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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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le nez en compote. Je tendis le cadeau pour ma mère à un gars du coin, attrapai Xanthus et déguerpis au pas de course.
    — De quoi était-il question, Falco ?
    — Aucune idée. Quand on voyage, il ne faut jamais se mêler des querelles. On n’en connaît pas l’origine, on se range du mauvais côté à tous les coups, et tout ce qui risque de se passer, c’est que les deux adversaires finissent par se retourner contre nous.
    — Tu as oublié ton plat !
    — Pas grave.
    De toute façon, il était cintré.

13
    Au cours de l’étape suivante de notre voyage, les événements commencèrent à survenir.
    Je perdais courage de minute en minute. La visite de la fabrique de poterie avait fait une distraction, mais une distraction engendrant ses propres soucis puisque, n’ayant rien acheté, j’étais bon pour une avoinée au retour à Rome. Cela dit, je cessai de penser aux potiers et à leurs problèmes : j’avais les miens. Ma mission à proprement parler se profilait à l’horizon. Parvenus à Lugdunum, nous avions couvert un tiers de la distance à parcourir en Europe, sans compter la pénible traversée en mer depuis Ostie. Nous étions à présent sur la dernière lancée, et plus nous approchions du grand fleuve Rhenus et des tâches grotesques que Vespasien m’avait assignées, plus je me sentais déprimé.
    À nouveau, la perspective du trajet qu’il fallait faire pour traverser l’Europe et du temps que cela prenait m’épouvanta.
    — Encore une mauvaise nouvelle, Xanthus : la voie fluviale est trop lente ! À cette allure, je n’aurai pas encore fini ma mission que l’hiver sera déjà là. Je préfère donc voyager à cheval, comme m’y autorise mon laissez-passer impérial. Si tu veux continuer avec moi, il va falloir te louer un mulet.
    Qu’on n’aille pas se figurer que Vespasien m’avait doté de moyens me permettant de réquisitionner une monture dans les relais de poste d’État à seule fin de me permettre de voyager confortablement ; il s’était sûrement dit que cela valait mieux pour la Main d’Acier.
     
    Le paysage était désormais tout à fait différent de ce que nous connaissions. Au lieu des gigantesques villas italiennes aux propriétaires toujours absents, qui abritaient des centaines d’esclaves, nous chevauchions parmi de modestes fermes de louage ; cochons, et non plus moutons ; de moins en moins de plantations d’oliviers, des vignes qui se clairsemaient un peu plus tous les kilomètres. Des convois de fournitures militaires nous immobilisaient aux passages des ponts : nous étions bel et bien à l’orée d’une zone militaire. Les villes devinrent une rareté. Il faisait partout plus froid, plus humide et plus sombre qu’à l’époque où nous étions partis de chez nous.
    En tant que voyageur, Xanthus prenait de l’assurance, ce qui signifiait que la nounou que j’étais devenu vis-à-vis de cet abruti devait se tenir d’autant plus sur ses gardes. Expliquer les moindres coutumes régionales chaque fois que nous faisions halte pour changer de montures devenait exaspérant. Qui plus est, il avait commencé de pleuvoir.
    — On m’a refilé des pièces trafiquées, Falco : coupées en quarts et en demis !
    — Désolé, j’aurais dû te prévenir : la pénurie de petite monnaie ne date pas d’aujourd’hui. Inutile d’afficher ton ignorance en déclenchant un esclandre. Les demis sont acceptés localement, mais n’en ramène pas en Italie. Si tant est que nous y retournions un jour. (J’étais tellement abattu que j’en doutais.) Tu t’adapteras. Tâche seulement de ne pas galvauder un as ou un quadran si tu as l’occasion de payer avec une de tes plus grosses pièces, et garde de la monnaie pour les moments où nous n’aurons plus rien. Quand elles sont complètement à court de pièces en cuivre, les serveuses d’auberge distribuent des baisers, et quand elles sont à court de ça…
    Je frissonnai avec ostentation.
    — Ça paraît fou ! gémit Xanthus.
    Un vrai barbier ! Les plaisanteries lui passaient complètement au-dessus de la tête.
    Avec un soupir intérieur, je lâchai l’explication rationnelle :
    — L’armée est toujours payée en pièces d’argent. Les sesterces étant plus faciles à transporter en grandes quantités, le Trésor ne pense jamais à envoyer quelques coffrets de pièces en cuivre pour faire un peu de petite monnaie à l’usage des gars. Il y a bien un atelier monétaire à Lugdunum, mais par fierté locale

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