine sorti de la salle à manger, fut percé de coups. Il est

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