Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Vies des douze Césars

Vies des douze Césars

Titel: Vies des douze Césars Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suetone
Vom Netzwerk:
ajoutait que s’il s’élevait quelque doute, on ne recourût à nul autre qu’à lui, à quelque heure que ce fût du jour ou de la nuit.
     
XIX. Sa sévérité. Ses superstitions
    (1) Il maintint sévèrement la discipline, et, remettant en vigueur toutes les peines et toutes les flétrissures de l’antiquité, il dégrada ignominieusement un chef de légion pour avoir envoyé quelques soldats chasser au-delà du fleuve avec son affranchi. (2) Quoiqu’il accordât fort peu aux chances du hasard, il livrait bataille avec une grande confiance, lorsque dans ses veilles, sans nulle cause étrangère, sa lumière s’affaiblissait et s’éteignait d’elle-même ; présage qui, dans toutes les campagnes, n’avait, disait-il, jamais trompé, ni lui ni ses ancêtres. (3) Mais, un jour, qu’il avait remporté un avantage, peu s’en fallut qu’il ne fût assassiné par un Bructère que son trouble fit remarquer parmi ceux qui entouraient Tibère, et qui avoua dans les tourments le crime qu’il méditait.
     
XX. Son triomphe. Il est adopté par Auguste
    (1) Après être resté deux ans en Germanie, il revint à Rome et y célébra le triomphe qu’il avait différé. Il était accompagné de ses lieutenants, auxquels il avait fait accorder des habits triomphaux. Avant de se diriger vers le Capitole, il descendit de son char, et se jeta aux genoux de son père qui présidait à la cérémonie. (2) Il établit à Ravenne et combla de riches présents Baton, chef pannonien, qui l’avait laissé échapper d’un défilé où il était enfermé avec ses légions. (3) Il fit dresser mille tables pour un festin public, et donna aux citoyens trois cents sesterces par tête. Avec le prix des dépouilles de l’ennemi, il dédia un temple à la Concorde, et un autre à Castor et Pollux, au nom de son frère et au sien.
     
XXI. Il assiste aux derniers moments d’Auguste. Lettres d’Auguste à Tibère
    (1) Quelque temps après, les consuls arrêtèrent qu’il partagerait avec Auguste l’administration des provinces, et le soin de faire le recensement du peuple. Il ferma le lustre, et partit pour l’Illyrie. (2) Rappelé sur-le-champ, il trouva Auguste dans une extrême défaillance, mais respirant encore, et resta seul en conférence secrète avec lui pendant un jour entier. (3) Je sais qu’on croit généralement qu’après cet entretien intime, quand Tibère fut sorti, les gens de service entendirent Auguste s’écrier : « Que je plains le peuple romain de tomber sous des mâchoires si lentes !» (4) Je n’ignore pas non plus que, suivant quelques historiens, Auguste blâmait publiquement et sans rien dissimuler, son caractère farouche, au point qu’il interrompait quelquefois une conversation libre et gaie, dès qu’il paraissait ; que les seules instances de Livie lui firent adopter Tibère ; ou que son ambition même l’y détermina, afin qu’un jour un tel successeur le fît d’autant plus regretter. (5) Mais on ne pourra jamais me persuader que, dans une affaire de cette importance, le plus réfléchi et le plus politique des princes ait rien fait légèrement. Je crois qu’après avoir mis dans la balance les vices et les qualités de Tibère, il trouva que celles-ci l’emportaient. Cette opinion me paraît d’autant plus probable, qu’en pleine assemblée, Auguste jura qu’il adoptait Tibère dans l’intérêt de la république ; et que, dans ses lettres, il le regarde comme un général très habile, et comme l’unique appui du peuple romain. (6) Quelques passages en fourniront les preuves : « Adieu, mon charmant Tibère. Que tout vous réussisse ! Vous commandez pour moi, sans négliger les Muses. Je le jure par ma fortune ; oui, vous êtes le plus vaillant et le plus illustre des généraux. Adieu. » (7) Ailleurs : « Que j’approuve la disposition de votre camp d’été ! Pour moi, mon cher Tibère, je pense qu’on ne pouvait se conduire plus sagement que vous, au milieu de tant de circonstances difficiles et avec des soldats si nonchalants. Tous vos compagnons d’armes déclarent que ce vers vous est applicable :
    La prudence d’un seul a rétabli l’État.
    (8) Ailleurs encore : « qu’il me survienne une affaire qui exige de mûres réflexions, soit que j’aie quelque grand sujet d’humeur, je le jure, je regrette mon cher Tibère, et ces deux vers d’Homère reviennent à ma pensée
    Je pourrais, sur les pas de ce guide si sage,
    Même au travers des

Weitere Kostenlose Bücher