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Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
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nouvelles heureuses, dans le moment même où Tibère, qui voyait les événements s’aggraver et démentir ses prédictions, et qui se repentait de l’avoir initié à ses secrets sur la foi d’une science mensongère, venait, en se promenant avec lui, de se résoudre à le faire jeter à la mer.
     
XV. Son retour à Rome. Sa conduite prudente
    (1) De retour à Rome, il fit débuter son fils Drusus dans le forum. Aussitôt après, il quitta les Carènes et la maison de Pompée pour se loger aux Esquilies dans les jardins de Mécène. Là il se livra entièrement au repos, se bornant aux devoirs d’un particulier, sans s’occuper d’aucune charge publique. (2) Gaius et Lucius étant morts dans l’espace de deux ans, il fut adopté par Auguste en même temps que leur frère M. Agrippa, toutefois après avoir été contraint lui-même d’adopter Germanicus, le fils de son frère. (3) Dès ce moment on ne le vit plus agir en chef de famille. Il ne retint aucune partie du droit que son adoption lui avait enlevé. Il ne fit aucune donation, aucun affranchissement ; il ne reçut même d’héritage et de legs qu’à titre de pécule. (4) Désormais on n’omit rien pour relever sa dignité, surtout depuis qu’Agrippa, repoussé par Auguste et éloigné de Rome, eut fait tomber sur Tibère seul l’espérance de succéder à l’empire.
     
XVI. Ses exploits militaires
    (1) On lui conféra de nouveau la puissance tribunicienne pour cinq ans. Il fut chargé de pacifier la Germanie. Les ambassadeurs des Parthes, après avoir accompli leur mission à Rome auprès d’Auguste, reçurent l’ordre de se rendre près de Tibère dans son gouvernement. (2) Dès qu’il eut appris la défection de l’Illyrie, il y passa et se chargea du soin de cette nouvelle guerre qui, depuis celle de Carthage, fut la plus terrible de toutes les guerres extérieures. Il la fit pendant trois ans, avec quinze légions et un pareil nombre de troupes alliées, au milieu de difficultés de toute espèce, et malgré la disette absolue de grains. (3) Quoiqu’on le rappelât souvent, il n’en poursuivit pas moins ses opérations, de peur qu’un ennemi voisin et puissant ne profitât de sa retraite pour le harceler. (4) Il fut grandement récompensé de sa persévérance, puisqu’il soumit et ajouta à l’empire toute l’Illyrie, située entre l’Italie, le royaume du Norique, la Thrace et la Macédoine, depuis le Danube jusqu’au golfe Adriatique.
     
XVII. Honneurs qu’on lui décerne
    (1) Ce fut surtout l’opportunité de ce succès qui mit le comble à sa gloire ; (2) car, vers le même temps Quintilius Varus périt en Germanie avec trois légions, et nul ne doutait que les Germains vainqueurs ne se fussent joints aux Pannoniens, si avant ce désastre, l’Illyrie n’eut été conquise. (3) On lui décerna le triomphe avec une infinité de grands honneurs. Des sénateurs furent d’avis qu’on le surnommât le Pannonique, d’autres l’invincible, quelques-uns le Pieux. (4) Mais Auguste s’y opposa en disant qu’il devait se contenter du surnom qu’il lui laisserait après sa mort. (5) Le deuil qu’avait répandu dans Rome la défaite de Varus fit différer le triomphe de Tibère. Il y entra néanmoins en robe prétexte et couronné de lauriers. Il monta sur le tribunal qu’on lui avait élevé au champ de Mars, où il s’assit avec Auguste entre les deux consuls, tandis que le sénat était debout. De là il salua le peuple, et le cortège visita les temples.
     
XVIII. Nouvelle expédition en Germanie. Ses talents pour la guerre
    (1) L’année suivante il retourna en Germanie. Comme il n’attribuait la défaite de Varus qu’à sa négligence et à sa témérité, il ne fit rien sans l’avis de son conseil. Lui, qui jusque-là ne consultait que sa volonté, et ne s’en rapportait qu’à lui seul, communiqua pour la première fois ses plans à plusieurs, (2) et redoubla de vigilance. Prêt à passer le Rhin, il restreignit les bagages à une certaine mesure, et ne permit le passage qu’après s’être arrêté au bord du fleuve pour vérifier la charge des chariots, et empêcher qu’ils n’emportassent rien d’inutile ou de défendu. (3) Au-delà du Rhin, il se fit une habitude de ne jamais manger que sur le gazon, et d’y coucher souvent sans faire usage de tente. Il donnait toujours ses ordres par écrit, soit pour le lendemain, soit quand il survenait quelque chose à faire exécuter sur-le-champ, et il

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