Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
Sans quoi je pouvais aussi quitter la grand-route à la hauteur d’une ville nommée Cavillonum, et aborder la Germanie supérieure par un point situé plus au sud. C’était une bonne façon de m’acclimater à cette province. Je pouvais me rendre à Moguntiacum et à mon rendez-vous avec la Quatorzième par voie fluviale. Cet itinéraire de rechange n’était pas plus long – je m’en persuadai – et me permettrait de rallier le Rhenus très commodément à Argentoratum, lieu de résidence de certain individu dont je raffolais de la sœur.
    J’étais encore en train d’étudier, sourcils froncés, la distance énorme qui nous attendait, quand le barbier rentra au pas de course, le teint verdâtre.
    — Xanthus ! Quel est le fléau du voyageur qui vient de s’abattre sur ton existence ? Ail, constipation, mais tu t’es peut-être tout bonnement fait plumer ?
    — J’ai fait l’erreur de commander à boire !
    — Ah ! Ça arrive à tout le monde.
    — Ça m’a coûté…
    — Ne me dis pas ! Ça me déprime déjà. Les Gaulois ont une échelle de prix abracadabrante. Ils sont fous de vins et dépensent des sommes délirantes pour se procurer des alcools. Quiconque se figure qu’un esclave sain de corps fait une monnaie d’échange correcte pour une amphore de médiocre vin d’importation est indigne de toute confiance. Et le marchand de vin ne va pas te facturer son produit moins cher qu’il l’a payé uniquement parce que toi, tu as grandi avec la conviction qu’un cruchon dans une taverne devait coûter moins d’un as.
    — Alors qu’est-ce qu’on est censé faire, Falco ?
    — Je crois que les voyageurs avertis apportent leur propre vin.
    Il me dévisagea. Je lui adressai le sourire paisible de qui a sans doute consommé sa réserve personnelle pendant que son compagnon se faisait pigeonner en ville.
    — Tu n’as pas besoin de te faire raser, Falco ?
    Le ton était vexé.
    — Non.
    — Tu as l’air d’un sauvage.
    — Dans ce cas, je me fondrai d’autant mieux dans le décor là où nous devons aller.
    — Je te prenais pour un homme à femmes.
    — Le hasard veut que la femme dont il se trouve que je suis l’homme n’est pas dans le coin. Va dormir, Xanthus. Je t’avais prévenu que balader tes chouettes sandales sur un sol étranger te vaudrait ennuis et soucis.
    — Je t’ai engagé pour me protéger ! grommela-t-il en s’enroulant dans la mince couverture dont le lit étroit était pourvu.
    Nous étions logés dans un petit dortoir. À Massilia, on aime parquer les clients en rangs serrés, tels les bocaux de conserve sur un navire marchand. Je répondis, un large sourire aux lèvres :
    — C’est ça, l’esprit du voyage ! L’aventure, c’est bien ce que tu réclamais. Ça s’accompagne toujours de désagréments.
    Juste avant que la lampe finisse de mourir, j’inspectai ostensiblement ma dague et la glissai sous ce qui tenait lieu d’oreiller. Je crois que Xanthus comprit le message. J’étais un professionnel ultra-expérimenté. Le danger faisait partie intégrante de ma vie. Qu’une simple souris vienne à effleurer une latte du plancher, et ma réponse consisterait instantanément à égorger le barbier. Compte tenu des flots d’après-rasage dont il s’aspergeait, je détecterais son arrivée à l’odorat, même dans le noir le plus complet. Et je savais où planter mon arme pour un effet optimal. Quoi qu’ait pu lui raconter, ou s’abstenir de lui raconter le palais, il devait tenir compte de ce facteur.
    Cette première journée en Gaule avait trop durement éprouvé mon compagnon pour qu’il tente quoi que ce soit cette nuit-là.
    Il aurait quantité d’autres occasions. Mais quel que soit le moment qu’il choisirait pour s’acquitter de la sale besogne de Titus César, il me trouverait constamment sur mes gardes.

12
    Nous arrivâmes à Lugdunum – je ne dirai pas sans encombres. Après avoir combattu et vaincu une bande de garnements des campagnes persuadés de trouver dans mon panier plein d’artistique ferronnerie quelque chose qu’ils pourraient revendre, je trouvai un navire chargé de vin qui nous embarqua et faillis noyer la Main en la laissant échapper par-dessus bord. De fait, chaque fois que nous quittions la mansio de la nuit, je risquais d’oublier sur une étagère le cadeau de Vespasien à la Quatorzième.
    L’eau que nous buvions commença à nous affecter à Arelate ; l’huile de cuisson gauloise nous mit sur le flanc alors

Weitere Kostenlose Bücher